Question écrite n° 9029 :
Situation de l'emploi privé dans le département du Gard

17e Législature

Question de : M. Alexandre Allegret-Pilot
Gard (5e circonscription) - UDR

M. Alexandre Allegret-Pilot attire l'attention de Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur la situation alarmante de l'emploi salarié privé dans le département du Gard. Selon les derniers chiffres publiés par l'Urssaf et relayés par la presse régionale, l'Occitanie a enregistré, au premier trimestre 2025, une baisse de 0,3 % de l'emploi salarié privé, soit 5 200 postes détruits. Le Gard, à lui seul, concentre près de 1 000 pertes nettes d'emplois, ce qui en fait l'un des départements les plus touchés de la région. La contraction de l'emploi est particulièrement marquée dans des secteurs cruciaux pour le territoire comme l'hébergement-restauration (- 1,1 %) ou les services aux entreprises (- 0,6 %). Ces chiffres préoccupants rompent une dynamique de croissance de l'emploi amorcée après la crise sanitaire et l'Occitanie avec le Gard en tête, qui se distingue aujourd'hui comme l'une des rares régions à repasser durablement dans le rouge. Si des facteurs conjoncturels peuvent être invoqués (inflation persistante, saison touristique dégradée, ralentissement de la commande publique), une part importante de la crise actuelle semble structurelle. Dans le Gard comme ailleurs, les chefs d'entreprise alertent depuis des mois sur la charge normative et fiscale qui pèse sur le travail en France et plus durement encore dans les territoires périphériques. Entre prélèvements obligatoires croissants, rigidités administratives et empilement de dispositifs mal coordonnés, nombre de TPE, PME, artisans et indépendants se retrouvent découragés d'embaucher. Ils invoquent des cotisations sociales trop lourdes, des incertitudes réglementaires permanentes et une complexité de gestion qui rend le travail localement moins compétitif, au moment même où les délocalisations, l'auto-entrepreneuriat précaire et la désindustrialisation rampante progressent. Dans un département comme le Gard, marqué à la fois par une forte précarité sociale et des disparités de développement entre Nîmes, Alès et les territoires ruraux, le recul de l'emploi privé constitue un signal d'alerte majeur. Derrière les pourcentages se cachent des réalités humaines concrètes : commerçants qui ne remplacent pas un départ, restaurateurs qui réduisent le nombre de couverts, artisans qui renoncent à former, entrepreneurs qui ferment dans l'indifférence générale. Dans ce contexte, il lui demande si le Gouvernement entend enfin se saisir de cette réalité en adaptant la fiscalité du travail à la réalité des entreprises de terrain, notamment dans les départements comme le Gard.

Réponse publiée le 2 décembre 2025

Le Gouvernement est attentif à la situation de l'emploi salarié dans le département du Gard. Il prend également toute la mesure des risques pesant sur l'activité des entreprises françaises, notamment les TPE et PME qui constituent le cœur du tissu économique national. Le Gouvernement agit pour soutenir l'activité et renforcer la compétitivité des entreprises, en particulier dans les territoires fragiles. En 2024, le Département du Gard a bénéficié de plus de 84 millions d'euros d'investissement au titre de France 2030.  En parallèle, le Gouvernement a maintenu les exonérations spécifiques applicables aux bassins d'emploi à redynamiser (BER) ainsi que les dispositifs d'exonération en faveur des territoires ruraux (ZFRR), prorogés jusqu'au 31 décembre 2027. En particulier, le nouveau zonage « France ruralités revitalisation » permet désormais de soutenir près de 20 000 communes. Le Gard compte plusieurs territoires concernés par ces dispositifs, qui visent à soutenir durablement l'activité économique et l'emploi local. Concernant les aides à l'apprentissage, le Gouvernement a, depuis 2018, développé une politique ambitieuse de soutien à l'apprentissage. Il s'agit notamment de l'élargissement du marché de l'apprentissage à l'ensemble des organismes de formation, de l'exonération d'une partie des charges pour les contrats d'apprentissage ou encore du versement d'une aide à l'embauche d'apprentis (6 000 € maximum par contrat d'apprentissage).  Par ailleurs, les services du ministère de l'Economie ont organisé, sous la forme d'une série de groupes de travail, les Assises de la restauration et des métiers de bouche lancées par le Gouvernement le 13 mai 2025. Cette instance de concertation rassemble les acteurs de la restauration et des métiers de bouche et permet d'élaborer un plan d'actions comprenant des mesures concrètes et rapides de mise en œuvre afin de répondre aux défis majeurs rencontrés par le secteur de la restauration et des métiers de bouche : pénurie de main d'œuvre, transition écologique et numérique contraignante, disparition des commerces de proximité, modification des habitudes de consommation des ménages, etc.  De plus, l'action étatique adopte une approche territorialisée afin de répondre au mieux aux besoins de soutien au commerce selon les diverses typologies de territoires. A ce titre, à travers le dispositif « commerce rural », l'Etat apporte depuis mars 2023 un soutien à l'installation, dans les territoires ruraux, de commerces sédentaires multi-services ainsi que de commerces itinérants desservant plusieurs communes rurales, avec des aides à l'investissement pouvant aller jusqu'à 80 000 euros par projet. Le programme s'adresse à des porteurs de projets publics ou privés et prévoit de couvrir les dépenses d'investissement et les prestations d'accompagnement à l'installation. Grâce à une enveloppe de 16,5 millions d'euros, le fonds de soutien au commerce rural rencontre un fort succès depuis son lancement. Il a permis de soutenir 690 dossiers dans 530 communes de l'ensemble du territoire hexagonal (dont environ 200 ont d'ores et déjà abouti). Ce sont ainsi près d'un million d'habitants ruraux qui sont concernés par le financement d'un commerce dans leur commune, entrainant un meilleur accès aux biens et services et un maintien du lien social. Parmi eux, 6 projets se situent dans des communes rurales du Gard pour un montant total d'environ 120 000 € de subventions. Le dispositif entraine également une véritable dynamique d'activité économique, en permettant la création d'un millier d'ETP durables sur le territoire (lesquels seront actifs en totalité lorsque l'ensemble des projets sera inauguré). A ces emplois pérennes s'ajoutent les emplois temporaires générés par les chantiers immobiliers liés aux projets (environ 5 ETP par projet immobilier pendant la durée des travaux).  De manière transverse, afin de coordonner les actions portées à l'égard des centres-villes et des petites villes, des dispositifs de coordination interministérielle permettent de réunir l'ensemble des acteurs impliqués : c'est l'action portée par l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires et les programmes Action Cœur de Ville et Petites Villes de Demain. Ces programmes mettent ainsi l'accent sur la coopération entre les acteurs dans la mise en œuvre d'une stratégie de territoire cohérente, aidés par les chefs de projets qui les pilotent à l'échelle locale. À travers cet ensemble de mesures, le Gouvernement entend répondre aux difficultés rencontrées par les entreprises et accompagner la création d'emplois, en veillant à maintenir l'attractivité et le dynamisme économique des territoires tels que le Gard.

Données clés

Auteur : M. Alexandre Allegret-Pilot

Type de question : Question écrite

Rubrique : Emploi et activité

Ministère interrogé : Travail, santé, solidarités et familles

Ministère répondant : Économie, finances, souveraineté industrielle, énergétique et numérique

Dates :
Question publiée le 29 juillet 2025
Réponse publiée le 2 décembre 2025

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