XVIIe législature
Session ordinaire de 2024-2025

Première séance du mercredi 25 juin 2025

Sommaire détaillé
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Première séance du mercredi 25 juin 2025

Présidence de M. Roland Lescure
vice-président

M. le président

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à quatorze heures.)

    1. Questions au gouvernement

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle les questions au gouvernement.

    Situation au Moyen-Orient

    M. le président

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    La parole est à Mme Clémence Guetté.

    Mme Clémence Guetté

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    Monsieur le premier ministre, qui n’êtes pas encore arrivé, un jour, la France et le président Macron seront peut-être jugés, avec d’autres dirigeants, devant un tribunal international pour complicité de génocide. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Le temps de la justice est celui du temps long, mais, en attendant, chaque jour, des vies humaines sont anéanties. En Palestine, au moins 55 000 personnes ont été tuées depuis vingt mois. En Iran, plus de 600 personnes sont mortes sous les bombes en dix jours.
    Les frappes israéliennes ont visé des prisons, notamment celle où sont détenus deux Français : Cécile Kohler et Jacques Paris. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS. –⁠ M. Éric Bothorel applaudit aussi.)
    Les bombardements états-uniens, dont le président de la République a dit « partager les objectifs », ont ciblé des infrastructures nucléaires. Ces attaques sont des crimes de guerre, qui doivent être condamnés comme tels, sans ambiguïté. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Et vous, la même semaine, vous avez signé docilement, sur l’ordre de Trump et sous l’égide de l’Otan, l’augmentation de notre budget militaire à hauteur de 5 % du PIB. Vous choisissez ainsi de sacrifier encore un peu plus nos hôpitaux, notre santé, nos écoles et notre protection sociale. Vous vous placez aux côtés du chancelier allemand qui a remercié Israël de faire « le sale boulot » pour nous tous.
    Jamais personne n’a libéré un peuple en le bombardant ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. Emeric Salmon

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    C’est ce qui s’est passé en Normandie en 1945, non ?

    Mme Clémence Guetté

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    En changeant en permanence de discours, vous faites de la France la spectatrice d’un cessez-le-feu imposé depuis Washington. Nous célébrerons demain les 80 ans de l’Organisation des Nations unies : c’est là que le cessez-le-feu aurait dû se décider. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Les peuples du monde se mobilisent pour la paix et contre le génocide, mais notre pays ne tire aucune leçon d’un siècle d’impérialisme états-unien ainsi que de guerres mondiales et coloniales. Nous vivons un temps d’accélération, où le droit international et le multilatéralisme sont menacés.
    Monsieur le premier ministre, l’histoire retiendra votre « deux poids, deux mesures ». Condamnez-vous clairement l’escalade militaire du gouvernement de Netanyahou ? Allez-vous mettre fin à l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël ? (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent. –⁠ Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et des Français de l’étranger.

    M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du commerce extérieur et des Français de l’étranger

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    Ce n’est pas parce que vous êtes dans l’opposition que vous pouvez raconter n’importe quoi sur la position française au Proche et au Moyen-Orient. Depuis le début des conflits que vous avez cités, la voix de la France est constante : c’est celle de la paix, de la diplomatie, de la négociation et, surtout, de la recherche systématique d’un cessez-le-feu à Gaza et avec l’Iran.

    Mme Sophia Chikirou

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    C’est la voix de l’impuissance !

    M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué

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    Le président de la République et le gouvernement l’ont répété de façon constante. Cela nous a même parfois valu des reproches, précisément parce que la voix de la France sait être singulière dans ces moments-là. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Jean-François Coulomme

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    Vous envoyez des armes en Israël !

    M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué

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    Concernant l’Iran, je vous remercie d’avoir cité nos deux compatriotes, Cécile Kohler et Jacques Paris, toujours incarcérés…

    Mme Sophia Chikirou

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    Et bombardés par Israël !

    M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué

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    …à la prison d’Evin à Téhéran, dans des conditions qui s’apparentent à de la torture. Nous pensons à eux et sommes en contact régulier avec leurs familles. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR. –⁠ M. Emmanuel Maurel applaudit aussi.)
    La position de la France concernant le conflit israélo-iranien demeure la même : ce n’est pas par l’action militaire que l’on réglera le problème du programme atomique et balistique en Iran.
    Néanmoins ne vous faites pas l’avocate du régime iranien. (Vives protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Éric Coquerel

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    Ça suffit !

    M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué

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    Voulez-vous voir le régime iranien islamiste radical se doter de l’arme nucléaire ? Dites-le clairement !
    Nous, nous luttons pour que l’Iran n’accède pas à l’arme nucléaire et ne développe pas son programme balistique. Nous disons tout aussi clairement que le droit d’Israël à se défendre est un droit fondamental. J’aimerais vous l’entendre dire aussi. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et HOR.)

    Mme Clémence Guetté

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    Et l’accord d’association ? Vous n’avez pas répondu !

    Accès aux soins dans les territoires

    M. le président

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    La parole est à M. Peio Dufau.

    M. Peio Dufau

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    Arratsalde on ! Ma question, à laquelle j’associe ma collègue sénatrice Frédérique Espagnac, s’adresse à M. le ministre de la santé. Elle porte sur l’accès aux soins dans nos territoires.
    À Saint-Jean-de-Luz, le service public des urgences, assuré par la polyclinique privée, dysfonctionne depuis bientôt un an. Entre réorganisation forcée et management agressif, treize des quatorze médecins urgentistes ont été poussés à la démission. Les urgences sont donc fermées très régulièrement depuis le mois de septembre, ce qui a des conséquences graves pour la population.
    Aujourd’hui, la clinique a décidé la fermeture définitive des urgences, dès le 16 septembre prochain.

    M. Inaki Echaniz

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    Quelle honte !

    M. Peio Dufau

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    Cette décision est inacceptable : la polyclinique a touché plus de 5,5 millions d’euros de subventions ces cinq dernières années ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS.)
    Le Samu, les urgences de l’hôpital de Bayonne et la clinique de Biarritz ne pourront pas compenser cette fermeture en absorbant les besoins d’un bassin de 40 000 habitants.
    Le problème est global : certaines cliniques ne gardent que les activités rémunératrices comme la chirurgie et abandonnent les services publics essentiels à nos territoires, comme la gériatrie, les urgences ou les maternités, qui ferment partout dans l’Hexagone. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS. –⁠ M. Emmanuel Maurel applaudit aussi.)
    Or les agences régionales de santé ne peuvent ni conditionner les actes rentables à un maintien des urgences ni empêcher une clinique privée de fermer un service vital. Résultat : elles ne peuvent pas assurer la cohérence de l’offre de soins.
    Notre santé doit passer avant les intérêts privés. Que comptez-vous faire pour empêcher qu’un établissement privé, seul sur son territoire, abandonne ses missions de service public, au détriment de la population ?
    Êtes-vous prêt à vous battre avec nous, élus et habitants du territoire, pour maintenir l’indispensable service des urgences à Saint-Jean-de-Luz ? Milesker ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.

    M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins

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    Vous avez bien raison de poser cette question (M. le premier ministre acquiesce), parce que la permanence des soins dans les territoires n’est pas une option. Je découvre la situation scandaleuse de la polyclinique de Saint-Jean-de-Luz, qui menace de fermer son service des urgences le 15 septembre. De nombreux médecins ont quitté le service, probablement en raison d’un management délétère.
    C’est tout le territoire que cette fermeture mettrait en difficulté, car elle surchargerait le centre hospitalier de Bayonne et sa clinique ainsi que la polyclinique de Biarritz. Il est donc hors de question qu’elle soit autorisée.
    Tout le monde doit participer à l’offre de soins, en particulier en période estivale. Saint-Jean-de-Luz compte 40 000 habitants à l’année, auxquels il faut ajouter les touristes. Pour faire face aux épisodes de canicule, nous devons mobiliser l’ensemble des forces en présence et anticiper les mesures à prendre.
    J’ai parlé avec le directeur général de l’ARS. Le 2 juillet prochain, le préfet réunira l’ensemble des acteurs concernés. Cette clinique a touché de l’argent public : nous avons des moyens – contrôles, mises en demeure – pour l’obliger, avec la plus grande fermeté, à garder ouvertes les urgences. S’il le faut, je me rendrai en personne à Saint-Jean-de-Luz pour expliquer que la permanence des soins ne doit pas être une option.

    M. Pierre Cordier

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    Très bien, bravo !

    M. le président

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    La parole est à M. Peio Dufau.

    M. Peio Dufau

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    Au Pays basque, on dit Hitza hitz –⁠  une parole est une parole. Vous pouvez compter sur moi pour suivre ce dossier essentiel pour les habitants et les habitantes du territoire. J’espère pouvoir compter sur vous pour refuser que les intérêts financiers de quelques-uns l’emportent sur la santé de tous.
    Vendredi soir, j’appelle à un rassemblement à 19 heures devant la polyclinique ! (Plusieurs députés du groupe SOC se lèvent et applaudissent. –⁠ Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    Industrie de défense

    M. le président

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    La parole est à M. Thierry Liger.

    M. Thierry Liger

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    Ma question s’adresse à M. le ministre des armées. La 55e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget s’est achevée sur un grand succès.
    Nos grands groupes –⁠ Dassault, Airbus et bien d’autres – ainsi que les nombreuses PME exposant sous pavillon régional ont pu démontrer leur savoir-faire et leur expertise dans les hautes technologies. Ces entreprises font la fierté de nos territoires et de la France.
    Cette année, la place dédiée à la défense est notable. De nombreux États, dont la France, ont décidé d’augmenter significativement leurs moyens, qu’ils soient dissuasifs ou défensifs. La France y a consacré 50 milliards d’euros dans le PLF 2025.
    Toutefois, en échangeant avec les PME présentes au Salon, j’ai constaté que celles-ci connaissaient des situations très disparates. Celles qui exportent ont des carnets de commandes bien fournis, contrairement à celles qui travaillent sur le marché français. Pire, ces dernières ne reçoivent pas de prévisions de la part de l’État et de la direction générale de l’armement. Pourtant, elles sont prêtes à investir et à embaucher.
    Quelle vision, quelle stratégie, quelles prévisions et quels grands engagements la France peut-elle donner à toutes ces sociétés qui travaillent dans le domaine de la défense, afin qu’elles puissent se structurer et investir sereinement ? (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants.

    Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants

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    Je vous prie d’excuser le ministre des armées, qui assiste actuellement au sommet de l’Otan. Le PLF 2025 prévoit 50,5 milliards pour la mission Défense. C’est une hausse considérable par rapport aux 32 milliards qui y étaient consacrés en 2017.
    Cependant, la motion de censure et deux mois de services votés ont retardé certaines commandes : la DGA n’a pu engager de nouveaux contrats qu’à partir du mois de mars. Ce retard est en voie d’être résorbé. La moitié des crédits d’équipement gelés en début d’année ont été libérés en avril et consommés depuis par la DGA. L’autre moitié sera dégelée d’ici la fin du mois de juin. Le dégel sera alors complet.
    En matière de commandes, 3,2 milliards d’euros ont déjà été engagés, contre 4 milliards à la même date en 2024, malgré un début d’année contraint. En crédits de paiement, 10 milliards ont été dépensés, soit 1 milliard de plus qu’à la même période l’an passé. Cela fait en moyenne 60 millions de paiements par jour ouvré.
    Vous avez raison de souligner l’importance pour les PME de la visibilité du plan de commandes. La loi de programmation militaire offre ce cadre : 268 milliards de commandes sur sept ans ont été planifiés et votés par le Parlement. C’est une hausse notable par rapport à la précédente LPM, qui prévoyait 170 milliards de commandes aux industriels. En outre, le tableau des équipements votés en LPM donne à la base industrielle et technologique de défense la visibilité sur les programmes dont elle a besoin.
    Désormais, le véritable enjeu est bien que nos grands maîtres d’œuvre industriels répercutent cette visibilité sur leurs sous-traitants et les PME de la BITD. C’est un sujet sur lequel nous sommes pleinement mobilisés, en lien avec les filières industrielles concernées.
    Nos industries nous font honneur. Nous les soutenons. Notre réarmement n’est pas une option, c’est une nécessité. Je sais que vous et votre groupe êtes pleinement engagés sur le sujet.

    M. le président

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    La parole est à M. Thierry Liger.

    M. Thierry Liger

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    Je le répète : pour investir, une société a besoin de projections, de visibilité et d’une stratégie. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    Politique écologique

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie Pochon.

    Mme Marie Pochon

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    Ma question s’adresse à vous, monsieur le premier ministre, et à tous ceux qui vous soutiennent encore aujourd’hui.
    Quand prendrez-vous nos campagnes au sérieux ? Le sérieux qui devrait s’appliquer à ce 1,5 degré de réchauffement climatique désormais impossible à tenir, dix ans seulement après l’accord de Paris ; le sérieux de la pollution de l’air, des cancers pédiatriques, des terres agricoles englouties dans le bitume de vos obsessions.
    Le sérieux de nos dépendances aux intrants, au pétrole, à l’uranium provenant des pires autocrates de la planète ; le sérieux qui devrait vous obliger à considérer, au-delà de ce que vous voyez sur CNews, la réalité de ceux qui habitent nos campagnes et observent avec effarement votre croisade contre l’écologie. Que leur avez-vous proposé ces six derniers mois ? Des attaques contre les agriculteurs bio, contre nos agents de la police environnementale, le retour des pesticides et du Mercosur,…

    Mme Danielle Simonnet

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    Honteux ! Irresponsable !

    Mme Marie Pochon

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    …le blocage des énergies renouvelables et de la rénovation énergétique ; toujours plus de data centers, de supermarchés, d’autoroutes à 17 euros le péage, au mépris de l’État de droit. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.) Devant cet abandon de l’écologie, il vous est trop facile, députés de la majorité, de jouer l’indignation. L’A69, c’est vous ; les coupes budgétaires portant sur l’écologie, c’est vous ; la suspension de MaPrimeRénov’, c’est vous ; le retour des néonicotinoïdes, c’est également vous. (Mêmes mouvements.)

    M. Philippe Gosselin

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    Oh là là !

    Mme Marie Pochon

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    Au nom de qui parlez-vous, tout en prétendant défendre les habitants de nos campagnes, pour élargir ainsi la fracture territoriale avec autant de cynisme ?

    M. Jean-Yves Bony

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    Mais non ! N’importe quoi !

    Mme Marie Pochon

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    La semaine passée, monsieur le premier ministre, vous présentiez la suite du plan France ruralités en catimini –⁠ personne ne l’a vu. Personne ne l’a vu parce que vous n’y avez rien dit ! Fille de vignerons, élue rurale, je l’affirme avec colère : nos vies, vous n’en avez rien à faire. Vous les vendez, avec les ambitions environnementales de la France, à la démagogie de l’extrême droite (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SOC et quelques bancs du groupe GDR), à laquelle tant de nos campagnes ont fièrement résisté il y a plus de quatre-vingts ans et résistent encore. Nous ne voulons pas de vos bouilloires thermiques ; nous ne voulons pas être dépendants d’une essence à 2 euros le litre ; nous ne voulons pas que nos terres agricoles soient vendues à des financiers. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.) Nous voulons des prix rémunérateurs pour nos agriculteurs, une énergie sûre et peu chère, des logements dignes, une alimentation de qualité. Je le répète, monsieur le premier ministre, quand prendrez-vous nos campagnes au sérieux ? (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, SOC et GDR.)

    M. Vincent Descoeur

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    Belle illustration de la démagogie !

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche

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    Loin de nous complaire dans cette triste litanie de « qu’est-ce qu’on pourrait faire ? pourquoi ça ne marche pas ? », nous agissons.

    Mme Danielle Simonnet

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    Non !

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre

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    Vous demandez ce que nous faisons : la baisse de 20 % en sept ans des émissions de gaz à effet de serre, c’est nous. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme Sandra Marsaud

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    Eh oui !

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre

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    La baisse de 31 % de la pollution de l’air, c’est nous.

    Mme Sandra Marsaud

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    Eh oui !

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre

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    La planification écologique, avec ses différentes branches –⁠ stratégie nationale bas-carbone, programmation pluriannuelle de l’énergie, plan national d’adaptation au changement climatique –, c’est nous.

    Mme Sandra Marsaud

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    Eh oui !

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre

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    L’augmentation du fonds de prévention des risques naturels majeurs, dit fonds Barnier, c’est nous ; le fonds Vert, c’est nous ; le doublement du budget de l’écologie, c’est nous ; 1,2 milliard d’euros consacré à la rénovation thermique financée par MaPrimeRénov’, c’est nous ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR.)

    Mme Sandra Marsaud

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    Eh oui !

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre

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    Les bonus écologiques, le leasing social, c’est encore nous. Plutôt que de rester les bras croisés, vous devriez plutôt vous battre avec nous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR ainsi que sur quelques bancs du groupe Dem.)

    Situation en Iran

    M. le président

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    La parole est à Mme Geneviève Darrieussecq.

    Mme Geneviève Darrieussecq

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    La France se tiendra toujours aux côtés de ceux qui défendent le droit international, cette garantie des peuples et des nations nécessaire pour protéger la paix, les civils, la stabilité du monde. Nous le faisons bien sûr sans naïveté quand les menaces grandissent.
    Les frappes américaines de la nuit du 21 au 22 juin sur les trois sites iraniens de Natanz, Ispahan et Fordo avaient pour objectif de compromettre définitivement le programme nucléaire de ce pays. Si l’affaiblissement de ses capacités dissuasives est indiscutable, les conséquences de ces frappes pour les prochains mois ou années restent encore imprécises. Nous saluons le cessez-le-feu qui a mis un terme à cette guerre de douze jours et appelons désormais à ce que la diplomatie reprenne afin de prévenir toute nouvelle escalade, d’écarter tout risque de prolifération : ce cessez-le-feu ne saurait suffire.
    Nous restons très inquiets pour nos otages, Cécile Kohler et Jacques Paris, retenus arbitrairement en Iran depuis trois ans. Vous avez tout à l’heure parlé d’eux, monsieur le ministre : je souhaiterais savoir si vous pouvez nous assurer qu’ils sont aujourd’hui indemnes, que la diplomatie française reste entièrement mobilisée en vue de leur libération sans délai, qu’une visite consulaire sera bientôt programmée. (M. Éric Bothorel applaudit.) Plus largement se pose la question du devenir de la population civile iranienne. Il faut rappeler que nous condamnons de la façon la plus vive la terreur imposée aux femmes par le pouvoir en place : détentions arbitraires, poursuites judiciaires iniques, coups de fouet, voire peine de mort, la répression à leur égard continuant de s’intensifier depuis le début de l’année. Nous avons toujours en mémoire le meurtre de l’étudiante Mahsa Amini et le soulèvement « Femme, vie, liberté » de 2022, qui avaient donné lieu, à travers le pays, à une large mobilisation notamment des femmes, des hommes jeunes et des jeunes filles. Malgré la répression à laquelle se heurte la revendication de leurs droits, cet espoir ne doit pas s’éteindre : nous continuerons de leur apporter notre soutien sans faille. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et des Français de l’étranger.

    M. Boris Vallaud

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    Ah bon ?

    M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du commerce extérieur et des Français de l’étranger

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    Merci, tout d’abord, de rappeler que dans tous les conflits cités, la France défend le droit international ; elle le défend toujours,…

    M. Jean-Paul Lecoq

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    N’importe quoi !

    M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué

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    …c’est son honneur. Ajoutons, puisque vous parlez de droit international, que certains oublient trop souvent que l’Iran, directement, ne l’a pas respecté,…

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Et Israël ?

    M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué

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    …notamment l’accord de Vienne. C’est précisément pour cela que nous restons extrêmement fermes et qu’à aucun moment nous ne défendrons le régime des mollahs dans sa capacité à obtenir l’arme atomique. Je voudrais que ce soit très clair pour l’ensemble des groupes qui siègent dans cet hémicycle.
    Je vous rejoins, madame la députée, lorsque vous saluez l’annonce d’un cessez-le-feu : telle est aussi la voie française depuis le début de ce conflit. Il faut que le feu cesse pour que les négociations, pour que la diplomatie, reprennent. Quand la France dit cela, ce n’est pas un vœu pieux : elle sait, avec entre autres ses partenaires britannique et allemand, que c’est par la négociation, par le dialogue avec l’Iran que nous parvenons, comme nous l’avons fait il y a une décennie, à réduire les tensions, à permettre que l’Iran ne se dote pas d’un programme atomique et balistique. Contrairement à ce que l’on entend trop souvent, le dialogue, la diplomatie, ça marche ! Maintenant que le cessez-le-feu est assuré, la diplomatie des pays de l’E3 –⁠ Royaume-Uni, Allemagne, France – est en mesure de poursuivre ce dialogue.
    Enfin, je vous remercie d’avoir eu une pensée pour Cécile Kohler et Jacques Paris, emprisonnés depuis plus de trois ans dans les geôles iraniennes. (Applaudissements sur divers bancs.) Pour répondre à votre question, nous avons eu l’assurance qu’ils n’avaient pas été blessés lors de l’attaque israélienne que nous avons condamnée car elle les mettait en danger de mort direct. Nous avons aussi réitéré notre demande d’accès consulaire –⁠ et plus que cela : ce qu’exige la France, c’est leur libération immédiate. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR, Dem et HOR.)

    Lutte contre la drépanocytose

    M. le président

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    La parole est à M. Olivier Serva.

    M. Olivier Serva

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    Jeudi dernier, le 19 juin, avait lieu la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose, première maladie génétique en France et dans le monde. Déformation des globules rouges en faucille, douleurs intenses, comparable à des coups de couteau, complications organiques, anémie chronique, décès trop souvent prématuré : voilà le lot des personnes drépanocytaires, qui sont près de 32 000 en France. N’en déplaise à certains, le métissage devient de plus en plus présent dans notre société : la drépanocytose n’est plus une maladie de Noirs et de métis, elle peut désormais toucher tout le monde. J’en veux pour preuve le nombre de nouveaux cas –⁠ près de 600 – dépistés chaque année en France.
    Avec Béatrice Bellay, Frantz Gumbs et Maud Petit, entre autres, nous travaillons à une proposition de loi transpartisane visant à garantir un accès équitable aux soins sur tout le territoire ; des collègues d’autres groupes parlementaires ont d’ailleurs déjà manifesté leur soutien à cette initiative. Nous coconstruisons ce texte avec les associations qui œuvrent depuis des années à l’accompagnement des personnes drépanocytaires. L’amélioration de la prise en charge pourrait passer par quatre mesures : l’exonération du forfait patient urgences, qui représente un coût important pour les personnes drépanocytaires en situation de précarité ; la reconnaissance de cette pathologie comme maladie invalidante ; un droit à congé pour les proches aidants en cas de mobilité sanitaire ; l’élévation de la lutte contre la drépanocytose au rang de grande cause nationale pour 2026, comme l’avait promis le président de la République. Monsieur le ministre de la santé, nous connaissons votre intérêt pour le sujet : pouvons-nous compter sur votre soutien ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LIOT. –⁠ Mme Julie Ozenne applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.

    M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins

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    Merci de rappeler l’importance de la drépanocytose et surtout son impact, en termes de santé, pour nos concitoyens. Vous l’avez dit, le 19 juin était la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose : vous aurez vu sur les réseaux sociaux que le ministère de la santé n’a pas hésité, non à communiquer pour communiquer, mais à rappeler la nécessité que soit prise en charge cette pathologie fortement invalidante. Désormais, le diagnostic néonatal n’est plus réservé aux enfants à risque ou aux enfants d’outre-mer, mais pratiqué pour l’ensemble des naissances, d’où le fait que nous détections davantage de cas. Il s’agit à présent de faire entrer les jeunes patients dans des filières de prise en charge : c’est l’un des éléments forts du plan national « maladies rares » que j’ai développé en début d’année et qui a pour but de renforcer le diagnostic nénonatal –⁠ comme celui de trois autres maladies, dont l’amyotrophie spinale – ainsi que de créer des centres de référence où prendre en charge les patients.
    Cela dit, j’ai étudié avec beaucoup de bienveillance votre proposition de loi ; mon cabinet vous a reçu de même que les cosignataires du texte, parmi lesquels Mmes Bellay et Petit, afin que nous puissions travailler à ces solutions. J’y associe d’ailleurs la ministre chargée du handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, avec un travail de fond sur la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, visant à mieux prendre en charge ces patients. Nous poursuivrons donc ensemble nos travaux en vue de prendre soin de nos populations. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes DR et HOR. –⁠ M. Éric Martineau applaudit également.)

    M. Ian Boucard

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    Il est bien, ce ministre ; c’est le meilleur !

    Chasse et transition écologique

    M. le président

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    La parole est à M. Philippe Fait.

    M. Philippe Fait

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    Ces dernières semaines, chasseurs et pêcheurs ont exprimé leurs inquiétudes quant aux récentes orientations de la politique de transition écologique menée par le gouvernement.

    M. Ian Boucard

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    Eh oui !

    M. Philippe Fait

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    Comme me le rappellent souvent les chasseurs de la Côte d’Opale et les pêcheurs d’Étaples, la chasse et la pêche font partie de notre patrimoine vivant : ce ne sont pas des activités ordinaires mais des traditions multiséculaires, ancrées dans nos territoires, reposant sur un savoir-faire empirique, une connaissance fine des milieux naturels, des espèces, des cycles de vie. En chaque chasseur, en chaque pêcheur, il y a un lien profond à la terre, à la mer, un sincère attachement à l’équilibre fragile entre l’homme et la nature, qu’on ne protège bien que lorsqu’on le connaît, qu’on l’observe et qu’on le vit. Pourtant, ces traditions sont aujourd’hui fragilisées par des décisions qui semblent à leurs défenseurs brutales, sans concertation, injustes. (Applaudissements sur les bancs des groupes HOR et Dem ainsi que sur quelques bancs des groupes EPR et DR.)
    Nous sommes convaincus qu’il ne peut y avoir d’adhésion durable à la transition écologique sans méthode fondée sur le respect des territoires, le dialogue réel, la confiance envers ceux qui l’appliquent. Je vous sais, madame la ministre de la transition écologique, sensible à cette méthode. Aussi, comment le gouvernement entend-il répondre aux attentes de nos chasseurs et pêcheurs, qui demandent à être pleinement associés aux décisions engageant leur avenir ? Pouvez-vous me confirmer que le dialogue entre les chasseurs et votre ministère n’est pas rompu ? Plus largement, quelle méthode comptez-vous employer pour que la transition écologique soit construite avec ceux qui la vivent au quotidien ? (Applaudissements sur les bancs des groupes HOR et EPR ainsi que sur quelques bancs du groupe DR. –⁠ M. Romain Daubié applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche

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    Merci de me donner l’occasion de rappeler un certain nombre de vérités, de rassurer nos chasseurs, nos pêcheurs –⁠ ces derniers doivent être déjà tout à fait rassurés, puisqu’ils me remerciaient encore ce matin…

    M. Pierre Cordier

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    Pour les cormorans, pas trop quand même !

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre

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    …de la manière dont nous avons coconstruit ces dernières semaines, avec les scientifiques et les organisations environnementales, nos décisions en matière de renforcement des aires marines protégées sur le sol et dans les eaux de France. Depuis mon arrivée au ministère, je n’ai pas ménagé mes efforts en vue de défendre nos chasseurs : je pense à la chasse à la palombe, que j’ai défendue très fortement et même officiellement, devant vous, devant la commissaire européenne Jessika Roswall, pour obtenir que puisse se poursuivre cette chasse traditionnelle, culturelle d’une espèce en bon état de conservation. En effet, notre boussole, au fond, c’est cet état, évalué sur la base des études scientifiques disponibles. Lorsque l’état de conservation d’une espèce est mauvais, sa chasse est restreinte ; lorsqu’il est bon, nous nous autorisons à rétablir ou renforcer cette chasse. Il s’agit évidemment de protéger la biodiversité, mais aussi de garantir que, demain, nos chasseurs pourront continuer de chasser.
    Les scientifiques mandatés par l’Union européenne ont relevé le déclin de neuf espèces de gibier d’eau, et les recommandations de la Commission européenne sont claires : moratoire ou baisse de 50 % des prélèvements. J’ai demandé à la Commission, comprenant qu’il existait sur ce point un malentendu, de m’indiquer si ces mesures devaient s’appliquer immédiatement ; elle me l’a confirmé ce matin. Nous proposons une ligne simple : réduire les prélèvements pour les espèces en déclin en France ou en Europe, les augmenter là où les populations progressent, réserver les moratoires aux espèces les plus menacées. C’est dans cet esprit que nous continuons de discuter avec les représentants des chasseurs dans le but de trouver un juste équilibre :…

    M. le président

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    Merci de conclure, madame la ministre.

    Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre

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    …j’échangeais tout à l’heure encore avec Willy Schraen, qui veille à protéger nos chasseurs, pour arriver à concilier transition écologique et chasse.

    M. le président

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    La parole est à M. Philippe Fait.

    M. Philippe Fait

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    J’entends ce que vous me dites, mais il est primordial d’écouter ces femmes et ces hommes qui sont en permanence sur le terrain et connaissent parfaitement le milieu. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR et Dem.)

    Vie chère en Martinique

    M. le président

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    La parole est à M. Frédéric Maillot.

    M. Frédéric Maillot

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    Il y a une semaine se sont tenues les assises contre la vie chère en Martinique. Cette terre, ce peuple se sont dressés et se dressent aujourd’hui encore, non pour danser le zouk à l’image du groupe présidentiel, mais pour lutter contre la vie chère.
    Nous, députés d’outre mer, vous interpellons une fois de plus sur ce sujet –⁠ et ce ne sera pas la dernière fois car nous avons été élus pour cela. Un rapport sorti la semaine dernière révèle que les frais bancaires ont augmenté de 5 % dans les outre-mer. J’entends déjà certains chuchoter que 5 %, ce n’est pas énorme, mais –⁠ faut-il le rappeler ici ? – ces frais sont déjà 15 % plus élevés chez nous que dans le reste de la France.

