Généraliser le traitement à l'eau chaude des vignes
Publication de la réponse au Journal Officiel du 2 décembre 2025, page 9796
Question de :
M. Sylvain Carrière
Hérault (8e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire
M. Sylvain Carrière appelle l'attention de Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la gestion des crises sanitaires de la flavescence dorée et de xylella fastidiosa. Ces deux maladies quoique différentes ont la même issue : la mort des espèces touchées. Elles sont véhiculées de deux manières, par des piqueurs-suceurs du xylène des végétaux et par le transport des bois et plants de vigne déjà infectés en pépinières mais dont les symptômes ne sont pas encore visibles. xylella fastidiosa touche près de 500 espèces végétales dont de nombreuses espèces arboricoles comme les amandiers, les abricotiers, les pêchers, les oliviers ou la vigne. L'Union européenne, à travers l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a d'ailleurs établi une liste de 200 espèces végétales particulièrement sensibles à la maladie. Celle-ci se caractérise entre autres par un assèchement de la culture allant jusqu'à la mort et donc par un rendement agricole nul. En Californie, dans les années 1880, elle a d'ailleurs été à l'origine d'une destruction de plus de 20 000 hectares et depuis la fin des années 1990 plus de 100 millions d'euros ont été engagés par l'État afin de lutter contre celle-ci. On peut également citer la région des Pouilles en Italie où les oliviers centenaires ont été décimés récemment. Elle est présente en Europe et en France où six départements (Var, Alpes-Maritimes, Aude, Gard et l'intégralité de la Corse) sont touchés pour le moment. La lutte contre cette maladie est donc essentielle pour éviter un cataclysme similaire. La flavescence dorée quant à elle touche essentiellement la vigne. Mais contrairement à xylella fastidiosa, elle est très implantée en Europe et particulièrement dans le sud de la France d'est en ouest et jusqu'en Bourgogne et Jura. Depuis peu, elle a gagné le Val de Loire, l'Alsace, et la Champagne où un foyer de 10 000 pieds de vignes contaminés a été détecté les assignant à un arrachage forcé début février 2025. Sa propagation et la recrudescence d'une telle épidémie vont donc dépendre des plans d'action engagés contre son développement d'autant plus face au risque économique majeur qu'il implique pour les vignerons. De nombreuses associations et organisations syndicales alertent depuis plusieurs années sur la nécessité d'engager un plan d'action massif. Actuellement, seuls les insecticides obligatoires, la détection et l'arrachage sont généralisés. Pourtant, afin d'attaquer le problème à sa source, la meilleure méthode et la seule réellement efficace contre ces maladies, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), en complément de ce qui est déjà en place, est le traitement à l'eau chaude (TEC) des bois de vigne en pépinière. Cette opération consiste à plonger la plante dans de l'eau chaude à 50°C pendant 45 minutes consécutives. Elle permet alors de s'assurer que la plante mise sur le marché et achetée par un vigneron ne sera pas malade. Car aucun traitement curatif n'existe pour ces maladies à ce jour. La prévention au niveau des pépinières est donc essentielle et un enjeu de souveraineté agricole. Certaines pépinières ont déjà adopté cette forme de traitement mais il est plus que nécessaire de plaider pour le généraliser à l'échelle nationale. Les principales marques d'opposition du secteur sont que les coûts engendrés ne permettent pas d'être concurrentiel face au marché européen, qui n'y est pas soumis. Pour cela, il est essentiel de s'assurer que les plants de vigne achetés en Europe de l'Est, Italie, en Espagne et au Portugal (nouvellement contaminé par xylella fastidiosa sur vigne) aient subi le même traitement. Il s'agit du maintien de l'activité arboricole, vigneronne, agricole et des pépinières en France, joyaux de la culture française et des territoires. La récente décision du 28 juin 2023 rendue par le Conseil d'État au recours demandant la généralisation du traitement à l'eau chaude a pourtant été négative. Ce traitement étant insuffisant selon le Conseil d'État. De plus, malgré une enquête réalisée en juin 2023 par le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), ce dernier ne plaide pas pour une révision de la norme internationale en vigueur pour cause de doutes sur les performances des matériels utilisés et sur leur fiabilité pourtant même qu'il atteste de l'efficacité certaine de cette technique de traitement. Cette forme d'entretien de l'obsolescence programmée des nouveaux plants de vigne ou d'autres arbres est à contre-courant de la période actuelle. Ainsi il lui demande de rendre obligatoire le traitement à l'eau chaude pour l'ensemble des bois et plants de vigne circulant sur le territoire afin d'endiguer au maximum cette épidémie.
