État de l’industrie française
Question de :
M. Arnaud Saint-Martin
Seine-et-Marne (1re circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire
Question posée en séance, et publiée le 24 octobre 2024
ÉTAT DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
Mme la présidente . La parole est à M. Arnaud Saint-Martin.
M. Arnaud Saint-Martin . Monsieur le ministre de l'industrie, vos politiques organisent la saignée de l'industrie française : 980 suppressions de poste chez Thales Alenia Space, 2 500 chez Airbus Defence and Space… Le secteur spatial est une victime de plus du manque d'anticipation du Gouvernement et de l'austérité budgétaire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.)
Les salariés disposent pourtant de compétences technologiques précieuses, dont la disparition mettrait en danger l'ensemble de nos capacités de géopositionnement, de télécommunications, de suivi des dérèglements climatiques, mais aussi nos applications militaires stratégiques. À l'heure des mégaconstellations et de SpaceX, donc de la domination états-unienne, la suppression de ces postes menace aussi notre capacité d'accès à l'espace, donc notre autonomie et notre souveraineté. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mais vous ne vous arrêtez pas là ! Vous choisissez de tout détruire dans l'industrie française, les secteurs de l'automobile et des énergies renouvelables en tête. Au total, 100 000 emplois industriels sont menacés. Que faites-vous pour les salariés de MA France ou de Forvia ? Que faites-vous pour les salariés de Vernova ? (Mêmes mouvements.)
Monsieur le ministre, il y a deux jours, vous vous vantiez dans la presse de vouloir mener une politique industrielle souveraine et ambitieuse. Mais où réside l'ambition dans les 180 plans de licenciements en cours dans tout le pays ? Où réside la souveraineté face à des catastrophes sociales que votre politique va précipiter ? À l'Élysée comme à Matignon, hier et aujourd'hui, ce n'est plus Choose France, c'est la Lose France ! (« Ah ! » et applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Vous encouragez le gavage des actionnaires et le dépeçage des fleurons industriels ; vous subventionnez à foison les start-up aux promesses sans lendemain ; vous permettez le licenciement de nos salariés au profit du capitalisme financiarisé et d'un management destructeur ; bref, vous naviguez à vue ! Il est grand temps d'assumer votre responsabilité et de protéger les salariés !
M. Hervé Berville . Rendez-nous le vrai Saint-Martin !
M. Arnaud Saint-Martin . Monsieur le ministre, quand allez-vous planifier la politique industrielle du pays, avec un État stratège aux commandes et au service de l'intérêt général ? Quand allez-vous mettre en œuvre sa bifurcation écologique ? Allez-vous enfin réagir ? ! (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent longuement. - M. Frédéric Maillot applaudit également.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'industrie.
M. Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l'industrie . Vous m'interpellez, monsieur le député, sur les annonces récentes qui ont été faites par des entreprises de l'aérospatiale, en particulier Airbus Defence and Space, concernant des réorganisations qui pourraient toucher jusqu'à 2 500 emplois en Europe. Il convient d'abord de replacer ces annonces dans un contexte économique : le marché des satellites géostationnaires à visée commerciale est aujourd'hui en baisse, ce qui implique que des entreprises comme Thales mais aussi comme Airbus Defence and Space se réorganisent pour rester compétitives face à la concurrence internationale – je pense que chacun peut le comprendre.
Ensuite, je tiens à vous dire que la filière spatiale reste une priorité du Gouvernement. Elle représente un enjeu d'autonomie stratégique, elle est porteuse d'innovations et elle connaît des réussites – je veux saluer le premier vol d'Ariane 6 au mois de juillet.
M. Bastien Lachaud. Ce n'est pas grâce à vous !
M. Marc Ferracci, ministre délégué . C'est pour ces raisons qu'avec le ministre de l'économie, Antoine Armand, je suis avec beaucoup d'attention les derniers développements. Le soutien à cette filière va continuer, notamment à travers le programme France 2030, qui finance un certain nombre de projets de soutien à l'investissement.
Mme Christine Arrighi . Il n'y a plus d'argent !
M. Marc Ferracci, ministre délégué . Les salariés font l'objet d'une grande attention. Permettez-moi de vous apporter deux précisions concernant les annonces qui ont été faites. La première, c'est que les 2 500 emplois menacés se situent partout en Europe, pas seulement en France.
Mme Anaïs Belouassa-Cherifi. Nous voilà rassurés !
M. Marc Ferracci, ministre délégué . La seconde, c'est qu'il n'y aura pas de licenciements : les salariés ont vocation à être reclassés et le seront dans les autres entités d'Airbus. Nous suivrons de près les engagements qui ont été pris. (M. Gabriel Attal, Mme Danielle Brulebois et M. Jean Terlier applaudissent.)
Mme la présidente . La parole est à M. Arnaud Saint-Martin.
M. Arnaud Saint-Martin . La start-up nation nous a mis dans le mur ! Il est temps de reprendre le cap et de gouverner ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Auteur : M. Arnaud Saint-Martin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Industrie
Ministère interrogé : Industrie
Ministère répondant : Industrie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 24 octobre 2024