    M. Pierre Cordier

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    C’est une honte !

    M. Frédéric Maillot

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    Or 15 + 5, cela fait 20. Nous, les Français entièrement à part, payons donc des frais bancaires 20 % plus élevés que les Français à part entière.
    Ce que je veux vous dire, monsieur le ministre des outre-mer, c’est que sur nos territoires, la cherté de la vie ne s’explique pas uniquement par l’alimentaire ou la grande distribution. C’est un système bien huilé, mis en place avec l’aide des gouvernements qui se sont succédé. La vie chère, ce sont les colis postaux échangés entre particuliers qui sont soumis à une double TVA, à l’achat et à la réception. Ce sont aussi les frais de communication et le coût du logement qui sont plus élevés chez nous. Je vous dis ce que vous savez déjà : chez nous, absolument tout est touché par la vie chère.
    Après la loi sur l’égalité réelle outre-mer et la loi Lurel, si votre texte ne s’attaque pas au problème de la vie chère dans son spectre le plus large, il nous réduira une fois de plus à des peuples de pousseurs de caddie, pour reprendre l’expression de mon collègue Jean-Phillipe Nilor. Nous sommes plus que des tubes digestifs sur pattes !
    Lors des assises de la vie chère, nous avons travaillé à des propositions. Pendant que certains bombent le torse pour recevoir des médailles, d’autres défendent la dignité de leur peuple. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs du groupe SOC.) Nous nous inscrivons dans la seconde catégorie.
    Êtes-vous prêt à accueillir les propositions populaires de nos peuples en colère ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR, sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS ainsi que sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre des outre-mer.

    M. Manuel Valls, ministre d’État, ministre des outre-mer

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    J’ai eu l’occasion de le dire hier en répondant à la question de Mme Bellay : certains grands groupes performants contribuent à étouffer les économies et les populations. Il faut donc agir contre la vie chère. Le gouvernement a accompagné et soutenu la proposition de loi de la sénatrice Audrey Bélim ; vous étiez d’ailleurs le rapporteur de ce texte à l’Assemblée. Le décret sera bientôt publié. Ce texte, qui sera suivi d’effets, porte sur les loyers, et non sur l’alimentaire.
    Début juin, j’ai présenté aux parlementaires ultramarins un plan d’action ambitieux et complet, qui comprend notamment une circulaire envoyée aux préfets et trois décrets visant à renforcer le bouclier qualité prix et les observatoires des prix, des marges et des revenus –⁠ ces derniers seront publiés prochainement. Dans quelques semaines, je présenterai en Conseil des ministres un projet de loi qui sera examiné à l’automne. Celui-ci permettra d’élargir le BQP pour y inclure les services, de renforcer la transparence, la concurrence et les contrôles et d’engager la nécessaire transformation des économies, dans tous les domaines.
    J’ai répondu à l’invitation de vos collègues Nadeau et Nilor aux assises contre la vie chère. Comme j’étais en déplacement en Guyane, je me suis adressé aux participants par vidéo. Je suis ouvert au dialogue ; c’est ainsi que nous travaillons. Comme vous, j’imagine, je refuse autant le sectarisme que la violence.
    Nous pouvons encore améliorer le travail sur les textes, comme nous l’avons déjà fait par le passé. Le grand débat d’automne sur le projet de loi contre la vie chère permettra de l’enrichir. Nous poursuivrons aussi la concertation avec le monde économique et social. Nous pourrons alors répondre aux attentes.
    Je vous le dis très sincèrement : je sais qu’il existe parfois un sentiment d’abandon ou de mépris, d’infantilisation ou de paternalisme. Mais si nous agissons ainsi, sous l’autorité du premier ministre, c’est parce que je vous considère comme ce que vous êtes, c’est-à-dire un représentant de la nation à part entière.

    M. le président

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    La parole est à M. Frédéric Maillot.

    M. Frédéric Maillot

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    Vous avez parlé de violence. La vraie violence, nous la subissons tous les jours dans les pays dits d’outre mer. Nous savons bien qui tient les rênes de l’économie et du pouvoir, même si nous ne pouvons pas le dire dans cet hémicycle. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes SOC et GDR. –⁠ Mme Julie Ozenne applaudit également.)

    Situation de la viticulture

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Michelet.

    M. Maxime Michelet

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    Ma question s’adresse à Mme la ministre de l’agriculture.
    Pas moins de 3,2 millions d’hectares, 130 milliards d’euros de PIB, 52 milliards de recettes fiscales, près de 3 millions d’emplois et 62 % de la production mondiale : voilà les chiffres de la viticulture en Europe, premier secteur de l’agriculture européenne, au sein duquel la France occupe le premier rang.
    Ce secteur est menacé par une crise inédite. Confrontée à cette crise, la Commission européenne a décidé de proposer une réforme à court terme sans attendre celle de la politique agricole commune.
    Cette réforme consiste notamment à revenir sur la régulation des droits de plantation, domaine dans lequel l’Europe avait agi inconsidérément en contraignant tous les vignobles à accepter un minimum de plantations de vins sans indication géographique, les VSIG. Cette mesure est une demande forte de la filière viticole.
    C’est notamment le cas en Champagne où, alors que ce vignoble a choisi de se spécialiser, des plantations de VSIG ont lieu depuis 2016 sur l’aire de production de l’appellation d’origine contrôlée, sans qu’il soit possible de savoir ni où elles se situent, ni quel vin elles servent à produire.
    Dans le contexte des discussions engagées au niveau européen, la viticulture française a besoin d’être rassurée sur plusieurs points.
    Il faut autoriser explicitement les régions ou les AOC à refuser les plantations nouvelles. Il faut aussi encadrer non seulement les plantations nouvelles, mais aussi celles issues d’arrachages dans d’autres régions. Il est également nécessaire de prendre en compte le péril que constitue la flavescence dorée, ce fléau qui menace si gravement nos vignobles. Il faut enfin refuser l’hygiénisme démagogique.
    Nous ne pouvons pas abandonner notre viticulture, ce joyau économique, ce pilier de notre identité. Il faut accompagner les vignobles en difficulté, mais aussi préserver ceux qui résistent mieux.
    Dans le contexte de la crise viticole et des négociations qui s’annoncent, pouvez-vous nous garantir que la France sera à la hauteur de son apport prépondérant à la viticulture européenne et qu’elle jouera tout son rôle –⁠ un rôle de tout premier plan ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR et sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

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    Depuis mon arrivée à la tête du ministère de l’agriculture, je n’ai pas ménagé mes efforts en faveur de la filière viticole, dont vous avez souligné l’importance à juste titre.
    Nous avons d’abord appliqué le plan d’arrachage définitif, pour un coût de 110 millions d’euros. Nous avons lancé des prêts structurels et conjoncturels pour soutenir des trésoreries très affaiblies. Nous avons accordé une aide de 9 millions aux jeunes viticulteurs, et une autre de 1 million à la filière des pépinières viticoles. Nous avons aussi débloqué des fonds pour la prise en charge exceptionnelle des cotisations à la Mutualité sociale agricole, en particulier pour les viticulteurs.
    Au niveau européen, la France participe au groupe de haut niveau consacré à la viticulture –⁠ elle en est même l’un des leaders. Nous avons défendu diverses mesures et nous pouvons dire avec satisfaction que nous avons obtenu gain de cause sur plusieurs sujets, comme la régulation du potentiel viticole ou l’allongement de la durée des droits de plantation, ce qui laissera plus de marge de manœuvre aux producteurs.
    Nous nous sommes surtout attaqués avec succès à un problème qui intéresse particulièrement la Champagne et sur lequel mon attention a été également appelée par Charles de Courson : il s’agit de protéger les zones bénéficiant d’une indication géographique protégée de la mixité avec des plantations sans IGP. C’était une demande très forte, notamment en Champagne. Nous serons extrêmement attentifs à la traduction juridique de cette avancée.
    Soyez assuré que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, ici et à Bruxelles, pour protéger ce joyau de notre agriculture qu’est la viticulture. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Insécurité en Guadeloupe

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Je me fais aujourd’hui le porte-parole de nos compatriotes de Guadeloupe.

    Mme Elsa Faucillon

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    Ah non, pas vous, vous n’avez pas le droit !

    M. Yoann Gillet

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    N’entendez-vous pas le bruit sourd des armes qui résonne aux Antilles, le fracas des balles qui fauchent des vies chaque semaine en Guadeloupe ? Meurtres, fusillades, rackets, violences, c’est le quotidien des habitants.
    Pendant ce temps-là, la République semble avoir déserté. En 2024, 23 768 crimes et délits ont été recensés pour 384 000 habitants. Les tentatives de meurtre ont bondi de 27 %, les coups et blessures volontaires de 10 %, les violences sexuelles de 20 %, et les vols à main armée de 10 %. La Guadeloupe est devenue le sixième département le plus dangereux de France.
    La situation ne cesse de s’aggraver. Au cours des six derniers mois, on dénombre vingt-huit homicides, soit presque autant que sur toute l’année 2024 ! Le dernier date d’avant-hier. L’avant-dernier remonte au 4 juin ; la victime était un adolescent de 13 ans.
    La spirale meurtrière ne faiblit pas, la jeunesse est décimée, des familles sont brisées et l’État regarde sans agir. Le syndicat de policiers Unité 971 tire la sonnette d’alarme : vingt-cinq postes de la police judiciaire sont vacants, et le manque d’effectifs est global.
    Alors mes questions sont simples : monsieur le ministre de l’intérieur, quand cesserez-vous d’être le ministre de la parole pour devenir ce que les Français attendent, c’est-à-dire un ministre qui agit ? Quand déploierez-vous un véritable plan d’urgence pour la sécurité en Guadeloupe ? Assumez-vous encore d’être membre d’un gouvernement macroniste qui a rejeté l’amendement du groupe RN inscrivant dans le dernier projet de loi de finances un fonds de sécurité de 30 millions d’euros dédié à la Guadeloupe ? Quand augmenterez-vous significativement les effectifs et les moyens ? Quand le gouvernement macroniste auquel vous appartenez aura-t-il enfin le courage de renforcer la réponse pénale ? C’est ce que souhaitent les Français et c’est ce que propose le Rassemblement national. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre des outre-mer.

    M. Ian Boucard

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    Attention, il y avait au moins douze questions !

    M. Manuel Valls, ministre d’État, ministre des outre-mer

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    Vous êtes très bon quand il s’agit de commenter,…

    Un député du groupe RN

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    C’est un expert qui parle !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    …un peu moins quand il faut proposer. Vous passez à côté de l’essentiel, préférant vous intéresser au parcours politique de Bruno Retailleau, ce que je comprends. Compte tenu de ce qu’ils vivent tous les jours, les Guadeloupéens, comme les Martiniquais, méritent mieux…

    M. Emeric Salmon

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    Que Bruno Retailleau ? C’est sûr !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    …qu’une question pleine de sous-entendus politiciens.
    Le trafic de drogue représente un danger mortel pour les sociétés antillaises et guyanaise. Le narcotrafic utilise en effet la Martinique et la Guadeloupe pour faire transiter des dizaines ou des centaines de tonnes de cocaïne vers l’Europe. Il représente donc un danger existentiel. Il faut donc agir.
    Au niveau international, cette action implique de coopérer avec les autres pays jouxtant la mer des Caraïbes, notamment les États-Unis d’Amérique, car toute la zone est infestée par ce trafic qui mène une véritable guerre aux sociétés.
    Il faut aussi augmenter les moyens humains et matériels. Nous devons en faire plus sur terre, sur mer, dans les airs, en intensifiant la surveillance. Avec les collectivités territoriales, nous devons engager une action opiniâtre, notamment dans les ports. Les grands ports maritimes qui continueront à prendre de l’importance dans les prochaines années doivent faire l’objet d’une surveillance très stricte, ce qui passe notamment par le déploiement de scanners. Il faut mener une action résolue avec les services de sécurité, la justice et les collectivités territoriales.
    C’est une cause nationale –⁠ la loi sur le narcotrafic, les textes votés au Sénat et les rapports sur ces sujets le montrent bien. Comme ministre des outre-mer, j’appelle à la mobilisation et à l’unité nationale. Il ne faut pas d’une vie politique qui passe à côté de l’essentiel : vous poursuivez des objectifs qui ne permettront pas de fournir des réponses concrètes à nos compatriotes antillais. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes DR, Dem et HOR ainsi que sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Vous répétez « Il faut, il faut, il faut », mais les Français attendent que vous agissiez. Vous êtes tous aux responsabilités depuis plusieurs décennies, votre gouvernement est composé de vieux politiques allant du parti socialiste aux LR, vous êtes… (Le temps de parome étant écoulé, M. le président coupe le micro de l’orateur. –⁠ Plusieurs députés des groupes RN et UDR applaudissent ce dernier.)

    Soutien à la filière œufs

    M. le président

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    La parole est à Mme Nicole Le Peih.

    Mme Nicole Le Peih

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    Qu’ils soient à la coque, mimosa, au plat, mollets, brouillés ou en omelette, les œufs sont en train de devenir un cas d’école de nos contradictions agricoles.
    En un an, la consommation d’œufs a grimpé de 8 %. Les Français en consomment aujourd’hui 240 par an –⁠ un record en vingt ans ! C’est un produit accessible, riche en protéines, à l’empreinte carbone faible. Il est perçu par sept Français sur dix comme un aliment anticrise.
    Mais la tension monte chez les producteurs.
    En effet, les éleveurs sont prêts à répondre à cette demande croissante, mais ils se heurtent à deux verrous bien identifiés.
    Le premier : le terrain. Les projets de bâtiment, même aux normes, même en plein air, sont ralentis, contestés, parfois même bloqués. La complexité administrative se double d’un climat de défiance, voire d’intimidation, qui rend la transition vers les élevages alternatifs techniquement et humainement difficile.
    Deuxième verrou : l’environnement réglementaire. Des normes européennes comme la directive IED imposent des seuils inadaptés aux élevages familiaux, donc des coûts d’investissement jusqu’à 80 000 euros par site. Les risques sont clairs : des fermetures, une désincitation à l’installation et la montée des importations. Déjà un œuf sur dix consommés en France est importé. Certains scénarios européens évoquent une chute de notre taux d’autoapprovisionnement à 36 %. Évitons de reproduire ce qui s’est passé avec la pro duction de poulets, dont les importations ne cessent d’augmenter !
    Pourtant, la filière des œufs a fait ses preuves : elle a massivement investi et près de trois poules sur quatre sont élevées en système alternatif. Madame la ministre, vous avez montré votre attachement à une agriculture de solutions et nous le partageons. Quels leviers le gouvernement entend-il activer pour lever les blocages territoriaux ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

    Mme Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire

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    Je vous remercie d’évoquer cette filière magnifique : la France est une championne  de production d’œufs au plan européen puisque nous sommes presque autosuffisants, à 95 % –⁠ les filières qui peuvent se prévaloir d’un tel niveau ne sont pas très nombreuses. Les œufs constituent une source de protéine peu chère et très appréciée des Français, qui en sont de gros consommateurs. Toutefois, nous ne devons pas tenir cette position pour acquise. Tout est toujours fragile et nous devons veiller à maintenir la production à ce niveau élevé.
    Votre question aborde le cœur du sujet : comment maintenir, voire améliorer, la production d’œufs dans notre pays ? Je veux tout d’abord saluer le projet de filière du CNPO, qui prévoit la construction de 300 nouveaux poulaillers d’ici à 2030. Cette ambition est à portée de la main à condition que nous favorisions la construction de ces poulaillers. Pour cela, nous devons commencer par convaincre nos concitoyens qu’ils sont utiles, parce qu’ils produisent des œufs et des poulets, dont la consommation ne cesse de progresser, ainsi que les importations, en particulier celles de poulets. Il faut ensuite simplifier les procédures, qui sont trop compliquées. Tel est l’objet du projet de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, dont un article est destiné à simplifier la procédure des ICPE de façon à ne pas décourager les porteurs de projet. Nous avons la chance d’avoir des porteurs de projet, ne les décourageons pas par des mesures trop contraignantes !

    M. Ian Boucard

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    Au contraire !

    M. Alexandre Portier

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    Ils en ont ras-le-bol !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    En tout état de cause, soyez certaine que je suis attentive à cette très belle filière, qui honore l’agriculture française. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    M. Ian Boucard

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    À Belfort, il y a la fête de l’œuf !

    Mme Annie Genevard, ministre

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    En effet, vous avez raison de le rappeler ! (Sourires.)

    M. le président

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    Nous avons terminé les questions au gouvernement.

    Suspension et reprise de la séance

    M. le président

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à quatorze heures quarante-cinq, est reprise à quinze heures, sous la présidence de Mme Clémence Guetté.)

    Présidence de Mme Clémence Guetté
    vice-présidente

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.

    2. Convention France-Macédoine du Nord relative à la défense

    Procédure d’examen simplifiée

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la discussion, selon la procédure d’examen simplifiée, en application de l’article 103 du règlement, du projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération dans le domaine de la défense entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la république de Macédoine du Nord (nos 1520, 1593).
    Ce texte n’ayant fait l’objet d’aucun amendement, je vais le mettre aux voix, en application de l’article 106 du règlement.

    (Le projet de loi est adopté.)

    3. Renforcer la sécurité des professionnels de santé

    Commission mixte paritaire

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la discussion, sur le rapport de la commission mixte paritaire, de la proposition de loi visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé (no 1423).

    (La séance, suspendue quelques instants, est immédiatement reprise.)

    Présentation

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure de la commission mixte paritaire.

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure de la commission mixte paritaire

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    Près de 21 000 signalements d’actes de violences commis à l’encontre des professionnels de santé sont enregistrés chaque année selon les données de l’Observatoire national des violences en milieu de santé, l’ONVS. Cela correspond à près de soixante signalements par jour, alors même que toutes les violences ne sont pas signalées.
    Dans 80 % des cas, il s’agit de violences physiques ou de menaces avec arme.
    La situation s’aggrave chaque année –⁠ l’année 2024 ne fait pas exception, puisque les violences sont en hausse de 6 % par rapport à 2023.
    Ces violences touchent l’ensemble des professionnels de santé et tous les lieux d’exercice : les hôpitaux, bien sûr, mais aussi les cabinets médicaux, d’infirmiers, de kinésithérapie ou les officines de pharmacie.
    Derrière ces chiffres, il y a autant de drames personnels ; qu’elles soient physiques ou verbales, ces violences peuvent avoir de graves répercussions psychologiques sur le personnel soignant. Nous ne pouvons pas accepter que des soignants traumatisés soient contraints d’aller travailler avec la boule au ventre dans la crainte d’une nouvelle agression. À terme, l’expansion de ces violences risque de menacer l’attractivité même de ces professions ainsi que la qualité des soins.
    Face à cette situation dramatique, il était de notre devoir d’apporter une réponse ferme et rapide. Mieux protéger ceux qui, jour après jour, œuvrent pour notre santé, soignent nos enfants, soulagent nos aînés et sauvent des vies, c’est aussi témoigner du respect que nous leur devons et que nous avions manifesté unanimement depuis nos fenêtres lors de la crise du covid.
    Certes, il serait faux de dire que rien n’a été fait jusqu’à présent. Nous avons mis en œuvre le plan national pour la sécurité des professionnels de santé, présenté par le gouvernement en septembre 2023, sur lequel je m’étais beaucoup mobilisée en tant que ministre. Ce plan national comporte quarante-deux mesures –⁠ dont toutes ne relèvent pas du domaine de la loi – articulées autour de trois axes : sensibiliser le public et former les soignants ; prévenir les violences et sécuriser l’exercice des professionnels ; déclarer des agressions et accompagner les victimes.
    La Chancellerie a également agi en ce sens, notamment avec la circulaire de politique pénale générale du 27 janvier 2025, qui appelle les procureurs à se mobiliser davantage en matière de lutte contre les violences commises à l’encontre des professionnels de santé. À ce titre, je tiens à souligner que le taux de réponse pénale est élevé, situé entre 89 % et 95 % selon les années. Nous ne pouvons que nous en féliciter.
    Face à de telles violences, la seule réponse acceptable est la tolérance zéro.
    Si des actions ont déjà été mises en œuvre, il était tout de même nécessaire de consolider cette dynamique par des mesures législatives fortes. C’est l’objectif de la proposition de loi que nous examinons aujourd’hui. Elle a été présentée par notre ancien collègue Philippe Pradal, que je tiens ici à saluer pour son engagement sans faille. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR.)
    Nous le savons, cette proposition de loi est très attendue par les professionnels de santé sur le terrain. Nous en sommes tous conscients, nous qui l’avons votée à l’unanimité en mars 2024.
    Elle prévoit tout d’abord de renforcer les sanctions contre les atteintes aux professionnels de santé. Notre assemblée et le Sénat ont élargi le champ des atteintes concernées, incluant désormais les violences, les vols, les menaces et les agressions sexuelles. Je me réjouis que ces sanctions renforcées s’appliquent désormais à l’ensemble des lieux d’exercice : établissements de santé, cabinets d’exercice libéral, officines de pharmacies ou encore laboratoires médicaux.
    Dans le cadre de la commission mixte paritaire, j’ai été particulièrement attentive à ce que soit maintenue l’extension du délit d’outrage aux professionnels de santé, y compris pour ceux qui exercent à titre libéral. Il s’agit d’une mesure forte, attendue par les professionnels, susceptible de rappeler à tous qu’il ne saurait y avoir d’impunité, quel que soit le lieu d’exercice. L’ensemble des professionnels de santé seraient ainsi traités selon le même régime que les personnes chargées d’une mission de service public, et ce n’est que justice.
    Cette proposition de loi prévoit également de faciliter le dépôt de plainte. En effet, de trop nombreux professionnels de santé victimes de violences hésitent à porter plainte par crainte des représailles. Face à ce phénomène d’autocensure, la proposition de loi prévoit que l’employeur pourra désormais porter plainte à la place de la victime. Il s’agit d’une mesure essentielle qui, je l’espère, permettra de multiplier les poursuites pénales à l’encontre des agresseurs.
    Dans ce même objectif, j’ai veillé à réintroduire en commission mixte paritaire un dispositif permettant aux professionnels libéraux de déclarer leur adresse professionnelle lors du dépôt de plainte. Il conviendra également de sensibiliser les personnels soignants au fait qu’ils peuvent déjà, en l’état du droit, déclarer l’adresse de leur employeur ou de leur ordre professionnel, sous réserve de l’accord de la personne concernée. Je compte sur vous, monsieur le ministre, sur ce point : il s’agit d’un levier important pour rassurer les personnels soignants qui hésitent à porter plainte.
    Enfin, la proposition de loi qui vous est soumise contient une disposition importante à son article 3 bis A, introduite par le gouvernement au Sénat. Cet article étend la protection fonctionnelle accordée aux agents publics à l’ensemble des procédures donnant le droit à l’assistance d’un avocat, y compris avant la mise en mouvement de l’action publique. Il s’agit de mettre en conformité notre droit avec une précédente décision du Conseil constitutionnel. Nous ne pouvons que saluer cette protection renforcée de nos agents publics.
    Vous l’aurez compris, je suis satisfaite de l’accord trouvé avec le Sénat et je me réjouis que cette proposition de loi, très attendue, termine son cheminement parlementaire. J’espère que vous serez aussi nombreux à la voter que lors de la précédente lecture au Sénat ; nous le devons à nos professionnels de santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR. –⁠ Mme Lise Magnier applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins.

    M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins

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    C’est avec un grand plaisir que je vous retrouve aujourd’hui pour l’ultime étape de l’examen d’une proposition de loi importante.
    Je commencerai par rendre hommage aux parlementaires de tous horizons, députés et sénateurs, qui se sont investis sur ce sujet majeur de la sécurité des professionnels de santé. Leur engagement a permis de faire aboutir ce texte tant attendu. Je ne manquerai pas de mentionner particulièrement Philippe Pradal, qui fut à l’initiative de ce texte et rapporteur lors de la précédente législature à l’Assemblée nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et HOR.)
    Je mentionnerai également ma prédécesseure, Agnès Firmin Le Bodo, qui s’est beaucoup investie sur cet enjeu.
    Je salue la qualité des travaux menés en commission, en séance et en commission mixte paritaire.
    J’ai déjà eu l’occasion de le rappeler : le plus grand danger pour une société serait de s’habituer à la violence. L’adoption de ce texte traduit un refus catégorique de toute banalisation et affirme que la violence, quelle que soit sa forme, est toujours inacceptable.
    Ce texte proclame haut et fort qu’il n’y a ni petite violence, ni violence ordinaire ; que tout coup, toute menace, toute blessure, tout crachat, toute insulte envers un professionnel de santé ou envers ceux qui concourent aux soins est une attaque en règle envers notre système de santé.
    La proposition de loi adresse un message fort à nos soignants et à tous ceux qui concourent aux soins : l’État est à vos côtés ; nous serons intransigeants. Nous adressons également un avertissement clair à tous les agresseurs : nous ne laisserons rien passer.
    Grâce à ce texte, nous franchissons une étape décisive dans notre combat commun pour protéger nos soignants et pour ne laisser aucun répit à ceux qui leur portent atteinte. L’actualité rend cette exigence encore plus pressante, lui conférant un caractère d’urgence. Chaque jour, dans notre pays, soixante-cinq professionnels de santé sont agressés. Ce n’est pas acceptable.
    Je le dis avec gravité, car je l’ai vécu de plusieurs façons. En tant que médecin chef de pôle d’abord, inquiet pour mes équipes, aux côtés de collègues victimes ; en tant qu’élu local, face à la détresse de certains professionnels de santé ; en tant que député aussi, puisque je me suis investi sur ce sujet avec conviction et avais porté des propositions législatives en ce sens ; en tant que ministre de la santé enfin, puisque ce sujet est pour moi une priorité incontournable.
    Mon arrivée au ministère, au début de mois de janvier 2025, a malheureusement été marquée par l’un de ces drames. Dès ma prise de fonction, je me suis rendu à Annemasse, en Haute-Savoie, auprès de quatorze soignants agressés et d’une communauté bouleversée. Devant eux, j’ai pris un engagement : d’ici septembre 2025, de nouvelles mesures seraient prises pour renforcer leur sécurité.
    C’est aussi l’un des engagements forts de notre pacte de lutte contre les déserts médicaux.
    Mon objectif est de marquer un tournant décisif dans la lutte contre les violences. Cela passe bien sûr par un renforcement des moyens d’action en amont des violences : la reconduction pour l’année 2025 d’une enveloppe annuelle de 25 millions d’euros allouée à la sécurisation des établissements de santé et la poursuite des campagnes de communication et de sensibilisation dans la continuité du plan ministériel pour la sécurité des professionnels de santé lancé en septembre 2023 par Agnès Firmin Le Bodo.
    Je veux aussi souligner combien les professionnels eux-mêmes se sont saisis de l’enjeu. Médecins, étudiants, infirmiers et paramédicaux, en ville comme à l’hôpital, se sont mobilisés.
    Le présent texte prévoit également le renforcement de l’Observatoire national des violences en milieu de santé. Dans sa nouvelle version, il ne sera pas une simple chambre d’enregistrement mais une véritable instance de suivi, d’écoute et d’orientation. Il intégrera également les violences sexistes et sexuelles, qui ont longtemps fait l’objet d’une omerta dans le monde de la santé et contre lesquelles la tolérance zéro s’impose avec la même force.
    Je n’oublie naturellement pas les soignants en exercice libéral, qui doivent eux aussi pouvoir bénéficier de dispositifs de protection efficace.
    Enfin, je compte beaucoup sur l’implication des élus locaux ; ils ont un rôle important à jouer dans leurs collectivités, notamment à travers leurs polices municipales ou leurs systèmes de vidéosurveillance. Je voudrais notamment citer le dispositif de bouton d’alerte : relié aux forces de l’ordre, il offre aux soignants un moyen direct et discret de donner l’alerte en cas de danger. J’avais moi-même mis ce dispositif en place dans ma région, Auvergne-Rhône-Alpes, et en tant que maire. Je sais qu’il marche bien et qu’il est déployé dans des collectivités de plus en plus nombreuses, en Haute-Vienne ou en Guyane par exemple.
    Renforcer la sécurité, prévenir, dissuader, c’est indispensable. Mais il faut aussi, lorsque les violences surviennent, durcir notre réponse pénale. Ma ligne est claire : tolérance zéro, zéro impunité. C’est une nécessité que ce texte vient concrètement traduire dans notre droit.
    D’abord, les peines seront aggravées en cas de violences ou de vol en milieu de santé. Notre code pénal prévoit déjà des circonstances aggravantes en cas d’agression des professionnels de santé dans l’exercice ou du fait de leurs fonctions. Cette proposition de loi nous permet d’aller plus loin en réprimant les violences commises à l’encontre de tous les personnels et dans tous les secteurs de la santé, à l’hôpital comme en ville et dans les établissements médico-sociaux.
    Les violences verbales et les insultes contre les soignants ou envers les professionnels des structures médicales seront aussi plus fermement réprimées. C’est très important : la tolérance zéro, c’est de ne rien laisser passer ! Une insulte, qu’elle soit en face ou en ligne, n’est jamais anodine. Il faut briser la spirale de la violence dès son premier stade. C’est pourquoi je salue la création d’un délit d’outrage élargi à l’ensemble des professionnels qui concourent aux soins, qu’ils soient considérés ou non comme exerçant une mission de service public.
    Enfin, afin d’accompagner, de soutenir et de protéger les professionnels victimes, nous facilitons le dépôt de plainte. Celui-ci est, en effet, souvent ressenti comme une épreuve difficile par les professionnels confrontés aux violences. Certains craignent également les représailles. Cela aboutit à de nombreux renoncements –⁠ laissant les actes et les auteurs impunis.
    C’est pourquoi le texte ouvre à l’employeur d’un professionnel de santé la possibilité de déposer plainte à sa place, avec son accord écrit, pour certaines infractions. Cela concerne les établissements de santé –⁠ hôpitaux, cliniques, Ehpad –, mais aussi les cabinets, laboratoires ou encore pharmacies.
    La question des libéraux, qui sont leur propre employeur, s’est naturellement posée : un décret viendra préciser quels sont les organismes représentatifs autorisés à porter plainte. Je veillerai à ce qu’une concertation ait lieu et à ce qu’il soit publié rapidement. Les discussions avec les ordres ainsi qu’avec les unions régionales des professionnels de santé (URPS) sont en cours.
    L’objectif est que la victime se sente soutenue et que le dépôt de plainte devienne un réflexe. C’est pourquoi, pour faciliter et sécuriser encore plus ce dépôt de plainte, je travaille en ce moment même, avec les ministres de l’intérieur et de la justice, à la mise en place d’un dispositif spécifique de visio-plainte pour les soignants victimes.
    Face aux violences physiques, verbales ou numériques contre nos soignants et tous ceux qui concourent aux soins, vous l’aurez compris, je n’ai qu’une seule ligne, celle de la fermeté ; je n’ai qu’un seul mot d’ordre, la tolérance zéro.
    Ces violences sont une question qui se pose à toute notre société. Nous apportons aujourd’hui à ces actes qui menacent directement celles et ceux qui nous soignent, qui nous sauvent, qui prennent soin de nous et de notre santé, une réponse à la hauteur de l’enjeu, à la hauteur de leur engagement, à la hauteur de ce que nous leur devons. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR et HOR.)