Réponse publiée le 2 décembre 2025
La flavescence dorée et Xylella fastidiosa sont classés comme organismes de quarantaine de l'Union européenne listés à l'annexe II B du règlement européen UE/2019/2072 modifié. La flavescence dorée, dont l'agent pathogène est un phytoplasme, se propage de vigne en vigne par un insecte vecteur présent dans la quasi-totalité des vignobles, la cicadelle de la flavescence dorée (Scaphoideus titanus). La bactérie Xylella fastidiosa se développe sur de nombreuses plantes hôtes, dont la vigne pour la sous-espèce fastidiosa et se propage également par l'intermédiaire d'insectes vecteurs, dont certains sont présents sur le territoire national. La France est exempte de la sous-espèce fastidiosa. Les piliers de la lutte sont, dans les deux cas, la surveillance pour la détection des végétaux atteints et leur arrachage. Des traitements insecticides sont également prescrits pour la flavescence dorée afin d'éviter la contamination de nouveaux ceps. Le traitement à l'eau chaude (TEC) est une technique curative bien connue désormais, dont l'efficacité est prouvée tant contre Xylella fastidiosa que contre la flavescence dorée. En revanche, elle n'a pas été retenue comme unique option au point 19 de l'annexe VIII du règlement européen UE/2019/2072 modifié relative à la délivrance du passeport phytosanitaire sur matériel de multiplication de la vigne. En effet, selon ce règlement, les végétaux destinés à la plantation peuvent également provenir (i) d'une zone connue pour être exempte de flavescence dorée ou encore (ii) d'un site de production dans lequel aucun symptôme de flavescence dorée n'a été observé sur le site de production ainsi que dans une zone l'entourant, variable de 20 mètres (m) à 40 m selon le type de matériel végétal en présence (vignes mères, pépinières). Dans ce dernier cas, il est également requis de surveiller les vecteurs, d'appliquer des traitements chimiques appropriés en cas de présence des vecteurs et d'arracher les vignes abandonnées. En revanche, un TEC s'avère nécessaire lorsque la surveillance des vignes-mères, des pépinières ou de leurs environnements montre des contaminations, ou si les traitements insecticides (obligatoires) n'ont pas été correctement réalisés. De même, si des plants de vigne ont été cultivés dans une zone délimitée relative à Xylella fastidiosa sous-espèce fastidiosa, alors un TEC est exigé pour autoriser leur sortie de la zone délimitée, conformément à l'article 22 du règlement (UE) 2020/1201 (mais il n'y a actuellement pas de zone délimitée concernant la sous-espèce fastidiosa en France). En conséquence, comme l'a rappelé le Conseil d'État dans sa décision du 28 juin 2023, il n'est pas possible de rendre obligatoire le TEC pour la délivrance du passeport phytosanitaire du matériel de multiplication de la vigne, dont les critères sont établis au niveau européen. Les producteurs peuvent toutefois exiger de leur fournisseur un TEC, individuellement ou collectivement, comme c'est le cas de certains cahiers des charges d'appellations (Champagne, Alsace…).
Auteur : M. Sylvain Carrière
Type de question : Question écrite
Rubrique : Agriculture
Ministère interrogé : Agriculture, souveraineté alimentaire
Ministère répondant : Agriculture, agro-alimentaire et souveraineté alimentaire
Renouvellement : Question renouvelée le 25 novembre 2025
Dates :
Question publiée le 22 juillet 2025
Réponse publiée le 2 décembre 2025