    Motion de rejet préalable

    Mme la présidente

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    J’ai reçu de Mme Mathilde Panot et des membres du groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire une motion de rejet préalable déposée en application de l’article 91, alinéa 5, du règlement. (Vives exclamations sur les bancs du groupe RN.)
    La parole est à Mme Marie Mesmeur. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Stéphanie Rist

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    Honteux !

    Mme Marie Mesmeur

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    Nous discutons d’un texte qui prétend répondre à la violence contre les personnels de santé. Mais cette proposition de loi ne répond à rien : elle ne protège pas, elle ne prévient pas, elle ne soigne pas. (Vives exclamations sur les bancs du groupe RN.) Elle ajoute simplement quelques lignes à un code pénal déjà saturé sans jamais s’attaquer aux causes profondes de la crise.
    Si nous défendons cette motion de rejet préalable, c’est parce que ce texte est non seulement inutile, mais dangereux. Il donne l’illusion de l’action, mais ne fait que déplacer le problème ; il alimente la spirale de la pénalisation alors qu’il faudrait construire des réponses humaines, structurelles, politiques. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
    Les responsables de l’état catastrophique de notre système de soins, ceux qui ont méthodiquement affaibli l’hôpital, suspendu les investissements, organisé la pénurie viennent aujourd’hui avec la seule réponse qui ne leur coûte rien : l’inflation pénale. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Exclamations persistantes sur les bancs du groupe RN.)
    Avant d’entrer dans le détail, je veux dire ici tout mon soutien à celles et ceux qui, chaque jour, dans des conditions de plus en plus intenables, font tenir debout notre système de santé, autant que possible, à la force de leur engagement. Je veux également redire fermement qu’aucune violence à leur encontre n’est tolérable.
    La violence contre les soignants est inacceptable, mais il est aussi inacceptable de la nourrir en laissant pourrir notre système de santé. Vous créez les causes, vous pointez le symptôme, mais vous refusez le diagnostic ; et surtout, vous ne proposez aucun traitement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
    En 2021, l’Observatoire national des violences en milieu de santé a fait état de 19 328 agressions à l’encontre de professionnels de santé. Ce chiffre, aussi choquant que révoltant, dit l’urgence d’agir.
    Agir, mais comment ? Votre démonstration d’autorité est une façade ; derrière, il n’y a que du vide : votre texte est vide de réflexion, vide de vision, vide de solution. Car le problème est mal posé. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Vous traitez les violences comme des faits isolés, comme des dérapages imprévisibles, alors qu’elles sont bien souvent le symptôme d’un système à bout. En effet, les services les plus exposés au risque de violence sont toujours les mêmes : la psychiatrie, les urgences, les Ehpad, les unités de soins de longue durée. (Mme Stéphanie Rist s’exclame.) En 2021, ces trois secteurs concentraient à eux seuls près de 47 % des actes de violence signalés.
    Et surtout, les raisons évoquées par les signalements disent autre chose que ce que le texte laisse entendre. En 2021, près d’un signalement sur deux –⁠ 48,5 % – concernait des reproches liés à la prise en charge du patient ; en 2022, cette proportion a grimpé à 51,4 %. Autre cause majeure : le refus de soin, ou plus précisément de nursing, qui représente plus de 21 % des cas. Autrement dit, on ne parle pas ici d’un problème d’ordre public, mais de qualité des soins, de relations humaines, de conditions de travail. (Protestations sur les bancs du groupe HOR. –⁠ Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Face à cela, le gouvernement répond par le pénal, comme s’il s’agissait d’un simple problème d’incivilité ! Mais, monsieur le ministre… Monsieur le ministre, je vous parle ! (Vives exclamations sur les bancs des groupes RN et HOR.)

    Mme Claire Marais-Beuil

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    Un peu de respect !

    Mme la présidente

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    S’il vous plaît ! L’oratrice a dix minutes de temps de parole, tout le monde va écouter cette intervention, dans le silence. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) Mais si, même vous, vous pouvez y arriver.

    Mme Marie Mesmeur

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    C’est ni plus, ni moins qu’une erreur de diagnostic. Le projet politique imposé par la Macronie depuis 2017…

    Mme Caroline Colombier

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    Pas d’insultes !

    Mme la présidente

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    On écoute dans le calme. Je suis sûre que le ministre répondra ensuite et nous l’écouterons également dans le calme.
    Seule Mme Mesmeur a la parole.

    Mme Marie Mesmeur

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    Le projet politique imposé par la Macronie depuis 2017 est guidé non pas par une idée du bien commun, mais par des logiques comptables, managériales, technocratiques. (M. Cyrille Isaac-Sibille s’exclame.) On réduit, on externalise, on fait des économies sur tout –⁠ sauf sur les effets d’annonce. L’hôpital, comme tant d’autres services publics, est géré comme une entreprise en crise permanente : flux tendus, personnel pressuré, injonctions contradictoires.
    Dans ce modèle, la souffrance devient un dommage collatéral acceptable et la violence un simple dysfonctionnement à corriger à coups de circulaires et de sanctions.

    Mme Anne Le Hénanff

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    Hors sujet !

    Mme Marie Mesmeur

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    Il n’y a là ni ambition pour la santé, ni considération pour ceux qui la font vivre.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    C’est une plaisanterie ?

    Mme Marie Mesmeur

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    Il n’y a qu’une fuite en avant, sans cap et sans souffle –⁠ enfin si : le souffle de l’austérité.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Ne jouez pas avec la santé ! C’est vous qui applaudissiez les soignants ?

    Mme Marie Mesmeur

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    Je vais vous parler de ma circonscription. À Rennes, la réalité hospitalière est devenue insoutenable. L’hôpital Guillaume-Régnier, plus grand centre psychiatrique de l’Ouest –⁠ mais apparemment cela n’intéresse pas le Rassemblement national… (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Un instant, madame la députée. (Exclamations continues sur les bancs du groupe RN.) J’ai demandé un peu de calme, et je voudrais un peu de calme. Si vous avez des discussions à terminer, vous pouvez sortir de l’hémicycle.

    Mme Marie Mesmeur

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    Je parlais donc de l’hôpital Guillaume-Régnier, à Rennes, le plus grand centre psychiatrique de l’Ouest. Il a perdu 120 lits en trois ans. (Sur les bancs du groupe RN, les exclamations persistent pendant toute l’intervention.)

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Ce que vous dites est honteux ! Honteux !

    Mme Marie Mesmeur

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    C’est un effondrement progressif, silencieux, mais bien réel, de l’offre de soins en santé mentale dans un territoire dont les besoins sont pourtant forts.

    Mme Anne Le Hénanff

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    Hors sujet !

    Mme Marie Mesmeur

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    Au centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes, l’hôpital de Pontchaillou, la situation est tout aussi critique : depuis janvier, les urgences sont saturées à cause des épidémies hivernales. Le plan Blanc a été déclenché par l’agence régionale de santé, mais les renforts restent dérisoires face à l’ampleur de la crise. Les urgences adultes reçoivent près de 200 patients chaque jour, les lits de réanimation sont pleins et le reste de l’hôpital fonctionne lui aussi sous tension.

    Mme Anne Le Hénanff

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    Hors sujet !

    Mme Marie Mesmeur

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    Les témoignages que je reçois sont alarmants. Des personnes âgées laissées sur des brancards pendant plus de dix heures ; un accès aux urgences désormais soumis à un appel au 115 dans énormément d’hôpitaux, notamment la nuit ; des soignants rappelés depuis chez eux durant leur temps de repos ; une ambiance d’épuisement, d’angoisse et de surcharge.
    Ce que me décrivent les personnels, ce sont des conditions de travail devenues invivables, avec un risque permanent d’erreur médicale.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Le texte porte sur des violences !

    Mme Marie Mesmeur

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    Je l’ai moi-même constaté : le 27 avril, alors que j’étais aux urgences, un homme très âgé –⁠ respectez-le, s’il vous plaît – qui s’était cassé la clavicule suppliait qu’on le laisse passer la nuit aux urgences parce que sa femme était elle-même alitée à leur domicile et qu’il ne pourrait pas assurer la moindre tâche domestique. Pourtant, faute de lits, à une heure du matin, il a été ramené chez lui après des heures passées sur un brancard dans les couloirs.

    Mme Anne Le Hénanff

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    Hors sujet !

    Mme Marie Mesmeur

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    Évidemment, après la sidération, après les larmes, est venue la colère, très forte, face à des soignants conscients du problème, mais impuissants.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Vous trouvez des excuses aux violences !

    Mme Marie Mesmeur

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    Cette situation locale reflète une tendance nationale alarmante. Depuis 2003, ce sont quelque 94 000 lits qui ont disparu, et le rythme s’accélère : rien qu’en 2023, 4 867 lits ont encore été supprimés, soit une baisse de 1,3 %, bien supérieure à la moyenne de 0,9 % constatée avant la crise sanitaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Alors ne faites pas semblant de découvrir cette hémorragie ! Vous en êtes responsables, car vous avez asphyxié l’hôpital public. Ce qu’il faut, c’est investir, investir massivement, investir structurellement, pour qu’à Rennes comme ailleurs, l’hôpital puisse à nouveau remplir sa mission de service public : soigner, et sans condition. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Maud Petit

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    Hors sujet !

    Mme Marie Mesmeur

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    Parlons enfin de cette inflation pénale. D’entrée, un spoiler  : elle ne fonctionne pas ! Elle permet de faire des plateaux télé, elle frappe les esprits, elle coche les cases de la communication politique. Mais elle ne règle rien. Durcir les peines n’a jamais suffi à prévenir la violence, encore moins à soigner ce qui la provoque. Tout cela, nous vous l’expliquons depuis des mois, à l’occasion de chacun de vos textes de surenchère répressive.

    M. Paul Christophe

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    Hors sujet !

    Mme Marie Mesmeur

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    Vous incarnez l’illusion de l’action à grand bruit et à bas coût.
    Mais aucune étude n’a démontré de lien entre la sévérité des peines et la diminution des actes violents ou délictueux, bien au contraire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Alors laissons faire ! C’est cela ! Laissons faire !

    Mme Marie Mesmeur

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    La Commission nationale consultative des droits de l’homme, dont vous devriez lire les travaux, collègue, est claire : ce qui dissuade, ce n’est pas la lourdeur de la peine, mais le fait de ne pas rester impuni. Et même cela ne suffit pas. La CNCDH souligne qu’une approche globale est nécessaire, et que la réponse pénale ne peut être qu’un des éléments d’une stratégie –⁠ pas l’alpha et l’oméga. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    D’ailleurs, notre droit pénal n’est pas démuni : les violences, les menaces, les intimidations sont déjà lourdement réprimées. Le code pénal regorge de dispositions à ce sujet. Il n’y a pas de vide juridique à combler, mais un désordre structurel, politique, à réparer. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Depuis 2017, vous avez méthodiquement affaibli les services publics, démantelé la solidarité, comprimé les moyens de l’action publique à tous les étages. Et, toujours, face aux conséquences de vos propres choix, vous agitez la réponse pénale comme si elle pouvait tout réparer. Les derniers textes défendus par votre majorité en témoignent.
    Regardons concrètement cette proposition de loi. Met-elle en place la prise en charge à 100 % des soins par l’assurance maladie, comme nous le proposons ? Non. Augmente-t-elle le recours au contrat d’engagement de service public pour les étudiants en médecine, avec un objectif de 10 000 contrats conclus à la fin du quinquennat ? Non. Permet-elle aux étudiants en médecine d’étudier dans des conditions décentes jusqu’à la fin de leur internat grâce à une garantie d’autonomie de 1 063 euros, et reconnaît-elle leur travail de stage ? Toujours pas. Engage-t-elle un plan de recrutement pluriannuel de 100 000 soignants et médecins supplémentaires à l’hôpital, et 300 000 dans le secteur médico-social et les Ehpad ? Encore moins.

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure

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    Ce n’est pas le sujet !

    Mme Marie Mesmeur

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    Au lieu de cela, l’article 1er propose plutôt d’aggraver des peines prononcées après des infractions commises à l’encontre du personnel ou des établissements de santé. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
    Comment ne pas s’opposer à cette logique, devenue réflexe, qui multiplie et alourdit les peines mais qui ne démontre jamais son efficacité ? L’aggravation des peines ne coûte pas cher à l’État, mais donne l’illusion d’une action ferme, alors qu’elle ne répond pas aux besoins du terrain.
    Dans le contexte particulier de l’hôpital, ce sont surtout les conditions de travail dégradées, souvent indignes, qui nourrissent les tensions et les violences.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    C’est cela, excusons les violences !

    Mme Marie Mesmeur

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    C’est donc d’une réponse institutionnelle, fondée sur les besoins et centrée sur l’amélioration des conditions de travail, que nous avons besoin.
    Ce texte n’est encore une fois qu’un écran de fumée, qu’une opération de diversion, qu’un rideau législatif tiré pour masquer la scène du désastre. Vous prétendez répondre à la violence, mais vous refusez d’en nommer les causes. Vous brandissez le code pénal comme un totem, comme une solution miracle, pendant que l’hôpital s’effondre dans votre indifférence.
    Pour chaque lit supprimé, pour chaque poste non remplacé, pour chaque soignant brisé et en burn-out, vous portez une part de responsabilité. Et maintenant, vous voudriez légiférer à bon compte et faire croire que vous agissez ? Un système de santé mentale se soigne avec du courage, avec des choix budgétaires, avec une vision politique. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Rien de tout cela ne figure dans ce texte.
    Le courage, vous ne l’avez pas ; la vision politique, l’avez-vous jamais eue ?
    Oui, nous voterons cette motion de rejet, parce que la santé mérite mieux qu’une inflation pénale, parce que les soignants méritent mieux que des symboles, parce qu’un pays qui maltraite son hôpital est un pays qui renonce à prendre soin de lui-même. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Vives exclamations sur les bancs du groupe RN, dont les membres égrènent les secondes de temps de parole restant à l’oratrice.)
    Parce qu’être insoumis, c’est toujours défendre le bien commun, parce qu’être insoumis, c’est toujours défendre le service public et le patrimoine de ceux qui n’en ont pas ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP, dont plusieurs membres se lèvent.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre.

    M. Yannick Neuder, ministre

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    Vous préconisez des actes et pas des actes de communication –⁠ d’agir pour l’hôpital plutôt que de faire du bruit. Je constate que cette après-midi, la quasi-totalité de l’hémicycle agit ensemble pour lutter contre les violences à l’encontre des soignants. Madame la députée, vous ne devriez pas sourire : vous m’avez interpellé, permettez-moi de répondre. Lorsque des soignants sont agressés, je me rends quasi systématiquement sur place. La prochaine fois, je vous inviterai à m’accompagner et à leur redire ce que vous venez de dire. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, EPR, DR et HOR.) Il faut bien entendu une réponse globale en matière d’offre de soins, mais est-ce que vous croyez que banaliser la violence dont nos soignants sont victimes en est une ? (Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Marie Mesmeur

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    Ce n’est pas ce que nous avons dit !

    M. Yannick Neuder, ministre

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    Je vous invite à réitérer vos propos devant les soignants. (Mêmes mouvements.) Madame la présidente, vous m’avez reproché de ne pas écouter attentivement l’oratrice ; je vous invite à lui faire remarquer qu’elle devrait écouter la réponse. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Monsieur le ministre,…

    M. Yannick Neuder, ministre

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    Je termine, madame la présidente.

    Mme la présidente

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    Non, s’il vous plaît, monsieur le ministre. Je viens de demander le silence. Je le demande à nouveau et à l’ensemble de l’hémicycle parce que je pense qu’il est important que nous écoutions votre réponse.
    Je vous en prie, continuez.

    M. Yannick Neuder, ministre

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    Des centaines de milliers de professionnels de santé, tous les jours, soignent les autres. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous leur devons une sécurité maximale. Tous les moyens doivent être mobilisés pour prévenir les violences –⁠ pas moins de 25 millions d’euros seront débloqués pour sécuriser les établissements – et améliorer les conditions de travail des soignants. Mais, et je l’assume, face à ces violences insupportables, il faut aussi une réponse pénale forte. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Applaudissements sur les bancs du groupe EPR. –⁠ M. Jean-Didier Berger applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la rapporteure.

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure

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    Cette motion de rejet ne me surprend pas –⁠ avec le groupe LFI, rien ne nous surprend –, mais sur un tel sujet, elle fait honte à l’hémicycle. Vraiment ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, EPR et HOR.) Je vous invite, comme le fait M. le ministre et comme je le faisais moi-même lorsque j’étais membre du gouvernement, à aller écouter les professionnels victimes de violence,…

    Mme Mathilde Feld et Mme Marie Mesmeur

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    Vous croyez qu’on ne le fait pas ?

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure

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    …en particulier les secrétaires médicales qui, au quotidien, se font insulter par les patients. Vraiment, faites-le. (Mêmes mouvements.)
    Vous parlez d’actes de communication. Personne ici ne prétend que cette proposition de loi va résoudre le problème…

    Mme Anaïs Belouassa-Cherifi

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    Pourquoi l’adopter, alors ?

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure

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    Permettez-moi de terminer ma phrase. Ce n’est qu’un élément d’un plan global comprenant plus de quarante mesures, dont toutes ne relèvent pas du pouvoir législatif, destinées à accompagner les professionnels de santé victimes au quotidien d’actes de violence. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Vous parlez d’actes de communication, mais excusez-moi, que venez-vous de faire avec cette motion de rejet ? (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme Marie Mesmeur

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    De la politique !

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure

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    C’est exactement cela : de la communication !

    M. Florent Boudié, président de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République

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    Elle a raison !

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure

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    Sur un texte attendu par les professionnels, vous vous servez d’une motion de rejet pour faire de la communication, point barre. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Vous devriez avoir honte de le faire sur un sujet comme celui-là. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, EPR, DR et HOR.)

    Mme la présidente

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    Nous en venons aux explications de vote.
    La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.

    M. Cyrille Isaac-Sibille (Dem)

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    Je crois en la relation entre le soignant et le patient, qui repose sur le respect mutuel.

    Une députée du groupe HOR

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    Ils ne savent pas ce qu’est le respect !

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Comme Mme la rapporteure, je suis surpris par cette motion de rejet. Il y a quatre ans, nous applaudissions les soignants (« Nous aussi ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.) –⁠ j’espère que vous le faisiez. Faites preuve d’un peu de solidarité vis-à-vis de ceux qui sont agressés. Ce ne sont pas forcément les médecins ; ce sont souvent les infirmières, les aides-soignants, les secrétaires qui sont harcelés. Pour garantir le respect entre patients et soignants, il faut être très ferme vis-à-vis de toute violence –⁠ malheureusement, je vois que vous l’excusez. (M. Pascal Lecamp applaudit.)

    Mme Marie Mesmeur

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    Vous n’avez pas écouté la première minute de mon intervention ! Vous êtes des hypocrites !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. David Taupiac.

    M. David Taupiac (LIOT)

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    Nous voterons évidemment contre cette motion de rejet préalable, qui est complètement indécente dans le contexte actuel. Comment refuser de protéger les soignants, qui sont là pour soigner nos concitoyens ? Comment voulez-vous qu’ils travaillent en situation d’insécurité ? Pour bien travailler, il faut être protégé –⁠ c’est valable pour les soignants comme pour les éducateurs dans le médico-social. Il est indispensable que cette proposition de loi, même imparfaite, soit adoptée. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous voterons contre la motion de rejet préalable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Gaëtan Dussausaye.

    M. Gaëtan Dussausaye (RN)

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    Chers députés d’extrême gauche –⁠ de La France insoumise –, quelle indignité ! Quelle indécence totale ! Quelle honte de déposer une motion de rejet sur un texte comme celui-là ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) Alors que chaque jour, soixante professionnels de santé –⁠ des soignants, des infirmiers, des médecins, des spécialistes – se font agresser, violenter, verbalement ou physiquement, comment osez-vous déposer une motion de rejet pour empêcher l’hémicycle d’agir –⁠ certes, pas suffisamment, mais au moins un tout petit peu – pour renforcer leur sécurité et les protéger ?
    On parle de femmes et d’hommes qui consacrent leur vie à sauver celle des autres et à soigner. Ces gens font face à une explosion des violences au sein des établissements hospitaliers et des cliniques privées. Ils interviennent dans des quartiers où ils ne peuvent plus se rendre sans l’appui des pompiers, des policiers ou des gendarmes. Et vous, vous proposez de ne leur apporter aucune réponse.

    M. Alexandre Dufosset

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    Quelle honte !

    M. Gaëtan Dussausaye

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    Vraiment, quelle indécence et quelle honte !
    J’entends vos arguments : oui, malheureusement, le texte n’apporte pas les moyens nécessaires pour redresser l’hôpital public. Mais –⁠ et c’est faire preuve d’étroitesse d’esprit que de ne pas le voir (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP), on peut faire les deux ! Moi aussi, je dénonce l’irresponsabilité, non seulement des macronistes depuis 2017, mais aussi des gouvernements de droite et de ceux de François Hollande –⁠ vos alliés socialistes, qui ont dépecé et saccagé l’hôpital public ainsi que le droit à la santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) Je vous en supplie, un peu d’humanité, un peu de décence ! Agissons pour les professionnels de santé. Ce ne sera pas suffisant ; la meilleure chose qu’on peut leur souhaiter, c’est évidemment un gouvernement dirigé par Jordan Bardella, avec Marine Le Pen présidente –⁠ les seuls qui rétabliront la sécurité partout, y compris en matière de santé et dans nos hôpitaux. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Sur la motion de rejet préalable, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Antoine Léaument.

    M. Antoine Léaument (LFI-NFP)

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    Quelle honte ! (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) La honte est de votre côté : vous prétendez protéger les soignants, mais cette proposition ne fait qu’une chose : modifier le code pénal. (Exclamations sur les bancs des groupes RN et HOR. –⁠ « Bravo ! » sur les bancs du groupe HOR.) Si vous aviez voulu protéger les soignants, vous auriez pris au sérieux la plainte déposée contre le ministre Neuder pour non-assistance à personne en danger ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Ce qui met en danger les soignants, c’est le manque de moyens dans l’hôpital public. Cet après-midi, la présidente de la commission des affaires sociales devrait être assise aux bancs des commissions, plutôt que le président de la commission des lois ! (Mêmes mouvements.) Voilà comment on redresse l’hôpital !
    Vous voulez aider les soignants ? Faites en sorte qu’ils ne soient pas en burn-out ! Écoutez ce qu’ils vous disent ! (Exclamations sur les bancs du groupe HOR.) Ils se sont opposés par centaines de milliers à votre réforme des retraites qui va les faire mourir plus tôt ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Voilà la vérité : c’est vous qui mettez en danger les soignants en permanence ! (Exclamations sur les bancs du groupe HOR.) S’il y a des tensions dans l’hôpital public, c’est sans doute parce que vous avez sans cesse diminué les moyens.

    Une députée du groupe HOR

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    Oh, ça va !

    M. Antoine Léaument

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    Quand il s’agit de punir les agressions, nous sommes là –⁠ nous vous demandons sans cesse d’augmenter les moyens de la justice, mais vous n’adoptez pas cette augmentation ! (Exclamations sur les bancs du groupe HOR.) D’ailleurs, on ne peut pas voter, puisque vous avez recours au 49.3 dès lors que personne n’est d’accord avec vous. Vous l’avez fait en matière de retraites, vous le faites pour le budget, et maintenant, vous prétendez être du côté des soignants, alors que vous voulez faire 40 milliards d’économies !
    La honte est de votre côté et de celui du Rassemblement national, qui ne votera pas la censure de ce gouvernement illégitime et indigne. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Exclamations sur les bancs du groupe RN.) Les soignants savent sur qui ils peuvent s’appuyer, dès 2025 ou 2026 en cas de  dissolution, dès 2027 avec l’élection présidentielle ! Nous redresserons l’hôpital public que vous avez mis à terre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Jean-Luc Bourgeaux

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    Tu seras viré !

    M. Matthias Renault

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    Honte à vous !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Roger Vicot.

    M. Roger Vicot (SOC)

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    Je serai bref car je m’exprimerai lors de la discussion générale. Nous nous abstiendrons sur la motion de rejet (Exclamations sur les bancs des groupes RN, Dem et HOR),…

    M. Florent Boudié, président de la commission des lois

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    Une parole apaisante ! Quel courage !

    Mme la présidente

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    Allez-y, monsieur le député.

    M. Roger Vicot

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    …parce que ce texte est hémiplégique : il apporte certaines avancées mais comporte de nombreuses lacunes. Nous aurons l’occasion de préciser tout cela dans quelques instants.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix la motion de rejet préalable.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        167
            Nombre de suffrages exprimés                158
            Majorité absolue                        80
                    Pour l’adoption                24
                    Contre                134

    (La motion de rejet préalable n’est pas adoptée.)
    (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et HOR.)

    M. Alexandre Portier

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    Non seulement c’était mauvais, mais en plus c’était inutile !

    M. Philippe Gosselin

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    Ce n’était pas glorieux !

    Discussion générale

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Roger Vicot.

    M. Roger Vicot

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    Personne ne s’aviserait de contredire l’idée que nos soignants remplissent une mission essentielle et qu’assurer leur sécurité dans l’exercice de leurs fonctions est un enjeu fondamental. Depuis la crise du covid qui a exacerbé les tensions –⁠ et souvent l’agressivité – dans de nombreux domaines, ceux que l’on appelait à juste titre « les premiers de cordée » se sont retrouvés au front de ces nouvelles confrontations. La tendance ne s’est malheureusement pas inversée depuis. C’est pourquoi le titre de cette proposition de loi visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé nous paraissait a priori annonciateur de propositions légitimes eu égard aux situations vécues par ces derniers.
    Quelle déception ! Rien dans ce texte –⁠ je dis bien rien – ne propose quelque mesure que ce soit de nature à renforcer la sécurité des professionnels de santé. Vous aviez l’occasion d’instaurer, par la loi et pas seulement par voie réglementaire, un grand plan s’appuyant sur les réflexions déjà menées en les approfondissant. Ainsi, vous auriez figé dans le marbre de la loi des mesures permettant de renforcer la sécurité des professionnels de santé.
    Pourtant, vous disposiez de travaux sur le sujet et vous auriez pu profiter –⁠ permettez-moi l’expression – d’un véritable boulevard pour répondre aux problèmes posés.
    L’Observatoire national des violences en milieu de santé a ainsi dressé un état des lieux en novembre 2022 : 20 000 actes de violence étaient recensés pour l’année 2021, et le même organisme les estime à presque 21 000 en 2024. D’année en année, on observe donc une inquiétante stabilité, voire une légère augmentation des violences à l’encontre des professionnels de santé dans les lieux de soins –⁠ un phénomène qui constitue un enjeu sociétal.
    Dans un deuxième temps, en janvier 2023, le gouvernement de Mme Élisabeth Borne a confié au docteur Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins, et à Mme Nathalie Nion, cadre supérieure de santé à l’AP-HP, une mission sur le sujet. Après six mois de travail, leur rapport final présentait quarante-quatre propositions articulées autour de six axes : agir sur les déterminants de la violence ; acculturer les professionnels ; mieux objectiver les faits de violences internes et externes ; accompagner et soutenir les victimes ; préparer les futurs professionnels ; communiquer auprès de tous les acteurs. Il aurait fallu les graver dans le marbre de la loi, au lieu de limiter celle-ci à quelques modifications de la réglementation.
    Pour répondre aux problèmes posés, vous disposiez donc à la fois d’un état des lieux précis et de nombreuses propositions argumentées et formulées par des professionnels. Vous n’avez malheureusement rien retenu de cet excellent travail dans l’élaboration de la proposition de loi, qui s’est presque exclusivement focalisée sur l’aggravation des peines encourues.
    Nous nous retrouvons une fois de plus face à un texte hémiplégique, qui ignore à la fois le travail de terrain, l’accompagnement des professionnels et les enjeux de la formation initiale et continue. Les mesures qu’il prévoit ne protégeraient les professionnels que dans un seul cas : celui où les délinquants prendraient connaissance du code pénal avant de passer à l’acte et s’en trouveraient, éventuellement, réfrénés dans leurs actes. C’est dire l’efficacité que l’on peut en attendre !
    Dans le cadre de nos travaux, nous avons également consulté plusieurs soignants, que j’ai interrogés sur la question de l’aggravation des peines. Soyez assurés que leur sentiment était, au mieux, empreint de scepticisme. En réalité, la problématique de la sécurité repose sur deux axes majeurs qu’on aurait dû, je le répète, intégrer dans ce texte.
    Premièrement, les personnels de santé sont-ils capables de gérer une crise quand elle se manifeste, c’est-à-dire de rester calmes et de désamorcer un emportement pour éviter une manifestation violente grâce aux savoir-faire en matière de désescalade ? Deuxième question : si un ou des individus introduisent directement la violence au sein d’un établissement –⁠ par exemple sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants, et éventuellement armés –, des personnels de sécurité formés sont-ils prêts à intervenir ? Voilà, selon moi, le cœur du problème.
    Je conclurai en revenant sur l’interpellation que M. le ministre a faite à l’instant. La prochaine fois que des soignants seront agressés, vous leur direz que ce texte a permis d’aggraver certaines peines et que le vol de matériel médical est désormais plus sévèrement puni. Certes, le renforcement des sanctions n’est pas inutile. Mais je ne crois pas que ce texte réponde pleinement aux attentes des professionnels de santé. Je l’ai dit, et je le répète : il fallait inscrire dans la loi des mesures réellement adaptées au traitement global de la question.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Nous sommes réunis cet après-midi pour adopter un texte important, attendu par les professionnels de santé mais aussi –⁠ ne l’oublions pas ! – par le personnel administratif des établissements de santé. Tous réclament une meilleure protection face à la recrudescence des violences, qu’elles soient verbales ou physiques, dont ils sont les victimes, dans un contexte général marqué par une montée de la violence.
    Je ne doute pas que nous serons nombreux à voter en faveur de cette proposition de loi. En revanche, je ne vous cache pas ma sidération face au dépôt d’une motion de rejet par le groupe La France insoumise sur un tel sujet. Ce texte entend répondre au sentiment, largement partagé par les professionnels de santé, d’une recrudescence des violences à leur encontre. Il ne s’agit pas d’un simple ressenti, mais bien d’une réalité qu’ils vivent au quotidien.
    En 2021, plus de 20 000 signalements ont été recensés. Plus de la moitié concernaient des violences physiques ou des menaces avec arme, et près d’un tiers des insultes ou injures. Les personnels les plus exposés travaillent en services de psychiatrie, puis en Ehpad et en unités de soins de longue durée (USLD), et enfin aux urgences. Comme je le rappelais à l’instant, ce ne sont pas seulement les soignants –⁠ infirmiers, aides-soignants – qui sont visés, mais aussi le personnel administratif.
    En 2022, 37 % des professionnels de santé déclaraient avoir été victimes de violences. Ces chiffres, déjà alarmants, sont sans doute en deçà de la réalité, tant les agressions –⁠ verbales comme physiques – restent encore trop souvent tues. Il n’y a pas si longtemps, nous étions des millions à les applaudir chaque soir à nos fenêtres. Ces mêmes professionnels, ces mêmes personnels dévoués, qui consacrent leurs journées à aider les autres, subissent aujourd’hui une violence croissante, qui se banalise, et dont la gravité ne cesse d’augmenter. Il est urgent d’y répondre.
    Cette proposition de loi envoie un signal fort. Elle constitue un message de soutien sans faille envers celles et ceux qui subissent des agressions dans l’exercice de leurs fonctions. De plus, ce texte ne se limite pas à un geste symbolique : il vient renforcer notre arsenal législatif en intégrant les mesures du plan gouvernemental pour la sécurité des professionnels de santé, présenté en septembre 2023.
    Certes, certaines dispositions attendues ne figurent pas dans ce texte car elles relèvent du domaine réglementaire. Mais plusieurs mesures majeures y sont bel et bien intégrées : d’abord, l’aggravation des peines pour les faits de vol ou de violence commis dans les établissements de santé ou à l’encontre de leurs personnels –⁠ il faut dissuader et sanctionner. Ensuite, l’extension du délit d’outrage aux professionnels de santé, ainsi que la création de circonstances aggravantes lorsque ces faits sont commis dans un établissement de santé. Enfin, l’élargissement de la protection fonctionnelle –⁠ c’est la moindre des choses – aux agents publics, pour toutes les procédures ouvrant droit à l’assistance d’un avocat.
    Madame la rapporteure, le groupe Démocrates vous remercie pour votre engagement sur ce sujet. Nous voterons sans réserve en faveur de cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Lise Magnier.

    Mme Lise Magnier

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    Le 22 mai 2023, à Reims, dans le service de médecine du travail où elle exerçait, Carène, infirmière, est poignardée et décède quelques heures plus tard. En novembre 2024, Mohammed Oulmekki, médecin de 64 ans était violenté à son cabinet, son agresseur lui causant une triple fracture du nez. Ce sont –⁠ parmi tant d’autres – deux exemples de plus, deux exemples de trop, deux événements tragiques qui ont mis en lumière le phénomène croissant des agressions à l’encontre des personnels soignants sur leur lieu de travail, et plus largement des agents publics dans l’exercice de leur fonction.
    Un chiffre, en particulier, témoigne de la malheureuse banalisation de ces actes : entre 2022 et 2023, les incidents visant des professionnels de santé ont augmenté de 27 %. Notre pays a atteint un chiffre tristement record, depuis le début de ce recensement il y a dix ans, avec 1 581 actes violents contre les professionnels de santé, ce chiffre demeurant sous-estimé.
    Dans un contexte global de montée de la violence dans notre société, les professionnels du soin sont effectivement devenus, eux aussi –⁠ même eux ! –, des cibles de violences physiques ou verbales. Le 12 mars, ces professionnels se sont mobilisés à l’occasion d’une journée de grève pour dénoncer l’augmentation sans précédent des violences à leur égard et, ainsi, mettre la lumière sur ce paradoxe absolu : comment peut-on s’en prendre aux personnes dont la raison d’être professionnelle est de prendre soin des autres ?
    Alors, répondons-leur par des mesures concrètes, qui témoigneront du soutien non seulement du législateur mais surtout des représentants du peuple et de la nation tout entière que nous sommes. Efforçons-nous de dépasser nos divergences politiques pour nous rassembler autour de l’essentiel : offrir une réponse claire aux préoccupations, plus que légitimes, de ceux qui prennent soin de nous.
    C’est tout le sens de cette proposition de loi, inscrite en 2024 à l’ordre du jour de la journée d’initiative parlementaire du groupe Horizons & indépendants. Mme la rapporteure l’a rappelé : ce texte vise avant tout à renforcer l’arsenal pénal applicable aux infractions de violence et de vol lorsqu’elles sont commises dans les établissements de santé. Ces lieux doivent être sanctuarisés : plus encore que tout autre service public, l’hôpital, les cabinets médicaux ou les centres de santé sont des espaces où des professionnels consacrent leur vie professionnelle, et souvent une part de leur vie personnelle, à prendre soin des autres.
    Ensuite, parce que la violence verbale constitue trop souvent le prélude à une violence physique, et que ses conséquences, bien que souvent invisibles, peuvent être extrêmement graves pour les victimes, cette proposition de loi prévoit également d’étendre le délit d’outrage à l’ensemble des professionnels de santé, tout en aggravant les peines lorsque ces outrages sont commis à l’encontre d’une personne chargée d’une mission de service public, au sein même d’un établissement de santé.
    Au nom des députés du groupe Horizons, je tiens à remercier très sincèrement Philippe Pradal, auteur et rapporteur de ce texte en 2024, pour son investissement plein et entier, ainsi qu’Agnès Firmin Le Bodo, notre rapporteure, dont l’engagement constant a permis au parcours législatif de ce texte de progresser, en complément du plan national de lutte contre les violences faites aux professionnels de santé.
    Le groupe Horizons & indépendants se réjouit de l’accueil plus que favorable réservé à cette proposition de loi dans notre assemblée, puis au Sénat, comme en témoigne son adoption à l’unanimité dans les deux chambres. Nous nous félicitons que la commission mixte paritaire ait été conclusive. Nous formons le souhait qu’un large consensus se dégage pour permettre l’adoption définitive de ce texte. Quoi qu’il en soit, nous voterons en faveur de cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR. –⁠ Mme Sylvie Bonnet applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. David Taupiac.

    M. David Taupiac

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    Ils sauvent des vies et on les menace. Ils soignent au quotidien, sans compter leurs heures, et on les insulte. Ils sont le pilier de notre système de santé et on les agresse. Chaque année, plus de 23 500 soignants sont victimes de violences, physiques ou verbales, soit une moyenne de 65 victimes par jour. Il ne s’agit plus d’un phénomène marginal : ces violences sont désormais quotidiennes et ont infiltré tout le secteur de la santé. Les médecins sont les plus ciblés, avec une augmentation de 27 % des agressions les concernant entre 2023 et 2024.
    Le groupe LIOT réaffirme son soutien indéfectible à l’ensemble des professionnels de santé. L’État leur doit beaucoup, et ces derniers n’attendent plus de simples remerciements : ils demandent de pouvoir exercer leur métier en toute sécurité. Notre groupe refuse que l’on s’habitue à ces agressions. Non, les violences ne font pas partie des risques du métier de médecin !
    La première réponse apportée par cette proposition de loi est l’aggravation des peines pénales pour les violences commises à l’encontre de tous les professionnels de santé. Si la création de circonstances aggravantes revêt une forte dimension symbolique, je sais qu’elle répond aussi à l’attente de nombreux soignants.
    Cela dit, si la répression est nécessaire, les probabilités que ces alourdissements de peine produisent des effets dissuasifs sont faibles. Un patient qui agresse un soignant ne se promène pas avec son code pénal sous le bras et ne sera pas dissuadé par le risque d’une sanction plus sévère.
    La principale difficulté réside dans le fait que les soignants n’osent pas déposer plainte : c’est une étape difficile qu’il faut les aider à franchir. C’est précisément là que cette proposition de loi sera véritablement utile : elle permet en effet à l’employeur ou aux ordres professionnels de porter plainte au nom du soignant victime. Sur le terrain, cette facilitation du dépôt de plainte pourrait véritablement changer la donne.
    En dépit de toutes ces mesures positives, le texte demeure insuffisant. Il ne s’attaque pas aux racines des violences ni aux difficultés des soignants. En juin 2023, le rapport sur les violences à l’encontre des professionnels de santé soulignait une priorité totalement négligée par ce texte : l’amélioration des conditions de travail des soignants et des conditions d’accueil des patients. L’Observatoire national des violences en milieu de santé établit un constat limpide : dans la majorité des cas, les violences sont liées à un reproche portant sur la prise en charge ou sur des délais d’attente jugés excessifs. Dans ces conditions, il n’est guère surprenant que 15 % des violences se produisent dans nos urgences qui sont saturées.
    Il faut regarder la réalité en face : tant que le gouvernement n’accordera pas de moyens budgétaires et humains supplémentaires à la santé publique, les violences persisteront.

    M. Nicolas Sansu

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    Merci de le dire !

    M. David Taupiac

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    Nous ne pouvons nous contenter de voter des mesures répressives qui ont l’avantage de ne rien coûter, alors que le système de santé entier est sous pression. Au fond, nous en revenons toujours au problème des déserts médicaux et de la surcharge des urgences. Oui, ces difficultés créent des tensions inacceptables, et les victimes directes en sont les soignants ! Pour sécuriser le cadre de travail des soignants, il faut avant tout reconstruire la confiance dans le service public de santé.
    Au-delà de ces réserves, notre groupe votera pour cette proposition de loi, qui contient tout de même des avancées. Nous espérons qu’après ce vote, les autres volets du plan pour la sécurité des professionnels de santé seront eux aussi mis en œuvre rapidement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Dem.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Nicolas Sansu.

    M. Nicolas Sansu

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    Comme le rappellent les auteurs de cette proposition de loi, le rapport publié par l’Observatoire national des violences en milieu de santé en novembre 2022 recense, pour l’année 2021, pas moins de 19 328 actes de violence. Plus de la moitié de ces actes relèvent de violences physiques ou de menaces avec arme et près de 30 % concernent des insultes ou des injures. Nous partageons sans aucune réserve l’indignation suscitée par ces violences. Nous exprimons notre pleine solidarité avec les personnels soignants victimes d’agressions inacceptables. Il est insupportable que ceux qui soignent ou qui participent au système de soins soient eux-mêmes exposés à la violence, dans l’exercice même de leur mission d’intérêt général.
    Cependant, nous sommes en désaccord avec les auteurs de la proposition de loi quant aux causes de ces violences et, par conséquent, quant aux mesures à prendre. Le texte propose une explication unique : le manque de fermeté. Selon cette logique, la crise que traversent les services de santé serait avant tout une crise d’autorité. Il suffirait donc de durcir les sanctions, de renforcer l’arsenal répressif du code pénal, pour dissuader les individus de passer à l’acte. Cette approche repose sur la représentation selon laquelle l’individu calculerait rationnellement les coûts et les bénéfices d’une agression avant de la commettre. Balivernes ! Le rapport de l’ONVS le montre clairement, les violences naissent d’abord de situations de tension systémique. En 2021, le principal déclencheur d’agressions, lié à 51,4 % des cas, réside dans la prise en charge du patient.

    Mme Stéphanie Rist

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    C’est la faute des secrétaires, alors ?

    M. Nicolas Sansu

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    Cette catégorie inclut les reproches touchant à la qualité ou à la rapidité de la prise en charge, ou encore les comportements violents de patients en état de détresse. Le deuxième motif recensé est le refus de soins dits de nursing –⁠ des soins d’hygiène et de confort, distincts des soins médicaux. Cette situation met en évidence l’épuisement professionnel croissant du personnel ainsi que le manque de personnel, mentionné dans plus de 20 % des déclarations. Enfin, le troisième facteur d’agression est le temps d’attente jugé excessif, notamment dans les services d’urgences. Ces faits ne pointent pas vers une crise d’autorité, mais bien vers une crise du système de santé lui-même.
    Je le répète, nous, députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, condamnons les violences –⁠ toutes les violences – subies par le personnel soignant et non soignant. Je ne parle pas seulement de la violence physique ou verbale visée par le texte, celle qui apparaît au grand jour, mais aussi de la violence sociale, celle qui s’évanouit dans l’obscurité des bureaux, celle qui supprime des maternités, des postes et des lits d’hôpitaux d’un simple trait de plume. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Le texte n’en dit pas un mot. C’est bien dommage, car c’est d’elle que naissent la plupart des maux touchant les soignants.

    M. Carlos Martens Bilongo

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    Eh oui !

    M. Nicolas Sansu

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    Nous partageons la volonté affichée d’envoyer un message de soutien aux soignants. Je tiens à faire une petite incise ô combien révélatrice de la situation globale. La plus grande clinique privée du département du Cher, située au cœur de ma circonscription, appartient au groupe Elsan, qui gave ses actionnaires, notamment les fonds de pension nord-américains. Les personnels soignants et non soignants, épuisés, doivent se battre pour obtenir une juste rémunération. Tous les bénéfices remontent vers le groupe Elsan et rien vers celles et ceux qui triment sans relâche pour l’accueil et la prise en charge de patients –⁠ je pense notamment à l’oncologie.

    M. Jean-François Coulomme

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    Il est là, le problème !

    M. Hadrien Clouet

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    Scandaleux !

    M. Nicolas Sansu

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    La direction de cette clinique est si inflexible qu’elle met en péril des vies, retardant des interventions chirurgicales urgentes, accusant les personnels en grève de provoquer le chaos. C’est cela, la réalité de notre système de santé !

    M. Christophe Bex

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    Elle est là, la violence !

    M. Nicolas Sansu

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    Une fois ce texte voté, qu’est-ce qui changera réellement dans la vie quotidienne de nos soignants ? Certes, le dépôt de plainte sera plus facile, mais à part cela, rien. Les établissements de santé seront toujours sous tension, les équipes toujours aussi épuisées et les patients sujets à des attentes interminables dans des couloirs surchargés.

    M. Christophe Bex

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    Tout à fait !

    M. Nicolas Sansu

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    Cette situation risque de perdurer au vu des annonces du gouvernement pour le prochain budget : 40 milliards d’économies sans toucher aux recettes.

    Mme Mathilde Feld

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    Exactement !

    M. Philippe Vigier

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    Ah, nous y voilà !

    M. Nicolas Sansu

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    L’année blanche dont la petite musique commence à tintinnabuler signifierait une perte de 8 à 10 milliards d’euros pour la santé. Ce serait un véritable massacre pour les malades et pour les personnels. Face à cette chronique d’une déliquescence annoncée, notre seule certitude est que l’avenir du monde du soin se jouera lors du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale.

    M. Hadrien Clouet

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    La motion de censure décidera !

    M. Nicolas Sansu

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    Dans ces conditions, la présente proposition de loi n’aura pas la portée attendue et relève surtout du symbole. Pour ces raisons, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine n’approuvera ni ne s’opposera à ce texte. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Nicole Dubré-Chirat

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    La honte !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexandre Allegret-Pilot.

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    Nous nous apprêtons à nous prononcer sur la proposition de loi visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé. À titre liminaire, le groupe UDR se dissocie radicalement de la motion de rejet honteuse qui a été déposée par La France irresponsable et le Nouveau Front populiste. (Rires sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Les médecins, les infirmiers, les aides-soignants s’en souviendront. Vous êtes complaisants avec la violence lorsque cela vous arrange. Nous, à l’UDR, nous refusons la France du déni, celle que vous incarnez systématiquement, qu’il s’agisse de Mayotte ou de la sécurité de nos professionnels de santé.

    Mme Mathilde Feld

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    Vous ne les écoutez pas !

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    La honte devrait vous étouffer.
    Cette loi n’est pas suffisante, mais elle est nécessaire. C’est là que votre argumentation se casse les dents : en quoi la protection pénale accrue des personnels soignants est-elle incompatible avec l’accroissement des moyens ? C’est toujours le même sophisme ; grandissez ! Nous, à l’UDR, nous voulons les deux ;…

    M. Antoine Léaument

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    Vous êtes financés par Stérin !

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    …vous, chez les irresponsables, vous ne voulez ni l’un ni l’autre. Vous avez eu le choix entre l’insécurité et le déshonneur ; vous avez choisi l’insécurité et vous jetez le déshonneur sur toute notre assemblée. La différence entre le personnel médical et vous, j’en suis convaincu, c’est qu’il sera toujours là pour vous, malgré votre indignité, alors qu’aujourd’hui, comme souvent, vous n’êtes pas là pour lui. C’est irresponsable. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR.) Passons.
    Cette proposition part de la constatation –⁠ je le dis quelques jours après l’agression brutale de notre collègue Guillaume Lepers – de l’ensauvagement généralisé de la société,…

    M. Antoine Léaument

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    Allez !

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    …qui touche tout particulièrement les lieux d’accueil du public, a fortiori ceux qui entremêlent l’intime et l’urgent, le vital et le plus banal. Les faits sont connus : les professionnels de santé font face à une agressivité et à une violence croissante sur leur lieu de travail. Cela pose un problème d’efficacité de leur action, d’ordre public, de reconnaissance de leur engagement salutaire et, s’il est besoin de le préciser, de maintien de leur intégrité physique et psychologique.
    Le professionnel de santé assure une mission de service public, quand bien même la loi que nous votons se refuse à le prévoir. Quand il accueille, quand il écoute et recommande, quand il soigne et accompagne, il engage bien plus que sa personne. Il est un chaînon fondamental de notre contrat social.

    M. René Pilato

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    Donnons-lui des moyens, alors !

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    La société doit tout faire pour assurer son intégrité. Il y va de la qualité du service public, il y va tout simplement de la civilité de notre société. Quiconque porte atteinte à l’intégrité d’un professionnel de santé touche immanquablement à l’ordre public symbolique…

    M. Hadrien Clouet

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    « L’ordre public symbolique » ?

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    …et se met délibérément à la marge de notre communauté nationale, quoi qu’en aient dit les autres orateurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR.) Comme les soins forment un système, ce raisonnement s’applique aux biens comme aux personnes, au chef de service comme à l’aide-soignant.
    C’est pourquoi le groupe UDR accueille très favorablement l’article 1er, qui érige en circonstance aggravante les vols et les violences physiques, pour peu qu’ils concernent un établissement de santé au sens large, du matériel médical ou du personnel médical comme paramédical.

    M. Hadrien Clouet

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    Je tombe des nues !

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    L’article 2 élargit le champ d’application de la notion d’outrage, reconnaissant ainsi la quasi-mission de service public dont sont chargés les soignants. Si l’intention est louable, le groupe UDR souligne le risque qu’il y a à étendre cette incrimination d’exception : la disposition pourrait être instrumentalisée dans le cadre des litiges opposant les patients et les professionnels de santé.
    L’article 3 permet à l’employeur de la victime, avec le consentement de cette dernière, de déposer plainte. Cette mesure est particulièrement bienvenue, notamment pour alléger la charge émotionnelle que peuvent faire peser des procédures judiciaires sur ceux qui sont déjà quotidiennement confrontés à des situations humaines et techniques extrêmement délicates.
    Pour toutes ces raisons, le groupe UDR votera en faveur de ce texte : un petit pas vaut mieux qu’un gros déni. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR et sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Catherine Rimbert.

    Mme Catherine Rimbert

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    Le 22 mai 2023, Carène Mézino, infirmière au centre hospitalier de Reims, était sauvagement poignardée à neuf reprises par un patient. Son frère, Luc Thibaut, dans une lettre ouverte adressée au gouvernement, déplorait une « faille dans le fonctionnement de la justice française et dans le fonctionnement de l’État ». Il exigeait d’avoir la certitude que « ce type d’actes […] ne se reproduise plus ».
    Pourtant, depuis 2023, les violences contre les professionnels de santé et les personnels travaillant dans les établissements de santé et les cabinets libéraux ne cessent de se multiplier, dans une indifférence accablante. Selon l’Observatoire national des violences en milieu de santé, en 2024, presque 21 000 incidents ont été signalés, ce qui représente une augmentation de près de 12 % par rapport à 2022. Dans ma circonscription, à Carpentras, le 4 août 2024, la cheffe du service des urgences a été menacée de mort par un individu. À Sarrians, le 3 octobre 2024, c’est la dentiste du village et son assistante qui ont été frappées par une patiente. Tous ces exemples témoignent de l’inquiétante banalisation de ces violences au sujet de laquelle le Rassemblement national donne l’alerte depuis des années.
    Le 20 mai 2025, à la demande du premier ministre, une commission mixte paritaire s’est réunie pour aboutir à la version finale de la proposition de loi du groupe Horizons et apparentés visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé. Néanmoins, nul ne s’y trompe. Après tant d’années d’abandon de nos soignants, cette initiative ne nous fait pas oublier les échecs cuisants de la Macronie et sa responsabilité écrasante dans l’effondrement de notre système de santé. Vous semblez enfin vouloir défendre les personnels de santé, mais comment croire à votre volonté politique, sachant que vous avez fait élire des députés Insoumis qui, en commission mixte paritaire, ont, eux, voté contre le texte, en dénonçant, selon leurs mots, un goût pour l’inflation pénale et pour la répression ?

    Mme Mathilde Feld

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    En effet !

    M. Alexandre Dufosset

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    Quelle honte !

    Mme Catherine Rimbert

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    Il y a encore deux mois, par sectarisme, vous avez refusé de cosigner la proposition de loi transpartisane en faveur des professionnels de santé, déposée avec mes collègues des groupes Rassemblement national et UDR.

    Mme Andrée Taurinya

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    Elle n’est pas transpartisane, alors !

    Mme Catherine Rimbert

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    Cela dit, le texte que nous examinons répond à une urgence. Il vise à sanctuariser les lieux de soin et à restaurer la sécurité de ceux qui soignent. Il constitue à nos yeux un acte de reconnaissance envers ces femmes et ces hommes qui, chaque jour, maintiennent notre système de santé debout. Ce que la commission mixte paritaire a retenu est encourageant. Désormais, les professionnels de santé comme les personnels sociaux et paramédicaux bénéficieront de la même protection pénale que les dépositaires de l’autorité publique. Les outrages seront reconnus. Les plaintes pourront être déposées par les employeurs avec l’accord de la victime, brisant ainsi l’isolement administratif qui touche trop de soignants. Enfin, l’aggravation des peines concernera aussi les maisons de santé, les cabinets libéraux, les officines ou encore les laboratoires, lieux où le personnel est trop souvent seul face à la violence.
    Toutefois, il nous faut aller encore plus loin. Le renforcement concret des moyens matériels et sécuritaires et l’installation d’outils d’alerte et de réaction doivent devenir une priorité, tout comme le suivi statistique des agressions et de leurs suites judiciaires, essentiel pour sortir de l’ombre les milliers de faits trop souvent passés sous silence. C’est ce que les députés des groupes Rassemblement national et UDR proposaient. (Mme Mathilde Feld s’exclame.)
    Oui, ce texte est un progrès et un signal politique fort, mais il ne se réduit pas à cela. Il rappelle que, dans une salle d’attente, dans une chambre d’hôpital ou dans un cabinet libéral, ceux qui soignent et ceux qui les accompagnent avec courage et dévouement ne doivent jamais avoir peur. C’est pourquoi nous, députés du groupe Rassemblement national, voterons en faveur de la proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. Alexandre Dufosset

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    Bravo !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Stéphanie Rist.

    Mme Stéphanie Rist

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    Je salue les membres présents en tribune des conseils municipaux des jeunes de Saint-Cyr-en-Val et de Cléry-Saint-André.
    Chaque matin, des milliers de Françaises et de Français se lèvent tôt et consacrent leur vie à prendre soin de la nôtre. Les soignants se dévouent sans relâche pour prendre soin de notre santé. Pourtant, tous les jours, ils sont confrontés à des agressions, des menaces, des insultes, des vols.
    Il y a trois mois, je demandais au gouvernement que le texte de notre ancien collègue Philippe Pradal soit mis à l’ordre du jour du Sénat. Je suis heureuse que nous puissions enfin le voter. Au même moment, je donnais l’alerte à la suite des menaces de mort reçues par un médecin du centre hospitalier universitaire d’Orléans.
    La situation est insupportable : plus d’un quart des infirmiers envisageraient de quitter leur profession à cause des agressions, pas moins de 65 soignants sont violentés chaque jour et près de 20 000 cas de violence sont signalés chaque année. Ces agressions s’inscrivent dans un climat de banalisation de la violence.
    Il est de notre devoir d’affirmer notre soutien sans faille aux professionnels de santé, afin qu’ils puissent exercer en toute sérénité et dans la sécurité. Ceux-là mêmes que nous applaudissions tous les soirs depuis nos balcons méritent encore notre protection.
    Le texte répond à la première demande des soignants : avoir une réponse judiciaire adaptée. Je regrette que les réflexes dogmatiques des socialistes et des Insoumis les ont conduits à respectivement s’abstenir et voter le rejet du texte.

    M. Michel Lauzzana

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    Eh oui !

    Mme Stéphanie Rist

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    Grâce à ce texte, qui étend le champ d’application des circonstances aggravantes et prévoit l’extension du délit d’outrage, nous renforcerons les peines et dissuaderons davantage les agressions. Pour que cette loi soit pleinement effective, il sera important que les forces de l’ordre soient dûment informées de la protection pénale spécifique des soignants, telle que nous l’aurons renforcée.
    Grâce à ce texte, nous aurons enfin une reconnaissance spécifique des agressions commises sur les personnels non soignants –⁠ secrétaires médicales, agents d’accueil ou agents d’entretien – qui, en première ligne de la relation avec les patients, doivent être mieux protégés et considérés. C’est ce que nous faisons avec cette proposition de loi.
    Enfin, nous devons mieux lutter contre l’autocensure et la peur de représailles que peuvent ressentir les professionnels avant de porter plainte. Cette proposition de loi leur permettra d’utiliser l’adresse de leur lieu d’exercice pour éviter de donner l’adresse de leur domicile et elle permettra aux directions d’établissement de porter plainte directement, ce qu’actuellement elles ne peuvent faire que dans un cadre très limité.
    Le renforcement de la réponse pénale que nous allons acter aujourd’hui est primordial. En adoptant cette proposition de loi, nous affirmons haut et fort une tolérance zéro face à l’épidémie de violence que les professionnels subissent. Mais la seule réponse pénale, évidemment, ne suffit pas. Il faut notamment mieux écouter les victimes, mieux soutenir nos établissements dans la sécurisation de leurs services et, de manière plus globale, mieux prévenir les agressions. Engagé aux côtés des professionnels de santé, notre groupe votera en faveur de cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Le 12 mars, des professionnels de santé –⁠ kinés, aides-soignantes, aides-soignants, médecins, psychologues – défilaient contre les violences verbales ou physiques qu’ils subissent, celles qui vous marquent le corps, qui vous colonisent l’esprit d’angoisse et à cause desquelles on a la boule au ventre avant d’aller travailler. De plus en plus de soignants en font l’expérience.
    Leur manifestation avait trois mots d’ordre : prévention, protection et sanctions. Visiblement trop occupés à négocier les supermarges des industries pharmaceutiques,…

    Mme Stéphanie Rist

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    N’importe quoi !

    M. Hadrien Clouet

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    …vous n’avez retenu qu’un mot sur trois –⁠ sanctions – en déposant votre texte.
    Le groupe Horizons, à l’initiative de la proposition de loi, nous propose, afin de protéger les soignantes et les soignants, d’aggraver légèrement les peines encourues par les auteurs de violences.
    Soulignons d’abord que votre obsession à privatiser la santé publique vous a fait oublier que les infirmières ou les aides-soignants sont des personnels chargés d’une mission de service public ; à ce titre, leur agression constitue déjà une circonstance aggravante dans le code pénal.
    Surtout, ce sont les auteurs de ce texte qui créent les conditions des violences et de l’agressivité dans les services publics de santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) C’est bien le bloc central qui a organisé par des coupes budgétaires la fin de l’accueil des patients.

    Mme Stéphanie Rist

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    Ce qu’il ne faut pas entendre ! Quelle honte !

    M. Hadrien Clouet

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    Venez donc à l’hôpital Rangueil de Toulouse ! À cause de vous, il ne dispose plus de personnel d’accueil pour recevoir les patients et les accompagner dans leur prise en charge. Vous êtes directement responsables des situations de tension et de conflit qui en résultent. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Partout, les services d’urgences ferment et les files d’attente s’allongent. En une décennie, les temps d’attente ont augmenté de 30 %, passant de deux à trois heures. Arrivent aux urgences des gens qui ont été, en conséquence de vos politiques, privés de soins de manière répétée et cumulée. Le cas le plus exemplaire que nous rapportent les soignantes et les soignants, c’est celui d’un patient en état délirant privé de traitement, à cause des pénuries, ou bien à cause du délai des consultations, ou bien parce que le psy ou la psy est lui-même ou elle-même en arrêt maladie. Parfois, ces trois causes s’entremêlent et le plongent dans une situation intenable. Voilà ce qui crée violences, tensions et conflits ; voilà ce qui rend insupportable une interaction qui, si vos politiques n’avaient pas monté les individus les uns contre les autres, devrait les réunir. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Ça justifie les violences ? On attend, donc on frappe ?

    M. Hadrien Clouet

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    J’y arrive ; vous avez tenu deux minutes et quarante secondes, vous supporterez bien deux minutes de plus ! La patience est une vertu salutaire.
    Ce texte dit tout de votre vision du monde : apporter une réponse pénale à des questions sociales. Or aucun lien n’a été établi entre le niveau d’une peine encourue et le passage à l’acte. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Quand un patient exige avec virulence d’être soigné ou qu’il s’en prend aux soignants, convaincu à tort que c’est à cause d’eux qu’il a attendu dix heures sur un brancard, croyez-vous vraiment qu’avant de passer à l’acte, il ouvre le code pénal ?

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Si une plainte est déposée, oui !

    M. Hadrien Clouet

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    Croyez-vous vraiment que lorsqu’il découvre que, depuis que la droite a passé cette loi, l’agression tombe sous le coup de l’article L. 222-12 et est désormais passible d’une amende de 75 000 euros, il renonce à l’agression ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Bien sûr que non !

    Mme Stéphanie Rist

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    Ce n’est pas un argument !

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    On ne fait rien, alors ?

    M. Hadrien Clouet

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    L’enjeu, c’est la prévention de l’acte de violence, la protection des soignants et le soin des patients. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Vives protestations sur les bancs des groupes RN, EPR et DR.)
    Merci de ne pas hurler quand je parle de protéger les soignants.
    Comment faire alors ? On commence par analyser les 1 244 incidents recensés en 2023. (Les protestations se poursuivent.) Écoutez ! Vous apprendrez quelque chose. Vous partez de tellement loin, ça ne pourra que vous faire du bien !
    La moitié de ces incidents ont eu lieu dans des services psy, des services d’urgences et des Ehpad. Pourquoi ? À cause des individus qui y sont soignés ? Non ! Mais parce que dans ces secteurs, les conditions d’accueil des patients et d’exercice du personnel, ainsi que le manque de moyens, conduisent à des formes de violence structurelle dont sont victimes les soignantes et les soignants.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Quel aveuglement !

    M. Alexandre Dufosset

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    Pourquoi avoir déposé une motion de rejet dans ce cas ?

    M. Hadrien Clouet

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    Pour protéger ces derniers, il faut recruter massivement, augmenter les taux d’encadrement, lutter contre les déserts médicaux, mieux informer les patients des enjeux de santé publique et des soins qui leur sont donnés, assurer une véritable protection fonctionnelle aux professionnels, donner à la police les moyens d’enquêter, accompagner les soignants victimes devant la justice. Ça, c’est protéger les soignants.
    Se contenter de durcir des sanctions déjà existantes, c’est être en retard sur le monde. Vous êtes en retard ! Réveillez-vous ! (Les députés du groupe LFI-NUPES se lèvent et applaudissent.)

    Mme la présidente

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    Sur la proposition de loi, je suis saisie par le groupe Horizons & indépendants d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Catherine Hervieu.

    Mme Catherine Hervieu

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    Nous sommes tous d’accord pour dire que la sécurité des professionnels de santé est un enjeu majeur.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Merci !

    Mme Catherine Hervieu

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    Ce sont des actrices et des acteurs centraux de notre société, qui nous accompagnent de la naissance à la fin de vie, en passant parfois par la maladie.

    M. Jean-François Rousset

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    Ils nous accompagnent même avant la naissance !

    Mme Catherine Hervieu

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    Ils exercent des métiers de passion, pour lesquels l’investissement en temps, en énergie, en empathie envers nos semblables est important.
    Toutefois, les professionnels de santé sont épuisés à force de pallier le manque d’accès aux soins. Notre système de santé publique a besoin d’être soutenu, que ce soit les CHU ou les hôpitaux locaux. L’élan quotidien qui était le nôtre pendant la pandémie de covid-19 doit continuer à nous animer afin de permettre aux personnels de santé de réaliser leurs missions dans un cadre de travail digne.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Merci !

    Mme Catherine Hervieu

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    Les coupes budgétaires, les fermetures de lits, le manque d’effectif, les problèmes de remplacement rendent leur quotidien de plus en plus pénible. À ces difficultés causées par l’État, s’ajoute la violence des patients.
    Chaque jour, ce sont en moyenne 65 professionnels de santé qui sont victimes d’agressions physiques ou verbales. Au total, 37 % des professionnels hospitaliers déclarent avoir été victimes de violences en 2022. Deux infirmiers sur trois sont concernés. Tout acte de violence à l’encontre des soignantes et des soignants est inacceptable. Nous apportons notre entier soutien à celles et ceux qui subissent ces violences, qu’il s’agisse de professionnels de santé ou de patients. Nous n’acceptons pas qu’ils soient les souffre-douleur de la République.
    Le respect leur est dû et ils méritent la reconnaissance de la nation, compte tenu de leurs conditions de travail difficiles.
    La proposition de loi vise à renforcer la sécurité des professionnels de santé ; le groupe Écologiste et social partage cet objectif. Cependant, le texte se cantonne à aggraver les peines encourues pour des violences commises dans les établissements de santé et contre les professionnels de santé. Or nous savons que cette solution toute trouvée n’a pas d’effet dissuasif sur les auteurs de violences.
    Le plan national pour la sécurité des professionnels de santé présenté il y a un an par Aurélien Rousseau et Agnès Firmin Le Bodo avait identifié plusieurs mesures. De plus, le rapport sur les violences à l’encontre des professionnels de santé, remis en 2023 par M. Jean-Christophe Masseron et Mme Nathalie Nion, prévoyait 44 mesures, notamment pour accompagner et soutenir les victimes ainsi que préparer une meilleure information des futurs professionnels de santé. Aucune de ces mesures a été reprise dans ce texte !
    Il proposait de recourir à la sécurité bâtimentaire en aménageant l’espace des établissements de santé afin de prévenir les violences par une meilleure gestion des flux de patients, de financer des dispositifs d’alerte pour les professionnels les plus exposés en ville et à l’hôpital, en particulier les plus isolés, de renforcer les relations entre établissements et professionnels de santé, d’une part, et les services compétents de police et de gendarmerie, d’autre part. Il est regrettable que ces mesures n’aient pas été intégrées à la proposition de loi.
    Sur les 23 489 professionnels de santé victimes de violences en 2022, 53 % indiquaient que le motif invoqué par l’auteur de violences était un reproche relatif à la prise en charge. En outre, 22,9 % des signalements concernaient un service de psychiatrie et 13 % un service d’urgences. Cette situation nous invite à renforcer la sécurité dans ces unités plutôt que de répondre a posteriori aux actes de violence par une pénalisation accrue qui ne répond pas à l’ensemble des problèmes.
    Ces services souffrent énormément de la crise de notre système de santé : sous-effectifs chroniques, sous-investissement, délais significatifs de prise en charge. Aucune réponse n’est apportée aux causes qui conduisent les auteurs à commettre ces actes inacceptables.
    Quels effets l’aggravation des peines aura-t-elle sur le comportement de certains de ces individus ? Les professionnels de santé seront-ils davantage protégés ? À la seule réponse pénale, nous préférons un plan global pour la sécurité des professionnels de santé.
    Monsieur le ministre, je vous invite à reprendre les conclusions du plan national pour la sécurité des professionnels de santé et à nous présenter un point d’étape à ce sujet.
    Si nous partageons l’objectif de cette proposition de loi, nous serons très attentifs à ce que ses promesses et annonces soient rapidement exécutées et deviennent une réalité pour tout le monde. Nous regrettons néanmoins le manque d’ambition du texte et de sa version issue de la CMP, car la seule réponse pénale qu’elle propose est insuffisante et inefficace pour prévenir les actes de violence. C’est pourquoi le groupe Écologiste et social s’abstiendra. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    Mme Stéphanie Rist

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    Oh là là !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sylvie Bonnet.

    Mme Sylvie Bonnet

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    Les soignants ne comptent plus leurs heures. Dans nos territoires ruraux, ils pallient la désertification médicale, assurent la continuité des soins, se déplacent à domicile du lever du jour jusqu’à la nuit tombée. Nous les avons applaudis longuement pendant la difficile période du covid ; et pourtant, ils sont trop souvent agressés, menacés, insultés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 66 % des infirmiers ont été victimes de violences en 2023 et 73 % en ont été témoins. L’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) a enregistré une hausse de 27 % des signalements entre 2022 et 2023. Ce n’est plus un phénomène marginal ; c’est une réalité installée qui, dans nos campagnes, est souvent invisible mais brutale.
    C’est pourquoi le groupe Droite républicaine votera pour cette proposition de loi, fruit d’un accord équilibré entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Elle apporte des réponses concrètes, attendues de longue date par les professionnels de terrain.
    Elle renforce d’abord la réponse pénale : des peines aggravées sont désormais prévues pour les violences contre les soignants, les vols de matériel médical et les agressions sexuelles : jusqu’à huit ans d’emprisonnement pour des violences, cinq ans pour des vols ciblés. Ce sont des signaux clairs envoyés à ceux qui franchissent la ligne rouge.
    Mais ce texte va plus loin : il élargit le champ de la protection à l’ensemble des lieux de soin. Que l’on soit infirmier en Ehpad, pharmacien en officine, kiné en cabinet, médecin en maison de santé ou intervenant à domicile, on est désormais protégé de la même manière. C’est une avancée majeure pour nos territoires, où l’exercice libéral est souvent la règle et l’isolement, le quotidien.
    La proposition de loi répond aussi à une autre demande essentielle : celle de ne pas laisser le professionnel seul face à la violence. Elle permet à l’employeur ou aux autres professionnels de porter plainte en son nom, avec son consentement.

    Mme Stéphanie Rist

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    Ça, c’est efficace !

    Mme Sylvie Bonnet

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    Cela permettra, notamment dans nos communes rurales, de soutenir les soignants qui n’osent pas toujours déposer plainte, par peur ou par lassitude.

    Mme Stéphanie Rist

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    Exactement !

    Mme Sylvie Bonnet

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    Autre avancée bienvenue : les professionnels ne seront plus obligés de communiquer leur adresse personnelle lors d’un dépôt de plainte. Cela peut sembler anecdotique, mais c’est en réalité une mesure de protection cruciale dans les petits territoires où tout le monde se connaît.
    Enfin, le texte renforce le droit à la protection fonctionnelle pour les agents mis en cause dans l’exercice de leur mission, y compris lorsqu’il s’agit de procédures alternatives. C’est une garantie juridique indispensable dans des contextes parfois tendus, notamment dans les services d’urgence ou en psychiatrie.
    Certes, ce texte n’épuise pas le sujet et il faudra aller plus loin. Le groupe Droite républicaine continuera de défendre la création de peines planchers pour les infractions les plus graves ainsi qu’un renforcement de la sécurité dans les établissements, particulièrement dans les zones sensibles ou isolées. Mais ce que nous adoptons aujourd’hui, c’est une base claire et ferme qui marque un tournant dans la protection des soignants. Une protection réelle, un message clair : la République défend ceux qui soignent et elle le fait dans tous les territoires, y compris dans nos campagnes. C’est pourquoi nous voterons pour cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    La discussion générale est close.

    Vote sur l’ensemble

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’ensemble de la proposition de loi, telle qu’elle est issue de la commission mixte paritaire.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        185
            Nombre de suffrages exprimés                162
            Majorité absolue                        82
                    Pour l’adoption                135
                    Contre                27

    (La proposition de loi est adoptée.)
    (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la rapporteure.

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure

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    Tout d’abord, merci à tous les collègues qui ont voté pour la sécurité des soignants. Je ne vois pas comment on peut voter contre ! (Mme Stéphanie Rist applaudit.) C’est vraiment quelque chose qui m’échappe.
    Je voulais simplement répondre à M. Vicot et à Mme Hervieu : heureusement que les mesures contenues dans le plan que j’ai présenté en septembre 2023 n’ont pas été inscrites dans cette proposition de loi ! Elles sont déjà en application, pour la majeure partie d’entre elles. Si nous les avions intégrées au texte, ce ne serait pas le cas ! Tout cela relève du réglementaire : faire de la sécurité bâtimentaire, c’est du réglementaire ; mettre à la disposition des professionnels des bracelets d’alerte, c’est du réglementaire ! Heureusement que ce n’est pas dans la loi.

    M. Jean-Michel Jacques

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    Ils ne connaissent pas les dossiers !

    Mme Agnès Firmin Le Bodo, rapporteure

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    Certaines de ces mesures sont déjà en application, précisément parce qu’elles font partie d’un plan global de quarante-deux mesures, le plan interministériel pour la sécurité des professionnels de santé, issu de l’excellent travail effectué par M. Masseron et Mme Nion –⁠ vous l’avez rappelé. Il revient au ministre de les faire appliquer dans tous les territoires, et il s’y est engagé. Nous le devions à nos professionnels de santé : un grand merci pour eux ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR.)

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à seize heures trente-cinq, est reprise à seize heures quarante.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.

    4. Programmation pour la refondation de Mayotte

    Suite de la discussion d’un projet de loi

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte (nos 1470, 1573).

    Discussion des articles (suite)

    Mme la présidente

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    Hier soir, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 576, portant article additionnel après l’article 8.
    Je vous informe qu’en application de l’article 95, alinéa 4, du règlement, le gouvernement demande la réserve de l’examen de l’article 10 et des amendements portant article additionnel après cet article, qui seront examinés à l’issue de la discussion des amendements portant article additionnel après l’article 13. La commission demande quant à elle la réserve de l’examen des articles 14 à 18 ainsi que des amendements portant article additionnel après ces articles, qui seront examinés à l’issue de la discussion de l’article 21 ter.

    Après l’article 8

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Gosselin, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, pour soutenir l’amendement no 576, portant article additionnel après l’article 8.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République

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    Il vise à élargir les possibilités d’expulsion d’étrangers qui constituent une menace à l’ordre public à Mayotte. Une telle mesure, je le dis d’emblée, est évidemment liée au contexte mahorais et ne repose sur aucune volonté de stigmatiser qui que ce soit. Mayotte compte une proportion considérable d’étrangers en situation irrégulière et sans vouloir faire de déterminisme, il y a clairement un lien de causalité entre leur présence et au moins une partie de l’insécurité que connaît le territoire. Cela justifie que l’on facilite l’expulsion d’étrangers dangereux et je précise qu’évidemment, la décision doit être liée à des raisons relatives à l’ordre public et se faire sous le contrôle des tribunaux.
    Je crois qu’il faut envoyer un signal à une délinquance que l’on pourrait qualifier de hors normes, puisque 18 % des ménages mahorais déclaraient avoir été victimes d’un cambriolage ou d’un vol sans effraction en 2018 ou 2019, soit quatre fois plus qu’en France hexagonale. Cela mérite réflexion mais aussi action !

    M. Jean-Michel Jacques

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État, ministre des outre-mer, pour donner l’avis du gouvernement.

    M. Manuel Valls, ministre d’État, ministre des outre-mer

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    Vous proposez de simplifier l’expulsion des personnes à l’origine de troubles à l’ordre public. Le gouvernement y sera défavorable pour trois raisons. Tout d’abord, la loi du 26 janvier 2024 pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, a déjà largement étendu les possibilités de lever les protections contre l’expulsion dont bénéficient certaines catégories d’étrangers. Il ne m’apparaît donc pas opportun d’aller plus loin en les supprimant purement et simplement ce qui, de surcroît, pourrait être contraire à l’article 8 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (CEDH).
    Ensuite, l’élargissement du caractère suspensif du recours contre le refus de prolongation de la rétention administrative dépasse le cadre du débat sur Mayotte et pourrait être discuté à l’occasion de l’examen de la proposition de loi visant à faciliter le maintien en rétention des personnes condamnées pour des faits d’une particulière gravité et présentant de forts risques de récidive, ce texte ayant été adopté par le Sénat. Je crois que le sujet a été abordé en commission des lois.

    Mme Andrée Taurinya

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    Hélas, trois fois hélas !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Enfin, la consultation de la commission d’expulsion satisfait le principe du contradictoire préalable et permettra d’éclairer l’autorité administrative dans sa prise de décision. Eu égard aux conséquences importantes qu’emporte l’avis d’expulsion dans la vie de l’intéressé et de ses proches, le cas échéant français, il est justifié de lui permettre de s’expliquer avant que la décision ne soit prononcée. L’avis émis par cette instance n’est, de surcroît, que consultatif. En tout état de cause, la consultation de la commission d’expulsion n’est pas requise en cas d’urgence absolue.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    C’est à présent, non plus le rapporteur de la commission, mais l’auteur de l’amendement qui vous répond. L’argument tiré du risque de violation des principes posés à l’article 8 de la CEDH m’a convaincu et je retire l’amendement.

    (L’amendement no 576 est retiré.)

    Article 8  bis

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Malgré la privation de leurs droits de séjour, des étrangers qui sont désormais en situation irrégulière continuent de bénéficier de la solidarité nationale tandis que beaucoup de Français renoncent à se soigner faute de moyens et peinent à boucler les fins de mois.
    Cet article prévoit une mesure de bon sens pour Mayotte : le préfet sera tenu d’informer certains organismes de sécurité sociale ainsi que l’opérateur France Travail de toutes les décisions de refus de séjour, de retrait d’un titre ou d’un document de séjour ou d’expulsion.
    Le Rassemblement national considère que les Français doivent être prioritaires et que l’argent du contribuable ne saurait servir à entretenir l’immigration irrégulière. La sécurité sociale et France Travail sont d’abord là pour verser des prestations à ceux qui y ont droit.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    À ceux qui cotisent aussi !

    M. Yoann Gillet

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    Or que fait la gauche ? Elle a déposé des amendements de suppression de l’article, préférant ainsi défendre coûte que coûte une immigration incontrôlée –⁠ dont on connaît les conséquences dramatiques sur les services publics. Nous parlons ici de personnes qui ont perdu le droit de séjourner à Mayotte et qui continuent de percevoir des prestations sociales de manière illégale, alors qu’elles devraient être retournées dans leur pays d’origine. Il faut le dire haut et fort : la gauche cherche ni plus ni moins à faire obstacle à l’application du droit. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements nos 178 et identiques par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire et sur l’article 8  bis par le groupe Rassemblement national.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Je suis saisie de plusieurs amendements de suppression, nos 178, 259 et 383.
    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 178.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Nous nous opposons à l’article, ajouté lors de l’examen au Sénat, qui prévoit que le préfet informe sans délai les organismes de sécurité sociale et France Travail lorsqu’il prend une décision de refus de séjour, de retrait d’un titre ou d’un document de séjour ou d’expulsion.
    Comme par hasard, cet article reprend les dispositions de l’article 48 de la loi « asile et immigration », que le Conseil constitutionnel avait censurées, les considérant comme un cavalier législatif. Mayotte étant malheureusement votre île de prédilection pour tester vos nouvelles idées, vous tentez de réintroduire cette mesure dans ce projet de loi. Vous vous dites sans doute que ce qui ne passe pas dans l’Hexagone sera accepté à Mayotte, ce territoire en proie à une détresse si singulière que l’urgence à agir justifiera bien une exception. Mais l’urgence à Mayotte, monsieur le ministre, est d’abord sociale. Plutôt que de vous acharner sur les étrangers qui fuient la misère de leur pays, vous feriez mieux d’engager un grand plan de développement social et économique : alignement des droits sociaux, logement, éducation, services publics, accès à l’eau. C’est de cela dont nous devrions discuter ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Léa Balage El Mariky applaudit également.)
    C’est cela que réclament les Mahorais et les Mahoraises. Cette mesure de la honte, comme toutes celles dont nous avons discuté hier, fait la joie du Rassemblement national, fort avec les faibles et faible avec les forts, comme de coutume. Vous, députés du RN, vous n’avez pas voté pour la taxe Zucman qui prévoyait un impôt de 2 % sur le patrimoine des ultrariches. Mais taxer les riches, ce serait aller trop loin, n’est-ce pas ? Le bon sens, pour le Rassemblement national, c’est de ne pas toucher aux riches : mieux vaut s’en prendre, en effet, aux plus vulnérables, aux plus précaires, surtout quand ils sont des étrangers, le fond de commerce bien connu de ce parti mais qui commence à subir la concurrence du gouvernement sur ce terrain. Nous vous invitons donc à supprimer cet article de la honte. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 259 de Mme Léa Balage El Mariky est défendu.
    La parole est à Mme Elsa Faucillon, pour soutenir l’amendement no 383.

    Mme Elsa Faucillon

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    Cet article reprend une disposition de la précédente loi « asile et immigration », que le Conseil constitutionnel a censurée, jugeant qu’il s’agissait d’un cavalier législatif. Dès lors, pourquoi cette mesure aurait-elle davantage sa place dans ce projet de loi de refondation de Mayotte ? De quoi parle-t-on ? De la décision d’une autorité administrative, contre laquelle un recours peut être formé, et qui aura pour effet de supprimer les droits sociaux d’une personne et, par conséquent, d’altérer son accès aux soins. Cela ne fera que plonger encore plus profondément dans la précarité des personnes déjà fragilisées. Or ces mêmes personnes ne seront pas forcément expulsées, puisqu’un recours est possible. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’elles seront encore plus pauvres et précaires, et de ce fait encore plus éloignées de la perspective d’une insertion dans la société mahoraise.
    Je le répète : la décision pouvant conduire à mettre fin aux droits sociaux peut être contestée. Des droits seront suspendus, alors même que la décision de retirer le titre de séjour pourra être annulée par un juge. Pour des raisons qui tiennent tant à l’humanité et à la cohésion sociale qu’à la forme, il convient de supprimer cet article. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Léa Balage El Mariky applaudit également.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    C’est vrai, cette disposition reprend celle d’un article, censuré par le Conseil constitutionnel, de la loi « asile et immigration », mais ce n’est pas pour des raisons de fond qu’elle est tombée. Plus de la moitié des articles ont été censurés pour n’avoir aucun lien avec le texte, ce fut une véritable hécatombe. Mais ce qui valait pour la loi « asile et immigration » ne vaudra pas forcément pour ce texte, même si je ne doute pas que le Conseil constitutionnel se penche attentivement sur les mesures que nous voterons.
    En la matière, cette mesure n’est pas hors de propos et elle ne sera sans doute pas considérée comme un cavalier législatif. D’autre part, elle devrait être de nature à rassurer celles et ceux qui s’inquiètent régulièrement de nous voir prendre des mesures d’exception : l’échange d’informations relève au contraire du droit commun puisqu’il est déjà prévu dans l’Hexagone par le code de la sécurité sociale. Cette mesure n’a rien de scandaleux puisqu’il ne s’agit que de permettre aux organismes de sécurité sociale d’être informés de décisions qui doivent être prises en considération pour l’attribution de certains droits. Le versement de plusieurs prestations est subordonné à la régularité du séjour : il n’y a rien de neuf de ce point de vue.

    Mme Andrée Taurinya

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    Alors pourquoi avoir introduit cet article, s’il n’y a rien de neuf ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    C’est donc une mesure nécessaire car il ne saurait être question d’encourager les séjours irréguliers.
    Je vous ai entendus reprendre le slogan qui demande l’accès à l’eau et aux services publics pour les Mahorais. Je n’ai jamais prétendu le contraire mais, en l’espèce, il ne s’agit pas plus de l’accès à l’eau ou aux services publics que des Mahorais puisque la mesure vise les étrangers en situation irrégulière. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Antoine Léaument.

    M. Antoine Léaument

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    Ce matin, en commission des lois, nous avons débattu des centres de rétention administrative et je constate qu’il est de plus en plus fréquent, dans les médias et sur certains bancs de cette assemblée, de considérer les étrangers comme des sous-humains, ce qui explique que l’on puisse les placer dans une situation d’extrême précarité sans que cela ne pose trop de problèmes –⁠ après tout, ce sont des étrangers, n’est-ce pas ?
    Je vous alerte à ce sujet, car c’est une pente dangereuse, qui a déjà été empruntée par le passé. Je vous alerte d’autant plus vivement qu’il n’y a pas si longtemps, lorsque le Rassemblement national parlait de préférence nationale, les gens réagissaient en Français républicains et rappelaient que l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dispose que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits et que les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. Pourquoi n’avez-vous rien à dire contre les patrons voyous qui embauchent des salariés en situation irrégulière pour leur imposer des conditions de travail déplorables ? Pourquoi n’avez-vous rien à dire contre l’exploitation de la misère par ces patrons voyous ?

    M. Romain Daubié

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    C’est facile !

    M. Antoine Léaument

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    Je vous parle d’humanité, monsieur ! Ce n’est pas vous qui allez vous faire refuser un titre de séjour et vous retrouver dans la misère.
    D’autre part, le Rassemblement national se garde bien de dire à ses électeurs que les étrangers, même en situation irrégulière, paient des impôts par l’intermédiaire de la TVA sur les produits qu’ils achètent.

    M. Carlos Martens Bilongo

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    Absolument !

    M. Antoine Léaument

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    Ce sont précisément les plus pauvres qui paient la plus grande part de TVA. Vous démontrez une fois de plus que vous êtes la honte de la République française ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Gosselin, rapporteur.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Je voudrais mettre en garde M. Léaument contre l’utilisation de certains termes, comme « sous-humains ». Dans une langue étrangère, ils revêtent une autre connotation. Je vous remercie de rester digne. Vous êtes un élu de la République, dans un État de droit. Vos sous-entendus sont particulièrement déplacés. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN. –⁠ Vives protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Christophe Bex

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    Vous inversez l’accusation ! C’est scandaleux !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Tout le monde le sait, les patriotes du Rassemblement national ont une vision de l’immigration littéralement différente de celle de l’extrême gauche. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Protestations sur les bancs du groupe RN.)

    Un député du groupe RN

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    Antisémites !

    Mme Andrée Taurinya

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    Il n’y a pas d’extrême gauche ! Il y a l’extrême droite et la gauche humaniste !

    M. Yoann Gillet

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    Je reprendrai lorsque notre collègue hystérique en aura terminé.

    Mme la présidente

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    Monsieur le député, je ne peux vous laisser dire cela. Vous l’ignorez peut-être mais le terme « hystérique » est sexiste. Il n’a pas sa place à l’Assemblée nationale et je ne saurais le tolérer. Surtout, c’étaient les exclamations de vos collègues qui couvraient votre voix. Je vous laisse poursuivre.

    M. Yoann Gillet

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    Je reprends. Chers collègues de l’extrême gauche, vous pouvez être pro-immigration sans pour autant combattre des mesures de bon sens. Il s’agit en l’espèce d’une mesure qui permettrait de lutter contre les fraudes, d’empêcher des personnes, en particulier celles sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) ou en passe de l’être, de percevoir indûment des prestations sociales. C’est d’autant plus important que, dans le même temps, beaucoup de Français peinent à boucler leurs fins de mois et aimeraient profiter de cet argent qui va à des personnes qui n’y ont pas droit.
    Que le préfet prévienne les organismes compétents du retrait de titres de séjour, cela me paraît normal.
    Contrairement à ce que vous affirmez, madame Faucillon, cela ne posera pas de problème aux personnes ayant formé un recours puisque, pendant la durée d’instruction de celui-ci, elles pourront continuer à percevoir la prestation. Cette disposition n’est pas démagogique ; elle est utile pour que l’argent public soit bien dépensé et que la fraude cesse.
    Pour répondre à la collègue qui nous a accusés (Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP), je rappelle que si le programme de La France insoumise prévoyait la taxation des superprofits, le groupe a refusé de la voter lorsque le Rassemblement national l’a proposée dans cet hémicycle. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Florent Boudié, président de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République

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    On s’écarte du sujet madame la présidente !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Monsieur Léaument, la TVA ne s’applique pas à Mayotte.
    J’ai du mal à comprendre votre position : vous soutenez constamment le principe selon lequel il faut aller vers l’application du droit commun à Mayotte. Dans ces conditions, pourquoi n’appliquerait-on pas le droit commun pour lutter contre la fraude ?
    En réalité, vous êtes en train de nous dire qu’il faut laisser les gens frauder ; mais vous répétez aussi à l’envi qu’il faut de la dépense publique à Mayotte. C’est le serpent qui se mord la queue : on ne peut engager de la dépense publique sans veiller à ce qu’elle aille là où elle doit aller. L’argent public doit être destiné aux personnes en situation régulière. Lorsqu’une personne n’a plus droit aux prestations sociales, il est normal qu’elles ne lui soient plus versées. On ne peut les maintenir à titre dérogatoire pour s’étonner ensuite qu’il y ait de la fraude. Le maintien des prestations irait à l’encontre du système que vous défendez et de la poursuite de la dépense publique. Il faut couper le robinet. Il est impératif que vous compreniez que lutter contre la fraude est la condition de survie du système de protection sociale.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Elsa Faucillon.

    Mme Elsa Faucillon

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    Quand nous évoquons les prestations sociales, il ne s’agit pas d’allocations mais de la sécurité sociale, c’est-à-dire du droit à se soigner, et de France Travail, soit le fait de bénéficier d’un service d’accompagnement à la recherche d’emploi.
    Alors que le projet de loi vise la convergence sociale plutôt que l’égalité, y compris pour les Mahorais, arrêtons de faire comme si les Mahorais et les Mahoraises et a fortiori ceux qui ont un titre de séjour étaient blindés d’allocations sociales : ce n’est pas la réalité ! Nous parlons du droit à se soigner et de la possibilité de rechercher un travail.
    M. Gillet évoque le cas de personnes contactées par France Travail parce que la préfecture aura décidé de ne pas renouveler leur titre de séjour. Il s’agit par définition de personnes insérées, disposant d’un titre de séjour. Pour continuer à percevoir des prestations, elles devront montrer qu’elles ont formé un recours contre la décision administrative de retrait de titre. Il faut tout de même tenir compte du fait que ces personnes ont bénéficié d’un titre de séjour, d’autant plus que la décision de retrait de ce titre peut être annulée en justice !
    Aimeriez-vous que votre employeur soit averti de chaque décision administrative vous concernant ? Nous proposons que le texte précise à tout le moins à quel moment intervient l’avertissement du préfet aux organismes sociaux. M. le rapporteur n’a pas donné son avis sur cette proposition. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.–  Mme  Léa Balage  El  Makiry applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    Tout au long de ce débat, un non-dit affleure, explicite chez certains orateurs : il y aurait d’un côté des Français, Mahorais ou non, bénéficiant tous d’un contrat de travail en bonne et due forme, qui paieraient leurs impôts locaux, leur impôt sur le revenu et qui cotiseraient et, de l’autre, des Comoriens fraudeurs en situation irrégulière.
    La réalité est qu’il existe une énorme zone grise à Mayotte, avec de nombreux travailleurs indépendants exerçant dans un climat de désorganisation, d’ignorance des droits et des obligations de chacun, d’incompréhension de la complexité des règles et de bricolage. Il y a aussi des employeurs indélicats et quelques exploiteurs.
    Il faut donc se garder de généraliser et de banaliser la déclaration de la situation administrative des étrangers aux organismes de sécurité sociale ou à France Travail car nous avons besoin de faire la transparence sur des circuits opaques pour de nombreuses personnes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    M. Hervé de Lépinau

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    Le séjour irrégulier est une fraude !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 178, 259 et 383.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        131
            Nombre de suffrages exprimés                131
            Majorité absolue                        66
                    Pour l’adoption                53
                    Contre                78

    (Les amendements identiques nos 178, 259 et 383 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 578 de M. le rapporteur est rédactionnel.
    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Avis favorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 578.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        126
            Nombre de suffrages exprimés                101
            Majorité absolue                        51
                    Pour l’adoption                35
                    Contre                66

    (L’amendement no 578 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 8  bis.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        126
            Nombre de suffrages exprimés                119
            Majorité absolue                        60
                    Pour l’adoption                74
                    Contre                45

    (L’article 8 bis est adopté.)

    Article 9

    Mme la présidente

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    Sur les amendements n° 642 et identiques, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    L’article 9 a été supprimé en commission. Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 642, 70 rectifié, 278, 370, 438, 533, 580 et 314, tendant à le rétablir et pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 642, 70 rectifié, 278, 438, 533 et 580 sont identiques.
    La parole est à M. le ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 642.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Cet amendement vise à rétablir l’article 9, supprimé par la commission des lois de l’Assemblée nationale, qui vise à conditionner les transmissions de fonds sur remise d’espèces à la présentation d’un titre de séjour régulier à Mayotte.
    De nombreux parlementaires ayant déposé des amendements de rétablissement de l’article, je vais courtoisement les laisser les présenter et je développerai nos arguments en donnant l’avis du gouvernement sur ces amendements.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet, pour soutenir l’amendement no 70 rectifié.

    M. Yoann Gillet

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    Cet amendement vise à rétablir l’article 9 du présent projet de loi, supprimé en commission.
    Rappelons que Mayotte compte officiellement 321 000 habitants dont 60 000 en situation irrégulière ; encore ces chiffres sont-ils notoirement sous-estimés. La moitié de la population est étrangère ; la présence massive d’irréguliers nourrit une économie parallèle marquée par le travail clandestin, les fraudes et des flux financiers illégaux vers les Comores qui alimentent les filières de passeurs et les trafics.

    Mme Dominique Voynet

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    Il se répète un peu !

    M. Yoann Gillet

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    En 2024, 22 454 irréguliers ont été interpellés et dix-sept filières démantelées. Je salue ici le travail extrêmement difficile des forces de l’ordre, notamment celui de la police aux frontières.

    Mme Dominique Voynet

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    Quel est le rapport avec l’utilisation des espèces ?

    M. Yoann Gillet

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    Mayotte est une zone très faiblement bancarisée qui utilise massivement les espèces. La lutte contre les flux financiers clandestins est un levier : cet article impose aux établissements financiers de vérifier la régularité du séjour avant tout transfert de fonds à l’étranger. Il s’agit d’empêcher ainsi le financement des réseaux illégaux et le blanchiment d’argent. Bloquer la transmission de fonds en l’absence de présentation d’un justificatif de la régularité du séjour est une mesure de bon sens : on a du mal à comprendre les raisons pour lesquelles la gauche souhaite la supprimer. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    Les amendements nos 278 de M. Olivier Marleix, 370 de Mme Anne Bergantz, et 438 de Mme Brigitte Liso sont défendus.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean Moulliere, pour soutenir l’amendement no 533.

    M. Jean Moulliere

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    Pour lutter contre l’immigration irrégulière, nous devons rétablir l’article 9. Il permettra d’entraver les flux financiers alimentant les réseaux de passeurs et de réduire les transferts de fonds illégaux depuis Mayotte vers les États voisins, en particulier les Comores. Concrètement, il consiste à subordonner le versement de fonds de type Western Union à la vérification auprès du client de la régularité de son séjour sur le territoire national. Je vous invite à soutenir cette mesure supplémentaire de lutte contre l’immigration illégale.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 580 de M. le rapporteur est défendu.
    La parole est à Mme Estelle Youssouffa, pour soutenir l’amendement no 314.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Il importe de rétablir l’article 9. Les dernières saisies opérées par la douane à Mayotte ont concerné des millions d’euros en numéraire qui se trouvaient sur des bateaux à destination des Comores.
    La population clandestine ne vit pas d’amour et d’eau fraîche, elle vit d’une économie clandestine illégale. Si on ne dote pas les services de l’État de moyens de lutte contre cette économie clandestine –⁠ pudiquement appelée ici « économie informelle » – on laisse l’illégalité se pérenniser et, avec elle, la fuite de l’impôt et des contrôles.
    Cet article est fondamental car nous avons des indices établissant que des sommes importantes échappent à tout contrôle. La question n’est pas seulement l’illégalité de l’économie mais le fait qu’elle alimente le trafic d’êtres humains. Des personnes traversent la mer depuis les Comores au péril de leur vie en payant très cher des passeurs. Il nous faut reprendre le contrôle de la situation !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    À Mayotte, selon une étude, 50 % environ de l’économie peut-être qualifiée d’« informelle » ou de « souterraine » : ce sont des petits boulots, des employeurs qui peuvent être indélicats. Je n’ai pas de difficulté à reconnaître qu’il y en a et qu’ils doivent être pénalement responsables en application de la loi de la République, tout comme les marchands de sommeil, dont l’activité est tout aussi répréhensible à Mayotte que dans l’Hexagone.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Cette économie informelle implique des transferts financiers, essentiellement vers les Comores. Entre le 1er avril 2019 et le 31 mars 2020, 55 millions auraient transité ainsi via Western Union, principal acteur des transferts de fonds. Il ne s’agit pas ici d’interdire les comptes bancaires –⁠ étant observé que tout étranger, même en situation irrégulière, peut ouvrir un compte bancaire et réaliser des transactions financières – mais d’être particulièrement vigilants sur les espèces.
    Nous souhaitons simplement, par ces dispositions, être très vigilants, en particulier concernant les échanges en espèces qui représentent tout de même des dizaines de millions d’euros.
    On ne peut pas veiller au bon fonctionnement de l’économie et éviter, le cas échéant, le blanchiment d’argent et les trafics dégradants si l’on n’y met pas un peu de bonne volonté. C’est ce à quoi nous nous employons avec ces amendements.
    Au nom de la commission, je ne peux qu’émettre un avis défavorable sur ces amendements puisque celle-ci a supprimé l’article qu’ils tendent à rétablir mais, à titre personnel, et a fortiori en tant qu’auteur d’un des amendements, j’émettrai bien sûr un avis favorable sur l’ensemble de ceux-ci sauf, pour des raisons de forme, sur les amendements nos 70 de M. Gillet et 314 de Mme Youssouffa car, contrairement aux autres –⁠ notamment celui du gouvernement –, ils n’intègrent pas les améliorations rédactionnelles auxquelles il a été procédé. Je demande donc le retrait de ces deux amendements.

    Mme la présidente

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    Monsieur le rapporteur, je vous indique que l’amendement de M. Gillet fait partie de la série d’amendements identiques.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    En effet, je n’avais pas vu qu’il avait été rectifié !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Comme l’a très bien dit à l’instant Philippe Gosselin, il faut rétablir l’article 9, supprimé en commission des lois dans les conditions que vous connaissez. Merci d’avoir déposé un amendement en ce sens, monsieur le ministre d’État.
    La lutte contre la fraude fiscale et sociale est un enjeu qui nous réunit. Je n’ai aucun scrupule, moi non plus, à critiquer des employeurs indélicats. Cependant, M. le rapporteur vous a donné un chiffre important : entre le 1er avril 2019 et le 31 mars 2020, 55 millions d’euros ont transité par le principal acteur de la transmission de fonds à Mayotte. Or, sur une année, la valeur ajoutée créée par l’ensemble des entreprises de Mayotte est de 26 millions, soit la moitié du montant de ces flux. Je rappelle que, sur les 15 000 entreprises, dont 10 000 inscrites au registre du commerce, 95 % n’ont pas de salarié. On ne peut laisser circuler des sommes aussi considérables.
    Comme l’a très bien dit M. Gosselin, il reste néanmoins possible pour une personne en situation irrégulière d’ouvrir un compte bancaire.
    Vous l’avez compris, nous entendons lutter de façon massive contre l’argent illicite qui alimente différentes filières, par exemple les marchands de sommeil et plus largement tous ceux qui créent de la misère au quotidien. Sur un tel enjeu, nous devons être unis.

    M. Romain Daubié

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    Il a raison !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Tout a été dit, notamment par le rapporteur et le rapporteur général. Je veux insister sur un point. Il est normal que nous débattions de la question migratoire, de la meilleure manière de lutter contre l’immigration illégale et de la définition de nos priorités.
    Certes, ce texte fait de la lutte contre l’immigration illégale et l’habitat illicite une priorité. Cependant, il y est également question de la convergence sociale et de la convergence vers l’égalité des droits. Je pourrais aussi citer un ensemble de mesures relatives au financement des équipements que les Mahorais attendent depuis longtemps.
    Je comprends toutefois que la question de l’immigration provoque un débat. Cela dit, nous devrions tous nous retrouver au moins autour de deux objectifs : d’une part, entraver les flux financiers des réseaux de passeurs, les flux illégaux générés depuis les Comores, parfois avec des complicités à Mayotte, vers les États voisins et, d’autre part, contribuer à la lutte contre l’immigration irrégulière.
    Comme le mentionne l’étude d’impact –⁠ on ne le souligne pas assez –, la lutte contre le financement des filières illégales de passeurs, contre le blanchiment d’argent, contre le trafic de stupéfiants et contre la fraude sociale, que vient d’évoquer le rapporteur général et qui repose sur le travail dissimulé, doit constituer un objectif central pour le gouvernement mais il doit aussi, tous, nous rassembler.
    Cet article porte sur les opérations qui comportent le plus de risques et qui sont liées, le plus nettement, à la criminalité financière. Car nous parlons d’une réalité. Les chiffres énoncés à l’instant par les rapporteurs sont éloquents. Nous savons qu’il existe un circuit et qu’une organisation criminelle utilise la misère et la volonté de certains de fuir une situation difficile –⁠ je pense notamment aux immigrés des Comores –, avec l’appui de nombreuses complicités.
    Comme cela a été dit, des solutions alternatives –⁠ grâce à des services de paiement ou de virement depuis un compte bancaire – demeureront accessibles aux étrangers en situation irrégulière à Mayotte. Ces moyens de transfert font l’objet de contrôles plus nombreux et plus poussés de la part du prestataire de services.
    Pour toutes ces raisons, je suis bien sûr favorable à l’ensemble des amendements sauf à celui de Mme Youssouffa à qui je demande de le retirer en invoquant les mêmes arguments que ceux développés par le rapporteur.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Je prie M. Gillet d’excuser mon inattention. Je n’avais pas vu que son amendement no 70 avait été rectifié.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Andrée Taurinya.

    Mme Andrée Taurinya

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    Je vous remercie, madame la présidente, d’avoir rappelé que le mot « hystérique » n’avait pas sa place ici. Je veux souligner que ce terme, employé systématiquement contre des femmes, est toujours prononcé sur les bancs d’en face. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS. – Exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.) Au passage, je n’ai toujours pas reçu d’excuses.

    M. Hervé de Lépinau

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    Ce n’est pas le sujet ! On parle de Mayotte !

    Mme Andrée Taurinya

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    J’en viens au fond du débat. J’avais déjà fait remarquer, en commission des lois, que le mot « immigration » figurait dans le texte un nombre incalculable de fois.

    M. Emeric Salmon

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    C’est peut-être parce qu’elle est incalculable !

    Mme Andrée Taurinya

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    Cependant je suis très étonnée de trouver également dans ce texte l’expression « criminalité financière ». C’est bien la première fois que la droite s’y intéresse ! (Rires et applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Nous, nous parlons par exemple très souvent d’évasion fiscale mais cela ne vous intéresse jamais. Or, tout à coup, vous vous penchez sur la criminalité financière.
    L’évasion fiscale représente 80 à 100 milliards d’euros, une somme dont nous aurions bien besoin pour notre budget. La criminalité financière que vous dénoncez dans ce texte permet, elle, tout simplement à des gens d’une très grande pauvreté de vivre, d’essayer de subvenir aux besoins de leur famille, voire de survivre.
    Comme toujours avec vous, c’est deux poids deux mesures. Dans l’ensemble de ce projet de loi, vous faites la chasse aux étrangers, comme c’est d’ailleurs le cas dans de nombreux autres textes issus de vos bancs, de la droite et de l’extrême droite.

    M. Hervé de Lépinau

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    Il n’y a pas d’extrême droite !

    Mme Andrée Taurinya

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    Vous y faites aussi la chasse aux pauvres et même, comme nous l’avons vu hier, aux enfants. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.) En revanche, faire la chasse à l’évasion fiscale, c’est-à-dire demander aux plus riches de payer, cela ne vous intéresse jamais. C’est pourtant là que se situe le véritable enjeu puisque cela pourrait rapporter 80 à 100 milliards d’euros. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Je tiens à signer que, parmi l’ensemble des parlementaires de cette assemblée, je suis, avec Charles de Courson, le premier à avoir proposé l’adoption d’une taxe sur les transactions financières. Par ailleurs, j’ai fait en sorte que, pendant plus de treize ans, la commission des finances lutte contre toutes les dérives… (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Manuel Bompard

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    Oh là là ! Très bien ! Bravo !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Cela vous ennuie que je tienne ces propos…

    M. Manuel Bompard

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    Pas du tout ! On vous applaudit !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    …mais je vous signale qu’à ce moment-là vous ne siégiez pas à l’Assemblée. Je vous invite donc à lire nos travaux de l’époque sur la fraude fiscale et la fraude sociale. Nous vous avons déjà dit tout cela tout à l’heure, ne faites pas mine de le découvrir.
    Nous nous attaquons à tout, aussi bien à la fraude fiscale qu’à la fraude sociale. Nous ne laissons rien passer. On dirait que ce que je dis vous gêne !

    Mme Andrée Taurinya

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    Cela ne nous gêne pas du tout ! Seulement, il y a eu zéro résultat !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Avec Philippe Gosselin, nous avons aussi dénoncé les entreprises qui ont commis des malversations. Avec nous, tout le monde est mis sur un pied d’égalité.

    Mme Andrée Taurinya

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    Ça n’est pas vrai !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Je ne peux pas vous laisser dire le contraire.

    M. Manuel Bompard

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    Bravo ! Vous êtes géniaux, vous êtes parfaits !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Comme l’a dit à plusieurs reprises le ministre d’État, ce texte ne porte pas uniquement sur l’immigration. Il prévoit par exemple, d’un côté, la convergence des droits sociaux, tant de fois annoncée et enfin programmée, et, de l’autre, la lutte contre les échanges d’argent illégaux. C’est d’ailleurs ce qui donne à ce texte toute sa cohérence car lorsqu’on réduit les flux financiers illégaux, on a plus d’argent pour les prestations sociales, on peut redistribuer davantage.
    Vous devriez nous suivre sur ce chemin, je ne comprends pas pourquoi vous préférez rester dans une impasse.

    Mme la présidente

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    Mme Youssouffa me fait savoir qu’elle retire son amendement no 314.

    (L’amendement no 314 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Rappelons tout d’abord que l’immigration irrégulière constitue bien une fraude, en l’occurrence au code de la nationalité.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Au code de la nationalité ?

    M. Hervé de Lépinau

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    C’est une fraude qui entraîne un très grand nombre d’autres fraudes –⁠ aux aides sociales ou au logement par exemple.
    Il est absolument nécessaire de rétablir l’article 9 pour lutter contre une autre forme de fraude : la fraude financière.

    Mme Mathilde Feld

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    Comme celle de Marine Le Pen ?

    M. Hervé de Lépinau

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    D’autre part, il n’a échappé à personne ici que le territoire de Mayotte était revendiqué par les Comores, dont le gouvernement n’hésite pas à faciliter le départ des kwassa-kwassa. Son objectif est de faciliter une prise de possession territoriale par les Comoriens.

    Mme Dominique Voynet

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    Je ne vois pas le rapport !

    M. Hervé de Lépinau

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    Or les flux financiers illégaux contribuent de facto au PIB des Comores. Il est donc nécessaire d’y mettre fin.
    Enfin, chers collègues qui siégez dans la partie située à l’extrême gauche de l’hémicycle,…

    M. Manuel Bompard

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    Là-bas, ce sont des collaborateurs parlementaires, pas des députés !

    M. Hervé de Lépinau

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    …je note une certaine constance dans votre volonté de détricoter les textes nécessaires à la reconstruction de Mayotte. Vous combattez de façon systématique toutes les mesures relatives à la question migratoire, qui constitue pourtant un enjeu essentiel. C’est l’immigration qui empêche de restaurer des conditions de vie acceptables sur l’île. Vous aviez même refusé de voter le projet de loi d’urgence pour Mayotte.

    M. Kévin Pfeffer

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    Eh oui !

    M. Hervé de Lépinau

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    Nous en déduisons que vous avez décidé de châtier les Mahorais (« Rien que ça ! » et rires sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP) parce qu’ils ont l’outrecuidance d’habiter dans un de ces territoires ultramarins sur lesquels vous pensez exercer un magistère moral. Deuxième crime de lèse-majesté : ce peuple majoritairement musulman vote pourtant majoritairement pour Marine Le Pen. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Bingo !

    M. René Pilato

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    N’importe quoi !

    M. Hervé de Lépinau

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    Votre problème, collègues d’extrême gauche, c’est que Mayotte est un territoire perdu pour La France insoumise.

    M. Yoann Gillet

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    3 % !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Léa Balage El Mariky.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Bingo ! Vous avez prononcé le nom de Marine Le Pen, vous avez gagné une gommette ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Antoine Léaument

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    Il n’a pas dit « fraudeuse » !

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Les écologistes, comme, me semble-t-il, l’ensemble du Nouveau Front populaire,…

    M. Hervé de Lépinau

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    Ou ce qu’il en reste !

    Mme Léa Balage El Mariky

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    …poursuivent le même objectif : la lutte contre le blanchiment d’argent. Le dispositif que vous proposez permettra peut-être de lutter contre le blanchiment mais il empêchera surtout les personnes qui veulent faire preuve de solidarité avec leur famille restée au pays d’aider financièrement celle-ci.
    Vous dites que des transactions resteront possibles grâce à des systèmes de virement par exemple mais c’est insuffisant.
    Vous instaurez en réalité une présomption de blanchiment à l’encontre de toutes les personnes en situation irrégulière. C’est grave.
    Sur un plan pratique, votre disposition alimentera surtout des réseaux parallèles de transfert d’argent. Puisque vous parliez tout à l’heure d’insécurité, je signale qu’une telle situation aura pour conséquence, pour les personnes qui souhaitent absolument transférer de l’argent, un risque accru d’être soumis à des pressions de la part des réseaux illégaux que nous combattons. Alors que vous souhaitez remettre de l’ordre, cela ne fera que créer du désordre public.
    Ensuite, on a dit que nous ne votions pas les textes visant à la reconstruction de Mayotte. C’est totalement faux. Nous avons voté pour le premier de ces textes.
    Par ailleurs, nous avons une vision totalement différente de celle du Rassemblement national s’agissant de l’immigration. Je l’assume.
    Surtout, ce qui nous guide en la matière, c’est le souci d’efficacité. Je rappelle que, depuis vingt-cinq ans, on a pris des mesures qui restreignent toujours plus les conditions d’accès au séjour ou l’exercice des droits les plus élémentaires tels que l’accès aux soins ou à un compte bancaire ou encore la possibilité d’effectuer des transferts bancaires. Or, depuis tout ce temps, rien n’a démontré l’efficacité de telles mesures. Pour la quatrième fois, je demande donc au ministre s’il peut nous fournir des chiffres sur cette question.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Ça arrive !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Très honnêtement, vous ne rendez pas service à la cause que vous défendez lorsque vous faites croire que ce texte porte uniquement sur l’immigration.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Ce n’est pas ce que j’ai dit !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je ne pensais pas à une personne en particulier, je parlais de façon plus générale.
    Tout d’abord, l’immigration est une vraie question –⁠ que nous avons d’ailleurs abordée dès la présentation du projet de loi d’urgence en janvier.
    Ensuite, et heureusement, nous avons déjà abordé d’autres sujets et nous continuerons à le faire cet après-midi et vendredi. M. Vigier a rappelé tout à l’heure les priorités du texte. Cela n’a pas beaucoup d’importance mais j’ai moi-même compté les occurrences de différents mots : « immigration » est employé vingt et une fois, « eau » vingt et une fois également, « social » vingt-six fois et « santé » trente-sept fois.
    Ces chiffres que je viens de vous exposer rapidement démontrent par l’absurde que ce texte est équilibré, en tout cas qu’il traite de toutes les questions.
    Plus sérieusement, je vous livre un bilan de l’action accomplie par le comité opérationnel départemental antifraude (Codaf) depuis janvier 2025 : 1,2 million d’euros ont été contrôlés à l’aéroport et à la gare maritime et trente-six procédures rédigées –⁠ cette somme s’ajoutera aux millions évoqués il y a un instant –, quatorze procédures ont été engagées à l’encontre de marchands de sommeil, sept pour vol d’électricité et raccordements illégaux, vingt personnes en situation irrégulière ont été interpellées dans le cadre d’une opération Codaf ; trente-trois procédures ont été engagées lors de contrôles sur la vente d’eaux en bouteille –⁠ dans ce domaine aussi, on a constaté des fraudes –, sans compter de nombreuses saisies d’articles de contrefaçon ou encore de produits de la pêche ou agricoles issus d’activités illégales.
    Nous devons poursuivre la lutte contre les facteurs d’attractivité de l’immigration illégale. Parmi ces facteurs figure évidemment une organisation criminelle disposant de millions d’euros, une véritable économie circulaire illégale entre les Comores et Mayotte, reposant sur des passeurs, des mafias et des complicités à Mayotte. C’est pour cela qu’ont lieu de nombreuses saisies, que traduisent les chiffres records que je viens de rappeler.
    C’est pourquoi je défends avec conviction le rétablissement de l’article 9 et je remercie tous les parlementaires qui sont allés dans ce sens. Je remercie notamment Mme Youssouffa, qui soutient la même idée, pour le retrait de son amendement. Il est impératif que nous montrions à nos compatriotes mahorais comme à ceux qui se livrent à ces agissements criminels notre plus grande détermination.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 642, 70 rectifié, 278, 370, 438, 533 et 580.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        141
            Nombre de suffrages exprimés                141
            Majorité absolue                        71
                    Pour l’adoption                103
                    Contre                38

    (Les amendements identiques nos 642, 70 rectifié, 278, 370, 438, 533 et 580 sont adoptés ; en conséquence, l’article 9 est ainsi rétabli.)

    Article 11

    Mme la présidente

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    L’article 10 ayant été réservé, nous en venons à l’article 11.
    Je suis saisie de onze amendements visant à rétablir cet article supprimé par la commission, qui peuvent être soumis à une discussion commune : les amendements nos 279 et identiques, qui font l’objet de trois sous-amendements ; les amendements nos 643 et identiques, qui font également l’objet de trois sous-amendements ; et les amendements identiques nos 315 et 452.
    L’amendement no 279 de M. Olivier Marleix est défendu.
    La parole est à Mme Anne Bergantz, pour soutenir l’amendement no 371.

    Mme Anne Bergantz

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    Je rappelle en préambule que le taux de vol avec armes par habitant à Mayotte est vingt-quatre fois supérieur au taux moyen national. Cet amendement tend à rétablir l’article 11, supprimé en commission. Entre autres dispositions, il vise à permettre, sur autorisation du juge des libertés et de la détention saisi d’une demande motivée du préfet, de procéder à des visites domiciliaires dans le but de saisir des armes détenues par des personnes susceptibles de participer à des troubles graves.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean Moulliere, pour soutenir l’amendement no 534.

    M. Jean Moulliere

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    Il vise à réintroduire un article important pour mieux faire face à la situation spécifique de Mayotte, qui est confrontée à une pression sécuritaire et migratoire exceptionnelle. Il prévoit que les forces de l’ordre puissent exercer des contrôles dans la zone contiguë, soit la zone maritime qui s’étend jusqu’à 24 milles marins au large des côtes, pour lutter efficacement contre le trafic d’armes ainsi que les infractions douanières, fiscales, sanitaires et migratoires.
    Plus largement, il tend à instaurer un cadre, exceptionnel mais strict, d’autorisation de visites et de saisies ciblées dans le territoire de Mayotte, en cas de menace grave à l’ordre public liée à l’usage ou la menace d’armes.
    Il est essentiel de voter le rétablissement de cet article pour donner aux forces de l’ordre les moyens d’agir avec efficacité, dans un contexte où la violence liée aux armes et l’immigration clandestine menacent directement la sécurité des habitants.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 553.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Le rétablissement de l’article 11, supprimé en commission, me paraît important. Les amendements ajoutent à la version supprimée un élément relatif à la zone dite contiguë –⁠ soit la zone maritime qui s’étend de la limite des eaux territoriales, située à 12 milles marins des côtes, à celle des 24 milles marins depuis les côtes – en vue de renforcer les pouvoirs des agents de la police nationale et des militaires, dont la gendarmerie nationale, afin qu’ils puissent intervenir dans des conditions équivalentes à celles qui s’appliquent aux interventions des douaniers. Ce renforcement, compte tenu de la situation, me paraît de bonne politique et permettra de mieux lutter contre l’immigration clandestine et le trafic d’armes, qui commence lui aussi à se développer.

    Mme la présidente

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    Nous en venons aux sous-amendements aux amendements identiques nos 279 et suivants. La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir le sous-amendement no 717.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Je voudrais d’abord répondre au Rassemblement national, qui dit aimer les Mahorais. Nous les aimons aussi ! Mais, voyez-vous, en plus de les aimer, nous comprenons que les Mahorais et les Mahoraises attendent de nous que nous votions la suppression du visa territorialisé.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    C’est fait !

    Mme Sandrine Nosbé

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    Nous l’avons votée hier, mais seulement pour 2031, malheureusement, alors qu’ils veulent une suppression immédiate !
    Je pense que, si vous n’avez pas voté cette suppression immédiate, c’est parce qu’elle donnerait à des Comoriens de confession musulmane la possibilité de venir chez nous. Alors ne faites pas croire que vous êtes pour les Mahorais ! Vous voulez surtout qu’ils restent tous à Mayotte car vous ne voulez pas de musulmans ici, en France !
    L’article que ces amendements identiques tendent à rétablir prévoit que, « lorsqu’elle est susceptible de fournir des renseignements sur les armes recherchées ou découvertes », « la personne pour laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics » pourra, après que le juge des libertés et de la détention en aura été seulement informé, « être retenue sur place par un officier de police judiciaire » pendant le temps nécessaire à la conduite des opérations, pour une durée ne pouvant excéder quatre heures. S’il s’agit d’un mineur, cette retenue devra faire l’objet d’un accord exprès du juge des libertés et de la détention et le mineur concerné devra être assisté de son représentant légal, sauf si cela est impossible.
    Ce dispositif, inspiré de la lutte contre le terrorisme, est excessif et risque de contribuer à des abus et à la violation des droits et libertés des personnes. Nous contestons un tel renforcement sans contrôle du juge. (Mme Mathilde Feld applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Aurélien Taché, pour soutenir le sous-amendement no 718.

    M. Aurélien Taché

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    Si le sous-amendement présenté par notre collègue Sandrine Nosbé n’était pas adopté, nous proposerions à tout le moins par le sous-amendement no 718 que les mineurs soient exclus de ce dispositif de retenue administrative.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir le sous-amendement no 719.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Il s’agit également d’un sous-amendement de repli, par lequel, tout en gardant à l’esprit le caractère limité des moyens à sa disposition, nous proposons que le juge des libertés et de la détention ne soit pas seulement informé mais qu’il donne son accord pour que s’applique le dispositif de retenue des personnes prévu par l’article que les amendements tendent à rétablir.

    Mme la présidente

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    Dans la discussion commune, nous en venons à la série suivante d’amendements identiques, à commencer par l’amendement no 643. La parole est à M. le ministre d’État, pour le soutenir.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Avec votre permission, madame la présidente, je donne l’avis du gouvernement sur les amendements identiques no 279 et suivants ainsi que sur leurs sous-amendements. Ces amendements identiques visent à rétablir l’article 11 dans sa version supprimée par la commission, en y ajoutant l’alignement des marges de manœuvre conférées par la législation aux personnels de la police et de la gendarmerie nationales sur celles dont jouissent les douaniers.
    J’y suis défavorable pour plusieurs raisons. L’état-major opérationnel des frontières a organisé plusieurs groupes de travail en vue de rédiger une doctrine de lutte contre l’immigration illégale et clandestine à Mayotte. La question de l’élargissement de la compétence « action de l’État en mer » a été évoquée dans ce cadre.
    Cette compétence appartient au préfet de Mayotte du fait de l’arrêté 842/2023, par lequel le préfet de La Réunion accorde « délégation de pouvoirs au préfet de Mayotte, en matière d’action de l’État en mer », s’agissant notamment de la « souveraineté » et de la « lutte contre les activités maritimes illicites », qui inclut la « lutte contre l’immigration illégale ». Cette délégation porte sur les eaux territoriales. Ainsi, les forces de sécurité intérieure agissent dans le respect du cadre administratif de ces missions. La loi du 26 janvier 2024 pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, en son article 59, a étendu à la zone contiguë la possibilité de mener des visites sommaires de navires ou de tout autre engin flottant.
    J’insiste sur le fait qu’au regard de la capacité actuelle des intercepteurs, une extension de leur champ d’action à la zone contiguë disperserait les capacités opérationnelles des forces de sécurité intérieure, étant entendu que cette zone peut être couverte par les moyens complémentaires de nos armées. En outre, une telle extension conduirait à aggraver les risques capacitaires des intercepteurs et à alourdir la responsabilité des acteurs en cas d’incident.
    En considération de ces éléments, en prenant en compte l’ensemble des avis et en l’état actuel des contraintes capacitaires, opérationnelles, juridiques et judiciaires, l’extension de la capacité de contrôle en mer des forces de sécurité intérieure à la zone contiguë n’apparaît pas, du point de vue du gouvernement, de nature à accroître l’efficacité de leurs interventions –⁠ au vu de la capacité des intercepteurs ou encore de la dispersion des vecteurs qu’entraînerait l’élargissement de la zone à couvrir – et exposerait les personnels et les tiers juridiquement responsables en cas d’incident à des risques sécuritaires importants.
    Pour ces raisons, je vous propose de retirer ces amendements identiques au profit des amendements no 643 et identiques, qui se contentent de tendre au rétablissement de l’article 11 dans la version supprimée par la commission, avec quelques modifications rédactionnelles.
    Évidemment, mon avis est également défavorable sur les sous-amendements nos 717, 718 et 719.
    L’amendement no 643 du gouvernement, qui vise à rétablir l’article 11 relatif à l’encadrement des visites domiciliaires aux fins de recherche d’armes, supprimé par la commission des lois dans sa rédaction initiale. Puisque plusieurs députés ont déposé des amendements identiques, je les laisse les présenter et les soutiendrai bien sûr.

    Mme la présidente

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    Les amendements identiques nos 280 de M. Olivier Marleix, 372 de Mme Anne Bergantz et 535 de M. Jean Moulliere sont défendus.

    (L’amendement no 534 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 555.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Je suis sensible aux arguments de M. le ministre. Les zones contiguës posent problème et je souhaiterais, comme d’autres, que nous puissions le résoudre concrètement.
    Dans l’attente d’une telle résolution, il n’est évidemment pas question d’exposer les personnels évoqués, policiers et gendarmes, à des difficultés ou à des risques importants pour leur sécurité ou leur vie. Je parlerai d’une forme de sagesse. Je n’en suivrai pas moins l’avancement des propositions de mesure qui pourraient être formulées. Une alerte nous est envoyée à ce sujet et j’attends du gouvernement un engagement. Si cet engagement, que nous vous entendrons prendre dans quelques instants, est suffisamment fort, je pourrai retirer l’amendement no 553.

    Mme la présidente

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    Les sous-amendements nos 704 de Mme Sandrine Nosbé, 705 de M. Aurélien Taché et 706 de Mme Nadège Abomangoli sont défendus.
    Toujours dans la discussion commune, nous en venons à la dernière série d’amendements identiques. L’amendement no 315 de Mme Estelle Youssouffa est défendu.
    La parole est à Mme Anchya Bamana, pour soutenir l’amendement no 452.

    Mme Anchya Bamana

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    Cet amendement vise à rétablir l’article 11. En effet, la réalité sécuritaire à Mayotte l’exige. Violences armées, bandes organisées, tensions communautaires et caillassages récurrents mettent en péril la vie quotidienne des habitants. Il serait irresponsable de priver l’État des moyens juridiques adaptés pour intervenir dans des situations où l’urgence commande d’agir vite, mais dans un cadre protecteur des libertés.
    Il ne s’agit pas d’une dérive sécuritaire, plutôt d’un outil de protection ciblé déjà encadré par la jurisprudence constitutionnelle et le code de la sécurité intérieure. Il permet de neutraliser les menaces concrètes tout en respectant l’État de droit.
    La population mahoraise réclame des actes, pas des discours. Il est temps de doter les forces de l’ordre des moyens nécessaires pour sécuriser le territoire et sa population. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Sur les amendements identiques nos 315 et 452, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements et sous-amendements en discussion commune ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    J’attendrai pour le livrer la réponse que m’apportera M. le ministre.

    Mme la présidente

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    Avant de demander l’avis du gouvernement, je donne la parole à M. le rapporteur général qui l’a demandé.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    D’abord il est important, monsieur le ministre, vous l’avez noté en présentant votre amendement, de rétablir cet article supprimé en commission des lois. C’est pour nous un outil indispensable pour lutter contre la circulation non maîtrisée des armes blanches comme nous l’avons fait contre l’argent illégal dans les conditions que l’on sait. Il y a là-bas vingt fois plus d’armes que sur le territoire hexagonal.

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Des machettes, il y en a partout ! Notamment en Guyane !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Des collègues qui connaissent très bien d’autres territoires ultramarins savent que ce fléau est présent partout.
    Deuxièmement, je rappelle à ceux, nombreux, qui sont soucieux des questions de droit que plusieurs garanties procédurales sont évidemment incluses dans un cadre juridique sécurisé, dont un procès-verbal complet –⁠ ce qui devrait être de nature à les rassurer – ainsi qu’un appel possible contre l’ordonnance et un recours contre le déroulement de la visite.
    Enfin, s’agissant de l’amendement no 553 de Philippe Gosselin, ils visent bien sûr à augmenter la capacité à aller plus loin. Et je rappelle que ce texte ne concerne pas uniquement la lutte contre l’immigration : il s’agit aussi de se doter de nouveaux moyens déployés, soit plus de gendarmes et plus de policiers. Pour avoir eu l’occasion de discuter avec eux, je sais qu’ils nous demandent d’avoir les mêmes capacités d’action que les douaniers. Cet article le leur permettra. C’est la raison pour laquelle je suis favorable à l’amendement du gouvernement et je suppose que Philippe Gosselin sera satisfait par la réponse qui va suivre du ministre. En tout cas, je partage le souhait de mon collègue : il faut déployer de nouveaux moyens capacitaires pour que l’arsenal soit complet.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Sous la pression –⁠ supportable – de M. Gosselin, voici ma réponse.
    Tout d’abord, je tiens à dire que nous avons besoin de nouveaux outils juridiques pour lutter contre le fléau de la prolifération des armes à Mayotte. D’où l’amendement du gouvernement et je suis favorable évidemment à ceux qui vont dans le même sens. Philippe Vigier vient d’en rappeler les raisons.
    Le nombre de délits pour port ou détention d’armes prohibées a augmenté de 75 % depuis 2015, atteignant plus de 310 faits constatés en 2024 contre 80 en 2016. Comme a dit Mme Youssouffa, il est vrai que la situation s’est détériorée en quelques années, y compris par rapport à ce que j’ai connu lors de mon dernier déplacement comme Premier ministre à Mayotte en 2015. Rapportés au nombre d’habitants, tous les indicateurs traduisent une plus forte concentration du phénomène d’augmentation de l’armement dans l’île. Ainsi, en 2024, le département-région enregistre un taux de vol avec armes pour 1 000 habitants bien supérieur à la moyenne nationale : 2,4 % au lieu de 0,1 %. C’est pourquoi il y a une attente forte sur ces visites domiciliaires.
    Enfin, messieurs les rapporteurs, je prends un engagement ferme auprès de vous pour que nous travaillions ensemble avec le ministère de l’intérieur et avec le secrétaire général à la mer sur la question de la zone contiguë dans les délais les plus rapides…

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Très bien.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    …parce qu’il faut en effet apporter une réponse à la question que vous avez soulevée et qui me paraît importante –⁠ sachant qu’il y a une certaine difficulté que j’ai évoquée tout à l’heure, vu les risques qui existent pour les agents qui interviennent. Mais cet engagement est ferme.

    Mme la présidente

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    Monsieur le ministre d’État, j’ai bien compris que vous demandiez le retrait de la première série d’amendements identiques, mais quel est l’avis du gouvernement sur les amendements identiques nos 315 et 452 ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Demande de retrait.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Compte tenu de la réponse de M. le ministre, je retire mon amendement no 553 au profit de mon amendement no 555, identique à celui du gouvernement et à ceux de plusieurs collègues, qui vise à rétablir l’article 11 d’origine.
    Je prends acte de l’engagement formel du ministre et je m’en réjouis. Mais nous attendons de pied ferme le gouvernement sur ce sujet important. La zone située entre 12 miles et 24 miles a besoin d’être sécurisée.
    La commission n’est bien sûr pas favorable au rétablissement de l’article qu’elle a supprimé, mais, à titre personnel, je suis favorable aux amendements identiques no 643 et suivants.

    (L’amendement no 553 est retiré.)

    Mme la présidente

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    On me confirme que l’amendement no 279 est maintenu et je vous informe que l’amendement no 371 de Mme Bergantz est retiré.

    (L’amendement no 371 est retiré.)

    (Les sous-amendements nos 717, 718 et 719, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 279.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        104
            Nombre de suffrages exprimés                98
            Majorité absolue                        50
                    Pour l’adoption                42
                    Contre                56

    (L’amendement no 279 n’est pas adopté.)

    (Les sous-amendements nos 704, 705 et 706, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 643, 280, 372, 535 et 555.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        108
            Nombre de suffrages exprimés                107
            Majorité absolue                        54
                    Pour l’adoption                43
                    Contre                64

    (Les amendements identiques nos 643, 280, 372, 535 et 555 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets enfin aux voix les amendements identiques nos 315 et 452.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        107
            Nombre de suffrages exprimés                103
            Majorité absolue                        52
                    Pour l’adoption                50
                    Contre                53

    (Les amendements identiques nos 315 et 452 ne sont pas adoptés ; en conséquence, l’article 11 demeure supprimé.)

    Article 12

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet, inscrit sur l’article.

    M. Yoann Gillet

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    Cet article permet d’introduire une mesure contribuant à la prévention des troubles à l’ordre public en lien avec l’usage d’armes dans un contexte sécuritaire particulier.
    La situation à Mayotte est en effet assez dramatique : 5 000 faits de délinquance ont été constatés en seulement neuf mois en 2024 et, au total, 618 vols avec armes ont été recensés cette même année, soit une hausse moyenne annuelle de près de 10 %, comme les années précédentes.
    La société mahoraise est plongée dans un climat généralisé de peur. La nuit, nombreux sont ceux qui ne sortent plus, terrorisés qu’ils sont par les délinquants qui ont investi l’espace public –⁠ ce n’est pas Mme Voynet ici présente qui me contredira : elle sait bien qu’à Mamoudzou, les habitants ont pris l’habitude dès la tombée de la nuit de rentrer chez eux pour ne plus en sortir. Certaines plages, pourtant magnifiques, ne sont plus recommandées et seulement fréquentées en groupe.
    Dans un tel contexte, cet article est important car il offre un cadre légal et clair au préfet pour retirer les armes en circulation et protéger la population. Le Conseil constitutionnel a d’ailleurs rappelé qu’il appartient au législateur d’assurer la conciliation entre les libertés constitutionnelles et la prévention des atteintes à l’ordre public qui répond à des objectifs de valeur constitutionnelle, équilibre auquel parvient cet article.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 197 de M. Aurélien Taché, tendant à supprimer l’article 12, est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Évidemment défavorable, mais je voudrais revenir quelques instants sur l’article 11.
    Je ne sais pas si tout le monde a bien réalisé ce qui vient de se passer : cet article permettait de mieux lutter contre la détention d’armes blanches, quatre fois supérieure à ce que l’on voit ailleurs, y compris dans les autres territoires ultramarins.

    M. Florent Boudié, président de la commission des lois

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    Et même vingt fois.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Voire vingt fois en effet, selon les critères choisis. Chacun reconnaît la difficulté de la situation et nos concitoyens mahorais en sont les premières victimes. Que tout le monde ait bien en tête que les amendements qui rétablissaient les moyens de la lutte contre les armes blanches, contre l’insécurité, viennent d’être expédiés aux oubliettes par le vote du Rassemblement national qui se prétend le protecteur des braves gens. Je ne vous comprends pas, chers collègues. Je ne sais pas quelle est votre stratégie politique (Vives exclamations prolongées sur les bancs du groupe RN.)

    Plusieurs députés du groupe RN

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    Et où sont les LR ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Les LR sont peut-être absents, mais c’est votre vote négatif qui empêche le rétablissement de cet article ! Ne reportez pas sur les autres, certes absents, votre propre incurie ! (Les exclamations redoublent.)

    M. Emeric Salmon

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    Assumez de ne pas être là en nombre suffisant !

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    les Mahorais jugeront ce qu’ils vous doivent ! (Mêmes mouvements.) Madame Bamana, expliquez à vos collègues ce qu’il en est de l’insécurité à Mayotte. Exprimez-vous, je ne vous entends pas. Ne soyez pas muette ! Allez-y, prenez la parole !

    M. Emeric Salmon

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    Les effets de manche, ça va !

    Mme la présidente

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    Sur l’article 12, je suis saisi par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Philippe Gosselin vient de le dire avec des mots forts. Vous qui nous parlez de circulation d’armes, de lutte contre la criminalité, vous reprochez à certains élus de ne pas être là. C’est vrai, mais pourquoi avez-vous uni vos votes à ceux qui derrière moi ne veulent pas que l’on lutte contre l’insécurité ni contre le blanchiment ? ! (Exclamations sur de nombreux bancs des groupes RN et LFI-NFP.) Votre masque vient de tomber ! Monsieur de Lépinau, vous qui êtes sensible aux mots, rappelez à vos collègues que cet article permettait de remédier à l’impossibilité actuelle des visites domiciliaires et des saisies d’armes de manière préventive. Voilà tout simplement ce qu’il prévoyait. Mais vous êtes aux abonnés absents quand il s’agit de le rétablir. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe RN.)

    M. Emeric Salmon

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    C’est eux ! Qu’ils assument de ne pas être là !

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Vous auriez pu au moins vous abstenir au lieu de voter contre !

    M. Philippe Vigier, rapporteur

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    Eh oui, vous avez voté contre ! Peut-être venez-vous de le découvrir, mais c’est malheureusement le cas. La représentation nationale le sait et je suppose que les deux députées de Mayotte, Mme Youssouffa et Mme Bamana, doivent être pour le moins étonnées et attristées par ce vote. (M. le rapporteur applaudit.)

    M. Pascal Jenft

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    La mauvaise foi totale !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    On ne peut pas tout entendre : il va falloir tout de même rétablir quelques vérités. Le Rassemblement national a voté pour l’amendement no 279 qui proposait une réécriture de l’article 11. En revanche, nous avons voté contre les sous-amendements, proposés par les collègues de gauche. In fine, vous aviez toujours la possibilité de voter les amendements de rétablissement de nos deux collègues mahoraises, à savoir les amendements nos 315 de Mme Youssouffa et 452 de Mme Bamana, qui reprenaient les mêmes dispositions.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Ils sont tombés !

    M. Yoann Gillet

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    Non, on les a votés. Il faut suivre. Ils ont même fait l’objet, pour votre malheur, d’un scrutin public.
    Monsieur Gosselin, vous racontez tout et n’importe quoi ! Nous avons voté pour et vous avez voté contre la mesure que vous souhaitiez réintroduire. Soit vous êtes de mauvaise foi, soit vous vous êtes mélangé les pinceaux. « À Mayotte, si les circonstances font craindre des troubles graves à l’ordre public résultant de violences commises sous la menace ou avec usage d’une arme, le juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Mamoudzou, saisi d’une demande motivée du représentant de l’État dans le département, peut, par une ordonnance écrite et motivée et après avis du procureur de la République, autoriser la visite de tout lieu lorsqu’il existe des raisons sérieuses de penser qu’il est fréquenté par une personne susceptible de participer à ces troubles » : voilà la mesure précise qui figurait dans notre amendement, contre lequel vous avez voté. Et il en reste une trace, puisqu’il a fait l’objet d’un scrutin public. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix-huit heures, est reprise à dix-huit heures dix.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise, pour le vote de l’amendement de suppression de l’article 12.

    (L’amendement no 197 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Léa Balage El Mariky, pour soutenir l’amendement no 47.

    Mme Léa Balage El Mariky

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    Déposé par mon excellente collègue Sandra Regol, il vise à préciser que les personnes qui se conforment à un arrêté de remise d’armes ne sont pas susceptibles de poursuites. Cette précision nous paraît indispensable pour que les détenteurs d’armes observent un tel arrêté.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Même si le gouvernement considère plutôt l’amendement comme satisfait, il faut bien reconnaître que la rédaction de l’article n’est pas parfaitement explicite. À titre personnel, sans engager la commission, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée à propos de cet amendement qui relève presque de la précision rédactionnelle.

    Mme Dominique Voynet

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    Une sagesse bienveillante !

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Tout à fait ! Je profite de l’occasion, juste après la suspension de séance, pour remettre les pendules à l’heure. À propos de l’article 11, il y a eu un peu de confusion sur différents bancs. L’embrouillement entre avis favorables et défavorables a fait que certains qui ne souhaitaient pas qu’il soit rejeté ont voté contre l’amendement du gouvernement. Dont acte : cette confusion a été quelque peu générale et ne s’est pas limitée aux bancs du RN. Je ne peux pas faire mieux que le reconnaître.
    M. Yoann Gillet, que j’ai mis en cause, est libre d’apporter son éclairage. Puisque nous avons pu nous expliquer et que les choses sont désormais claires, je souhaiterais que l’article 11, qui permettrait de lutter contre la prolifération des armes blanches et l’insécurité à Mayotte –⁠ un objectif que nous partageons tous –, soit de nouveau soumis à notre délibération. C’est au gouvernement d’en prendre l’initiative, mais je le crois nécessaire. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    Sur l’amendement no 47, je le répète, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Tout le monde est un peu perturbé ; essayons donc de remettre de l’ordre et de la sérénité dans nos débats !
    L’amendement no 47 est satisfait, mais j’émettrai malgré tout un avis favorable. En effet, la leçon qu’on peut tirer du débat que nous venons d’avoir, c’est qu’il vaut mieux exprimer sa position clairement. En formulant cet avis, je traduis, me semble-t-il, la pensée complexe du rapporteur Gosselin qui s’est montré presque favorable à cette précision.
    J’en profite pour dire qu’en application de l’article 101 du règlement de l’Assemblée nationale, qui lui offre cette prérogative, le gouvernement demande une seconde délibération (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP) sur l’article 11, supprimé en commission, en particulier sur les amendements no 315 et identique qui tendent à le rétablir.

    Mme Marie Mesmeur

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    Et voilà, vous sauvez le Rassemblement national ! Le RN tient le gouvernement : c’est une honte !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je ne vous entends pas, madame. Vous avez certainement des choses intéressantes à me dire, mais nous aurons l’occasion d’en reparler tout à l’heure.

    Mme la présidente

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    La seconde délibération, vous le savez, aura lieu à la fin de l’examen du texte.
    Je mets aux voix l’amendement no 47.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        128
            Nombre de suffrages exprimés                103
            Majorité absolue                        52
                    Pour l’adoption                45
                    Contre                58

    (L’amendement no 47 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 12.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        131
            Nombre de suffrages exprimés                131
            Majorité absolue                        66
                    Pour l’adoption                105
                    Contre                26

    (L’article 12 est adopté.)

    Article 13

    Mme la présidente

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    Les amendements identiques nos 48 de Mme Sandra Regol et 198 de Mme Nadège Abomangoli, tendant à supprimer l’article, sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    L’article 13 s’inscrit dans la continuité des articles 11 et 12 ; ensemble, ils forment un tout cohérent. Il s’agit en l’occurrence de permettre au procureur de la République d’envoyer des agents des forces de l’ordre contrôler la présence d’étrangers travaillant de façon irrégulière dans des locaux à usage mixte –⁠ on vise en particulier les bangas. Cet habitat informel, on l’a dit, a été très facilement reconstruit : lorsqu’un abri est composé de quelques tôles, le rebâtir ne prend pas longtemps. Petite nouveauté : certains bangas sont désormais entourés d’enceintes en tôle, ce qui en rend l’accès encore plus difficile. Ils peuvent néanmoins être qualifiés de domicile au sens du code civil.
    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    Monsieur le rapporteur, je ne trouve pas votre argumentation très convaincante. Les enceintes en tôle ont toujours existé, notamment parce que les bangas abritent souvent du bétail.
    Surtout, vous n’avez pas abordé la constitutionnalité du dispositif. Le Conseil constitutionnel souligne que la vie privée est étroitement liée au domicile ; l’intrusion dans un domicile, même si le local qui en fait office a également un usage professionnel, même s’il s’agit d’un habitat informel, constitue une atteinte claire et nette à la vie privée.
    Quand il est question de faire intrusion dans un domicile, il faut respecter la proportionnalité entre l’objectif poursuivi et la violation de ce droit fondamental. La mesure proposée à l’article 13, vague et générale, m’apparaît clairement anticonstitutionnelle. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EcoS. –⁠ Mme Andrée Taurinya applaudit également.)

    (Les amendements identiques nos 48 et 198 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 201.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Nous proposons d’exclure les lieux d’habitation des locaux qui peuvent être traversés par les agents lors des opérations de contrôle relatives au travail illégal. Une telle mesure, ma collègue Voynet l’a dit, constitue une violation manifeste du domicile de personnes qui ne sont même pas concernées par l’opération de contrôle, et une atteinte disproportionnée à leurs droits et libertés. Nous demandons, à tout le moins, la suppression de cette disposition.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    On ne peut pas interdire la traversée de certains lieux d’habitation : cela signifierait que l’on renonce, de fait, à lutter contre le travail illégal. Accepter celui-ci, en prendre acte n’est certainement pas ce qu’on souhaite à l’heure où 50 % du PIB mahorais est généré par l’économie souterraine.

    (L’amendement no 201, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir l’amendement no 200.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    L’objectif de cet amendement de repli est de garantir qu’on ne traverse pas les habitations durant la nuit. Nous proposons d’inscrire dans la loi que les opérations de contrôle ne peuvent pas commencer avant 6 heures, ni après 21 heures.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    Pour les raisons évoquées, ces restrictions horaires ne sont pas souhaitables. Avis défavorable.

    (L’amendement no 200, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    (L’article 13 est adopté.)

    Après l’article 13

    Mme la présidente

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    L’amendement no 561 de M. le rapporteur, portant article additionnel après l’article 13, est défendu.
    L’amendement n’a pas été examiné en commission ; c’est donc à titre personnel que vous l’avez déposé –⁠ et y êtes donc favorable.
    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Philippe Gosselin, rapporteur

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    L’amendement donne des moyens supplémentaires pour lutter contre les marchands de sommeil ; il peut également servir d’alerte. Il faut lutter contre toutes les formes de fraude –⁠ fiscale, sociale, économique – et l’activité des marchands de sommeil en fait partie. Si ceux qui louent des logements dans des conditions indignes constatent que cette pratique est dangereuse et que ces logements peuvent leur être confisqués, les choses vont sans doute évoluer. La mesure proposée se veut pédagogique : au bout de quelques décisions exemplaires, le dispositif a des chances de se montrer efficace.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Excellent rapporteur !

    (L’amendement no 561 est adopté.)

    Article 10 (précédemment réservé)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de cinq amendements identiques, nos 12, 65, 183, 385 et 590, tendant à supprimer l’article.
    La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat, pour soutenir l’amendement no 12.

    Mme Nicole Dubré-Chirat

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    Il vise en effet à supprimer cet article qui introduit de nouvelles dérogations destinées à faciliter les opérations de destruction des habitats précaires. À Mayotte, un tiers de la population vit dans des habitats de ce type, et plus de la moitié de la population a moins de 18 ans –⁠ et ce, avant même le passage du cyclone Chido. L’adoption de cet article aurait pour conséquence d’aggraver le phénomène des enfants à la rue.
    En effet, l’application de ces dispositions risque de produire des effets contraires à l’objectif affiché de résorption de l’habitat insalubre. En pratique, elle favoriserait l’errance et la reconstitution de campements de fortune dans des conditions sanitaires désastreuses et mettrait en péril les droits fondamentaux, notamment ceux des enfants, qui se retrouveraient à la rue sans accès à l’eau, à l’alimentation ou à l’éducation.
    Le maintien et l’extension de régimes dérogatoires à Mayotte ne peuvent constituer une réponse durable à des problèmes structurels en matière de logement, d’aménagement du territoire et d’accueil digne des personnes. Ce choix législatif contrevient à l’intérêt supérieur de l’enfant.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Béatrice Piron, pour soutenir l’amendement no 65.

    Mme Béatrice Piron

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    Le mois dernier, j’ai rendu à la délégation aux droits des enfants un rapport sur la pauvreté infantile, qui évoque notamment les enfants à la rue. Je ne peux pas me résoudre à ce que leur nombre augmente à Mayotte. Je propose donc de supprimer l’article.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Aurélien Taché, pour soutenir l’amendement no 183.

    M. Aurélien Taché

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    Je suis content que des députés de différents bancs défendent la suppression de cet article. Celui-ci, en effet, rendrait illusoire toute perspective d’hébergement ou de relogement pour les occupants des habitats informels. Avec un délai réduit à quinze jours pour démolir et évacuer ces constructions, avec un délai de flagrance étendu à sept jours et avec un 115 qui, à Mayotte, est incapable d’assurer les hébergements d’urgence, cet article, combiné à ceux qui restreignent le droit au séjour pour les personnes en difficulté, enlève aux gens toute possibilité d’obtenir des papiers et de résider même dans un abri de fortune. Résultat : ils ne pourront qu’errer sur l’archipel de Mayotte. Pour la sécurité des Mahorais, pour la dignité de notre République et pour la sauvegarde des maigres perspectives des habitants de ces abris, il ne faut pas laisser passer cet article dans sa rédaction actuelle !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Elsa Faucillon, pour soutenir l’amendement no 385.

    Mme Elsa Faucillon

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    Nous proposons de supprimer cet article, et je suis ravie de voir que des collègues, y compris du bloc central, se joignent à la proposition que nous avions déjà formulée en commission. S’il était voté, davantage de personnes se retrouveraient dans des situations de très grande vulnérabilité, et parmi elles beaucoup d’enfants –⁠ d’où l’alerte lancée par l’Unicef. Les expériences passées, notamment les opérations Place nette à Mayotte, montraient déjà que la majorité des personnes dont l’abri informel avait été détruit ne bénéficiaient d’aucune proposition de relogement. À Mayotte, les capacités d’hébergement d’urgence sont faibles, tout comme celles de logements sociaux. La destruction des habitats informels mettra davantage de personnes dans une situation encore plus déplorable. Il ne faut pas laisser passer cet article !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet, pour soutenir l’amendement no 590.

    Mme Dominique Voynet

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    L’amendement vise lui aussi à supprimer l’article, au motif que le cheminement habituel permettant de faire un diagnostic social, d’engager des opérations de résorption de l’habitat insalubre et de vérifier les droits et titres des personnes résidant sur les sites ne serait plus jamais respecté. C’est déjà difficile aujourd’hui, mais du fait de la situation à Mayotte, qui compte à peine 5 % de logements sociaux, beaucoup de personnes dont vous admettriez qu’elles ont droit à un logement s’en verraient privées.
    J’en profite pour dire un mot de l’amendement no 561, qui vient d’être adopté. La confiscation conservatoire des biens servant à loger des personnes en situation irrégulière dans des conditions hasardeuses bouleversera les équilibres à Mayotte. La plupart des maisons de Koungou sont sous-louées dans les conditions visées. À Mamoudzou même, dans la rue Mariaze, des habitats informels ont été construits dans de très nombreuses maisons afin de viabiliser au maximum l’espace. J’attends donc de pied ferme la mise en œuvre d’une telle disposition. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, pour donner l’avis de la commission.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques

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    L’article 10 est le premier des articles dont a été saisie la commission des affaires économiques. Il semble être l’un de ceux qui suscitent les avis les plus tranchés, si j’en juge par le nombre d’amendements dont il fait l’objet.
    Je tiens d’abord à remercier la présidente Trouvé de son accueil au sein de la commission des affaires économiques et de l’atmosphère plutôt respectueuse dans laquelle s’est déroulé l’examen des articles.
    Sur ces amendements de suppression, permettez-moi de développer mon premier argumentaire –⁠ je vous promets que je ne serai pas long sur les autres amendements et les autres articles. Essayons de sortir quelques minutes de l’émotionnel –⁠ même si je sais que certaines émotions sont irrépressibles. Il y a des réalités que nous devons tous admettre. Ce qui est incontestable, c’est que Mayotte est loin d’ici –⁠ à 8 000 kilomètres et dix heures d’avion –, loin de nos yeux parisiens et, pour quelques-uns peut-être, loin de nos cœurs.
    Il s’agit d’une île assez petite, dont la densité de population est presque deux fois et demie celle de La Réunion –⁠ avec 850 habitants au kilomètre carré à Mayotte contre 350 à La Réunion, par ailleurs sept fois plus étendue. À titre de comparaison, une île plus proche, la Corse, compte 40 habitants au kilomètre carré.
    Ce qui est tout aussi incontestable, c’est l’attachement des Mahorais à la France, un attachement qui ne se dément pas depuis de longues décennies. Les Mahorais ont en mémoire l’action des chatouilleuses, ces femmes soldats en lutte contre les velléités indépendantistes des Comores dans les années soixante et soixante-dix –⁠ Estelle Youssouffa l’a rappelé. Je veux d’ailleurs joindre mes bonnes pensées aux siennes à l’occasion de la disparition de l’une de ces figures historiques de la lutte pour le rattachement à la France.
    Ce qui est incontestable, enfin, c’est la grande défiance des Mahorais vis-à-vis d’un État qui a fait de grandes promesses qu’il n’a pas su, qu’il n’a pas pu ou qu’il n’a pas voulu tenir, un État qui n’a pas su, n’a pas pu ou n’a pas voulu contrôler l’immigration massive que subit ce territoire depuis des décennies. Or c’est précisément cet afflux migratoire incontrôlé qui est la cause de cette abondance d’habitats précaires, insalubres, dangereux –⁠ y compris pour ceux qui y vivent – et édifiés sans droit ni titre.
    C’est sur ces réalités que survient Chido, qui exacerbe et met en lumière les défauts accumulés depuis des décennies. Et c’est à ces réalités-là que ce projet de loi cherche à donner réponse, en particulier à travers à cet article 10, qui vise à renforcer les dispositifs de lutte contre l’habitat informel. Le projet de loi vise à s’attaquer frontalement à ce problème majeur. Il s’agit d’une situation extraordinaire, qui nécessite des mesures exceptionnelles. Les délais pour l’évacuation des habitats sont raccourcis. Le préfet peut –⁠ j’insiste sur le fait qu’il s’agit d’une possibilité –, compte tenu  de l’état du parc de logement, procéder à l’évacuation en dérogeant à l’obligation de proposer une solution relogement. Cela signifie qu’il pourra offrir une solution de relogement dans la mesure des possibilités du territoire…

    M. Philippe Gosselin

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    Très bien !

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    …et qu’il traitera sûrement en priorité les situations familiales les plus délicates. Les constats de flagrance sont facilités. En revanche, le recours auprès du tribunal administratif reste possible –⁠ je défendrai d’ailleurs un amendement tendant à rétablir les voies de recours telles qu’elles étaient prévues dans le texte d’origine.
    Mayotte et les Mahorais attendent des réponses fortes. Cet article trouve un équilibre entre l’impérieuse nécessité de réduire l’habitat insalubre et la réalité incontournable de la criante insuffisance de logements dans ce territoire, faute de pouvoir les produire en quantité et dans des délais compatibles avec les urgences du moment.
    J’observe également que dans cet hémicycle, personne ne connaît mieux Mayotte que les Mahoraises ici présentes. Elles pourront témoigner que les Mahorais sont plutôt en accord avec les dispositions de cet article. Il faut les entendre.
    Dans ce contexte, je suis défavorable à la suppression de l’article 10, comme l’était la commission. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur plusieurs bancs du groupe EPR. –⁠ Mme Estelle Youssouffa applaudit également.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Je suis heureux de retrouver le rapporteur Frantz Gumbs, qui sait ce que veut dire reconstruire un territoire –⁠ en l’occurrence, à Saint-Marin et à Saint-Barthélemy –, après le passage d’un cyclone.
    L’article 10 tend à rendre plus clairs, plus opérationnels et mieux adaptés à Mayotte les instruments juridiques de police administrative visant à lutter contre l’habitat informel, qui constitue l’un des problèmes, des fléaux et des défis de ce territoire. Je veux rappeler que dans cette lutte, les procédures ne se limitent pas à celles qui seront introduites par ce seul article.
    Ceux qui en proposent la suppression risquent de compromettre l’action publique de lutte contre l’habitat informel, puisqu’il prévoit d’élargir la liste des agents assermentés, notamment aux agents des collectivités qui ont été commissionnés à cette fin par le maire pour constater l’éviction d’un local ou l’installation sans droit ni titre ; d’allonger le délai de flagrance de quatre-vingt-seize heures à sept jours pour constater la construction sans droit ni titre dans un secteur d’habitat informel ; et, à titre exceptionnel, la possibilité de ne pas proposer de solution de relogement –⁠ j’y reviendrai – compte tenu de circonstances spécifiques et pour une durée limitée à dix ans. En effet, cela correspond à une réalité que j’ai moi-même constatée en me rendant sur place.
    Je rejoins évidemment tous ceux qui expriment une inquiétude. Nous traitons d’un sujet sensible et il est nécessaire de veiller à une conciliation équilibrée entre la sauvegarde de l’ordre public d’une part et, d’autre part, le respect de la vie privée et, plus généralement, de la dignité humaine. C’est ce qui a conduit la sénatrice et rapporteure Micheline Jacques –⁠ élue du même territoire que vous, monsieur le rapporteur – à proposer au Sénat un amendement, largement adopté, visant à équilibrer le dispositif en suivant l’avis du Conseil d’État. Ceux qui s’inquiètent d’un déséquilibre doivent tenir compte de cet amendement et de son adoption au Sénat.
    Rappelons en outre que chaque opération de résorption de l’habitat insalubre donne lieu à la réalisation d’une enquête sociale et à l’ouverture d’une permanence sociale, mobilisant par exemple une association d’aide aux victimes. Ce mode opératoire n’a absolument pas vocation à être remis en cause.
    Enfin, aucun principe constitutionnel ne prévoit un droit à l’hébergement ou au relogement systématique pour les destinataires d’une mesure de police administrative. Or il se trouve qu’à Mayotte, des opérations de ce type se déroulent déjà, dont certaines en application des dispositions de la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan) ciblant l’habitat insalubre. En 2024, six opérations ont été conduites ; en 2025, six autres ont été programmées, dont une a déjà été réalisée à Dzoumogné –⁠ j’étais sur place en compagnie du préfet et du maire. Une telle opération permet de démolir des constructions précaires, qui présentent des risques graves pour la salubrité publique, donc pour les gens –⁠ ayez bien cela en tête, avant de rayer cet article du texte ! Elle permet aussi de s’attaquer à des foyers de délinquance, raison pour laquelle elle est appuyée par les forces de sécurité intérieure. Elle favorise en outre le développement du territoire communal, grâce à la construction d’une école de vingt-six places.
    Toutes prévues dès avant Chido, ces mesures illustrent le type d’opérations que nous souhaitons développer et mettre en œuvre : en finir avec l’habitat insalubre, travailler avec les élus et bâtir des équipements publics. Il ne s’agit pas de décaser de manière arbitraire –⁠ sortez-vous cette idée de la tête ! Ces opérations, aussi difficiles à Grande-Terre qu’à Petite-Terre, sont parfois présentées comme s’il s’agissait simplement de faire passer les pelleteuses. Non ! Ce sont des opérations de longue haleine, pour lesquelles les maires s’engagent. Six sont déjà programmées pour 2026, qui fourniront autant d’occasions de réaliser un travail exemplaire –⁠ c’est pourquoi elles m’intéressent.
    Il s’agit en somme de faciliter ces opérations qui ne peuvent être menées qu’en étroite collaboration entre l’État, les forces de sécurité intérieure, en particulier la gendarmerie, et les communes, mais aussi les associations. En matière de lutte contre l’habitat illégal, l’enjeu est de se donner les moyens d’agir. Tel est l’objet des évolutions introduites par le présent article. L’extension des bidonvilles constitue l’un des fléaux dont souffre Mayotte. Que l’on parle de reconstruire ou de refonder Mayotte, cela implique d’opposer au développement de l’habitat illégal une réponse aussi forte que celle qu’il faut proposer en matière de développement et de construction.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Très bien !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Je voudrais que les collègues qui évoquent la dignité des enfants réfléchissent à la dignité dans les bidonvilles, à ce que c’est pour ces enfants que de vivre là-dedans. Comme toutes les Mahoraises et tous les Mahorais, ma collègue de Mayotte et moi-même avons entendu les gouvernements successifs dénoncer les bidonvilles et déplorer que le plus grand d’Europe se trouve à Kawéni, dans la ville de Mamoudzou.
    À la faveur de la tragédie de Chido, tout avait été rasé. Tout le monde est venu nous promettre que l’on ne laisserait pas reconstruire les bidonvilles. Dès le lendemain du cyclone –⁠ le lendemain ! –, les clandestins sont venus piller les maisons pour prendre les tôles et reconstruire les bidonvilles. Aujourd’hui, à cause du cyclone qui a arraché toute la végétation, il existe encore plus de bidonvilles qu’avant –⁠ encore plus !
    Il faut que vous compreniez combien il est grave de défendre les bidonvilles. Insalubres, dangereux, sales, ces endroits sont des nids à maladies pour leurs habitants et des zones criminogènes, du fait que ni les secours ni les autorités ne peuvent y accéder.
    C’est ça, les bidonvilles. Ils s’étendent sur des zones très pentues et vallonnées de notre territoire, qui sont souvent touchées par des coulées de boue –⁠ il y a déjà eu des morts. Ne nous parlez pas de dignité et de sécurité des enfants, alors que vous voulez laisser prospérer de tels endroits. Ça, c’était pour répondre à votre leçon d’humanité.
    Ensuite, les bidonvilles sont construits sur des zones qui sont illégalement occupées : les propriétaires sont taxés sur des terrains dont ils ne bénéficient pas. C’est ça, les bidonvilles.
    Je vous en prie : donnez enfin à l’État les moyens d’agir. Je rappelle qu’à Mayotte, 80 % des bâtiments ont été détruits ou endommagés par le cyclone. À l’impossible, nul n’est tenu. Même les propriétaires légitimes des bâtiments ne vivent pas dans des conditions normales. Dans ces conditions, vous ne pouvez pas nous obliger à reloger tout le monde –⁠ et à accepter de voir pulluler les bidonvilles, sous prétexte qu’on ne peut pas le faire. Sinon, vous condamnerez Mayotte à l’échec.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Depuis le début de ces débats, vous nous rappelez que nous sommes en France, à Mayotte. Et vous proposez de mettre les gens dehors, tout en leur interdisant de se trouver un abri : aucun pays dans le monde ne fait ça.
    Nous avons tous voyagé. Permettez-moi donc de prendre un exemple : en Afrique, Total aménage des latrines pour que les habitants des bidonvilles puissent vivre sainement. C’est la seule solution qui existe : on laisse les gens construire des cabanes dans d’autres régions et on leur permet de chercher un abri pour protéger leur famille.
    En France, au XXIe siècle, vous diriez qu’ils sont mieux dehors, sous les pluies tropicales ? Vous leur interdiriez de poser une tôle sur quatre pieux, parce que cela s’appellerait un bidonville ? Et vous vous estimeriez dignes d’être français ? Moi, j’ai honte, quand j’entends ça ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR ainsi que sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. Aurélien Taché

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    Quelle honte !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Il vaut mieux entendre ça que d’être sourd. La situation à Mayotte nécessite des mesures fortes. C’est une réalité : les bidonvilles et les bangas sont source d’insécurité et de maladies. Il n’est pas admissible qu’en 2025, en France, vous laissiez des gens, qu’ils soient en situation régulière ou non, vivre dans une telle indignité.
    Si vous ne prenez pas de mesures fortes, nous resterons enfermés dans un cercle sans fin, car les bangas poussent très vite. Je l’ai vu à Mayotte comme en Guyane : vous pouvez détruire un bidonville et le retrouver trois fois plus grand, quelques jours après.
    Ce problème est évidemment lié à celui de l’immigration, puisque la plupart des habitants des bidonvilles sont des personnes en situation irrégulière : tant que vous ne le réglerez pas, vous continuerez à entretenir l’immigration irrégulière.
    Il faut prendre rapidement des mesures fortes. Cela ne veut pas dire que nous manquons d’humanité, parce qu’en France, il y a des règles : on ne laisse pas les gens mourir de faim et on ne les empêche pas de se soigner. Néanmoins, il faut démolir l’habitat informel et raccompagner dans leur pays d’origine les personnes qui n’ont rien à faire sur le territoire national. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    Chacun rend compte de son expérience à partir de déplacements de quelques jours ou un peu plus longtemps. Lorsque j’étais directrice générale de l’agence régionale de santé (ARS), j’ai été chargée par le préfet de dresser le diagnostic social et environnemental de certains quartiers où les maires souhaitaient récupérer des terrains, pour des raisons de sécurité, de salubrité ou pour des projets d’intérêt général.
    Ces terrains ne sont pas toujours la propriété de personnes physiques qui payent de malheureux impôts sur des biens dont ils ne peuvent pas jouir. Ils appartiennent parfois à des collectivités –⁠ communes, départements – ou à des entreprises. Les situations sont variées et complexes.
    S’il y a un point sur lequel je suis d’accord avec le ministre, c’est que ce n’est jamais facile. Nous sommes confrontés à des puzzles : des bouts de parcelle ont été aménagés par des Français, puis l’habitat illégal s’est étendu tout autour. Il faut alors procéder famille par famille, bâtiment par bâtiment, pour dresser le constat de l’insalubrité et de l’insécurité, et faire le diagnostic familial.
    Il arrive un moment où les pouvoirs publics en ont assez, car ils n’arrivent pas à reloger les gens. Le préfet ou le maire demande alors le concours de la force publique pour évacuer les terrains. C’est ce qui s’est passé, à grande échelle, à Wuambushu.
    Vous souhaitez généraliser l’obligation d’évacuer les lieux. Que se passera-t-il alors ? On l’a vu avec Wuambushu : quand les engins de chantier et les agents sont arrivés, il n’y avait déjà plus personne. Les gens avaient fait leur baluchon, ils s’étaient déplacés de quelques centaines de mètres ou de quelques kilomètres. Ils sont devenus encore plus précaires et misérables qu’avant. Ils ont reconstruit leurs abris, non pas en pillant les maisons pour voler des tôles –⁠ quel scandale ! –, mais en récupérant sur le terrain ce qu’ils pouvaient pour abriter leurs enfants.
    Nous sommes dans une situation insensée. Le Rassemblement national nous dit que c’est par humanité, parce que les bidonvilles sont insalubres et dangereux, qu’il faut donner l’ordre à ces gens d’évacuer. Mais pour aller où ? Pour faire quoi ? Soyez un peu humains, bande d’hypocrites ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Je voudrais revenir sur une déclaration mensongère qui vient des bancs d’en face. Selon les chercheurs et les enquêtes de l’agence Harappa, deux tiers des ménages qui vivent dans un logement précaire ont à leur tête un adulte de nationalité française en situation régulière. Il est donc faux de dire que ce sont des clandestins.
    Monsieur le rapporteur, vous disiez tout à l’heure que l’État avait failli, notamment sur la politique du logement. On ne peut pas faire payer cette défaillance aux personnes en situation régulière qui vivent dans les bangas. La saturation du parc de logements et d’hébergements à Mayotte ne peut pas justifier une modification législative conduisant à la méconnaissance des droits fondamentaux des occupants de ces habitats informels. Cela reviendrait à faire peser sur ces derniers les conséquences de la défaillance de l’État.
    Quand je suis allée à Mayotte en mai dernier, tous les Mahorais que j’ai rencontrés, qu’ils soient issus de la société civile, de syndicats, de collectifs ou d’associations, m’ont parlé de leur attachement à la République et à sa devise, Liberté, Égalité, Fraternité.
    La fraternité, nous n’avons pas su la rendre immédiate en supprimant le titre de séjour territorialisé : nous avons reporté la fin de ce dispositif à 2030. L’égalité, en particulier sociale, est attendue par tous les Mahorais. J’espère que nous serons à la hauteur et à l’écoute de leur demande, et que le Smic sera immédiatement aligné sur celui de la France.
    Depuis lundi, nous ne discutons que d’immigration et de sécurité. Nous ne parlons pas du secteur social, des logements et de l’éducation. C’est pourtant ce qu’attendent les Mahorais et les Mahoraises. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Naillet.

    M. Philippe Naillet

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    Derrière ce débat, il y a une réalité qu’il faut rappeler : le mal-logement est un phénomène massif à Mayotte. Bien sûr, il faut examiner toutes les situations et lutter contre les bidonvilles, les bangas et le logement informel. Toutefois, je rejoins les propos de ma collègue Nosbé : ces logements informels abritent non seulement des personnes en situation irrégulière, mais aussi des Mahorais.
    J’appelle de mes vœux l’instauration d’une véritable politique du logement à Mayotte : il faut construire des logements pour les Mahorais. Au mois de mai, je me suis rendu à Mayotte avec Mme Nosbé. Nous avons entendu parler des questions prégnantes d’insécurité et d’immigration irrégulière, mais les Mahorais nous ont également dit qu’ils ne pouvaient pas avoir de projets de vie, qu’ils ne pouvaient pas s’émanciper, s’ils ne vivaient pas dans un logement digne.
    Nous devons mener une véritable politique du logement à Mayotte. Cela passe par la production de logements sociaux et la réhabilitation de logements dégradés. Dans l’Hexagone, il y a un logement aidé pour treize habitants ; à Mayotte, il y a un logement aidé pour deux cents habitants. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Gosselin.

    M. Philippe Gosselin

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    Personne ne conteste le fait qu’il y ait un problème de logement en France. Je rappelle que nous sommes aussi confrontés à un problème de construction, en particulier de logements sociaux, depuis près de huit ans. Il manque environ 100 000 logements par an, soit près de 800 000 logements depuis le début de cette période. À Mayotte, comme l’ont dit mes collègues, des Français vivent aussi dans des habitats insalubres : c’est la réalité. Il faut donc lancer un plan de logement ambitieux.
    Au-delà de ce qui vient d’être dit sur les amendements, l’article 10 prévoit des mesures plus coercitives, parce que nous abordons les titres II et III du texte, plus régaliens, qui traitent de la lutte contre l’immigration. Mais n’oubliez pas qu’il s’agit d’un texte de refondation…

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Eh oui !

    M. Philippe Gosselin

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    …qui prévoit une convergence sociale et économique et le lancement des grands travaux : je pense au port en eau profonde de Longoni, à la création de la base navale qui devrait être confirmée, à l’aéroport, au second hôpital ainsi qu’à la construction d’équipements publics, d’écoles, de logements. Tout cela figure aussi dans le texte.
    L’article 10 traite des moyens supplémentaires à engager pour éviter l’habitat insalubre. Pour le reste, ayons une vision d’ensemble : il est évident que nous avons aussi besoin de logements à Mayotte.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Monsieur Lecoq, qui ne serait pas indigné en découvrant à Mayotte, comme j’ai eu l’occasion de le faire, le plus grand bidonville d’Europe ? Qui ne serait pas choqué par l’habitat indigne ?
    Le chapitre IV vise à « renforcer la lutte contre l’habitat informel », pas à le supprimer, car nous savons bien que tout ne se fera pas en un instant. Philippe Gosselin a bien fait de rappeler que c’est un texte équilibré et que nous n’y parlons pas que d’immigration.
    Sur le sujet majeur du logement, je voudrais rappeler trois chiffres : sur les 70 000 résidences principales de Mayotte, 50 % sont insalubres et 60 % manquent du confort de base. Qui peut accepter cela ? Enfin, voici un chiffre que vous ne connaissez peut-être pas : en 2021, une société immobilière mahoraise a construit 394 logements. Ces chiffres doivent appeler à une réflexion générale : comment fait-on ? Quels moyens nous donnons-nous ? Sur quel foncier ? En suivant quelle stratégie ? Avec quel argent ? Avec quel porteur ?
    Action Logement s’apprête à lancer une belle opération, au travers d’une société coopérative : cela montre que quelque chose démarre, qu’un chemin se dessine –⁠ je le dis avec une grande humilité.
    Je suis allé à Wuambushu avec ma collègue Estelle Youssouffa. Je me souviens des questions au gouvernement de l’époque : c’était l’hallali absolu, alors que seuls 950 logements insalubres avaient été détruits. À ce rythme, il nous faudrait cent cinquante ans pour résoudre le problème de l’habitat illégal.
    On constate ou on agit : nous, nous sommes du côté de l’action, pour agir par l’intermédiaire des établissements publics. Sous votre responsabilité, monsieur le ministre, la délégation interministérielle a rendu un certain nombre de conclusions qui permettront de mieux lutter contre l’habitat illégal et de reconstruire. Deux chiffres à retenir –⁠ le ministre, j’imagine, nous apportera son éclairage dans quelques instants : l’objectif consiste à construire d’ici à dix ans 24 000 logements, dont 1 500 pour la seule année 2027. S’y ajoute une opération d’intérêt national (OIN) que vous connaissez, madame Voynet –⁠ vous avez eu des responsabilités à Mayotte : vous n’y êtes évidemment pour rien, mais elle n’avait pas avancé, or trois communes viennent de signer. Citons enfin le plan Logement outre-mer (Plom), qui doit encore atteindre sa pleine puissance. Il est clair que nous empruntons le bon chemin !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Nous prenons un peu de temps pour examiner cet important article, madame la présidente, c’est normal.
    Deux arguments me gênent. Le premier, abordé, d’une certaine manière, par Lecoq,…

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Le camarade Lecoq ! (Sourires.)

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    …ce sont les mises en cause des uns par les autres –⁠ et réciproquement. Franchement, ayant un tout petit peu d’expérience, je ne donne aucune leçon : avec des visions différentes, sans doute, je crois que tous les députés cherchent sincèrement des solutions durables, pérennes, pour Mayotte et les Mahorais, qui vivent une situation particulièrement complexe. Nous sommes tous Français ! Encore une fois, avec des convictions parfois différentes, je l’admets, nous voulons agir en faveur de Mayotte, de ses habitants français, en situation régulière, conscients des problèmes qui se posent des hommes, des femmes, des êtres humains en très grande détresse –⁠ mais tout le monde est en très grande détresse, à Mayotte ! C’est pourquoi les choses sont extrêmement difficiles.
    Dès le lendemain du passage de Chido, les maires –⁠ c’est également vrai du conseil départemental –, autrement dit ceux qui agissent sur le terrain, qui sont confrontés aux difficultés, ont unanimement appelé à ce que Mayotte ne devienne pas une île-bidonville. Le conseil départemental, dans son avis concernant ce projet de loi, a réclamé la suppression des bidonvilles. Nous avions eu ce débat lors de l’examen du texte consacré à la reconstruction, la loi du 24 février 2025 d’urgence pour Mayotte ; il n’avait alors pas été possible de prendre des mesures, d’où cet article, car nous nous étions dit que nous retrouverions le sujet à l’occasion du texte de refondation.
    Les bidonvilles exposent leurs occupants à des risques multiples : nous avons là, monsieur Lecoq, un enjeu en matière de protection des populations. J’ai tiré des exemples concrets de Dzoumogné ; j’aurais pu parler d’autres opérations auxquelles j’ai assisté, mais à Dzoumogné –⁠ c’est vraiment l’un des éléments qui doit nous permettre d’éclairer la question de la reconstruction – il n’y avait pas que des tôles : s’y ajoutait –⁠ je pense qu’il aura été détruit depuis – un bâtiment comprenant environ dix petites chambres où s’entassaient des dizaines de personnes. On leur faisait payer un loyer, bien évidemment. Parmi eux, il y avait sans doute des Mahorais, sans doute des migrants en situation régulière, sans doute des personnes en situation irrégulière. Aucun d’entre nous ne peut souhaiter que l’on fasse subir cela à des gens ! Comme ministre, comme citoyen, je ne peux l’accepter : je soutiens, nous soutenons tous l’action de la loi dite Elan de 2018, qui permet de raser ces bidonvilles, de reconstruire des logements, de proposer des solutions et en l’occurrence de construire un groupe scolaire.

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Et les gens, on les met où ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    S’agissant de cette opération, des solutions, je le répète, ont été proposées.

    Mme Elsa Faucillon

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    Non ! Pas à tout le monde ! Ce n’est pas vrai !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Certains des intéressés ont accepté, d’autres sont partis. Nous sommes face à une situation d’illégalité : si nous partons de votre principe, on ne pourra pas agir !

    M. Philippe Vigier, rapporteur général

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    Oui, il faut agir !

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Ceux qui suggèrent de supprimer cet article désarmeraient totalement l’action publique, y compris par rapport aux principes que vous invoquez et que nous pouvons tous partager. Nous avons besoin d’éléments, d’outils, pour la politique de logement proposée par le texte que je vous soumets.
    Les maires sont freinés et contraints dans leur capacité à aménager et développer leur territoire par la masse des bidonvilles. Encore une fois, nous pouvons tous être d’accord, y compris concernant la nécessité, pour certains bidonvilles, d’aller vite –⁠ je pense à ceux situés à flanc de montagne, comme le rappelait tout à l’heure Estelle Youssouffa. Lors de la prochaine saison des pluies, ils représenteront un véritable danger pour leurs habitants. Vous nous désarmeriez alors que nous allons mettre fin à l’existence de bidonvilles qui à cause de la pluie, des glissements de terrain, pourraient être la cause de dizaines de victimes !
    Vraiment, il ne s’agit pas ici d’opposer de grands principes humanistes, sur lesquels nous sommes en mesure de nous retrouver : c’est le rôle du Parlement, de l’action publique, d’apporter des réponses concrètes. Cette mesure est indissociable des efforts que nous devons entreprendre en vue de la régularisation du foncier et de la construction de logements.
    Le tableau de programmation du texte prévoit donc pour celle-ci 200 millions d’euros pour la période 2025-2029, et la construction de 24 000 logements –⁠ nous voulons aller le plus vite possible. L’établissement public s’agissant du foncier, l’OIN, la société immobilière de Mayotte (SIM), les acteurs qui commencent heureusement à s’intéresser à Mayotte, doivent pour cela produire du logement social, trouver et proposer des solutions. Évidemment, il y a toujours des zones grises, des difficultés ; les services de l’État, du département, des communes pourront, avec les associations, apporter des solutions.
    L’article 10 est important : il s’inscrit dans une logique qui est celle du développement du logement au sein de ce territoire. Je le dis avec beaucoup de force et de conviction : l’école et le logement constituent, avec la convergence sociale, les grandes priorités de ce texte.
    De grâce, nous avons besoin de cet outil, besoin d’en finir avec ce qui enfonce Mayotte dans la misère ! Je veux que nous nous battions contre ces bidonvilles, avec des solutions. Nous ne pouvons pas continuer de laisser cette île marquée au fer par des bidonvilles indignes, fondamentalement indignes de la conception que nous nous faisons de la France, de la République, et de la dignité des êtres humains. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et Dem. –⁠ M. le rapporteur général applaudit également.)

    (Les amendements identiques nos 12, 65, 183, 385 et 590 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Un point sur la situation, chers collègues : nous avons passé quarante minutes sur les amendements de suppression. C’est logique, leur examen tenant en quelque sorte lieu d’interventions liminaires sur l’article 10, qui est important. Toutefois, notre rythme est de 20 amendements par heure et il nous reste 455 amendements à examiner. Nous disposons encore de moins d’une heure à consacrer à ce texte aujourd’hui et de onze heures trente vendredi. Or, au rythme actuel, la durée hypothétique de l’examen du texte serait de vingt-deux heures onze !
    Par ailleurs, sur les amendements nos 71, 1, 448 et 2, je suis saisie par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    L’amendement no 71 de M. Yoann Gillet est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    La loi Elan donne au préfet, à Mayotte et en Guyane, la possibilité d’ordonner l’évacuation et la démolition d’un habitat informel lorsque les installations répondent à trois critères cumulatifs : avoir été édifiées sans droit ni titre, former un ensemble homogène, présenter des risques graves pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publique.
    Cet amendement vise à supprimer le critère de gravité des risques. Ce ne serait pas pertinent : la jurisprudence administrative exige que ce type de police administrative dérogatoire soit nécessaire, adapté et proportionné aux troubles à l’ordre public, or autoriser le recours à ces mesures d’exception sans exiger un critère de gravité paraîtrait disproportionné. En outre, l’amendement créerait une distinction entre Mayotte et la Guyane, pour laquelle ce critère serait conservé à l’article 11-1 de la loi du 23 juin 2011. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Je voulais revenir sur les épithètes qui nous ont été décernées. On a parlé d’hypocrisie : je n’ai pas vu venir du côté gauche de l’hémicycle le moindre amendement visant à offrir un relogement dans l’Hexagone ou les autres collectivités ultramarines.

    Mme Dominique Voynet

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    Si !

    Mme Estelle Youssouffa

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    Non, non ! Vous soutenez qu’il faut reloger tout le monde ; dans une île de 375 kilomètres carrés, où vous encouragez la propagation des bidonvilles sur les mêmes terrains où vous réclamez de voir s’installer les services publics, je ne sais pas, logiquement, comment nous le ferions. L’espace est limité : encore une fois, si vous laissez prospérer les occupations illégales, je ne vois pas où mettre les logements. Comme vous ne proposez pas de solutions au sein de vos circonscriptions, excusez-moi, mais il n’y aura pas d’opération magique !
    Par ailleurs, je vous rappelle tout de même que les petits anges qu’en évoquant Wuambushu vous décrivez ici comme des victimes ont attaqué, caillassé, grièvement blessé des membres des forces de l’ordre, désormais handicapés pour avoir fait appliquer la loi à Mayotte. Ce que vous êtes en train de dire est extrêmement grave ! Vous sous-entendez que l’on a eu affaire à de pauvres victimes innocentes qui laissaient tout faire : or elles ont organisé à Mayotte une quasi-guerre civile parce que l’État, enfin, se bougeait, essayait de reprendre le contrôle des zones occupées illégalement –⁠ de terrains qui, publics ou privés, ont des propriétaires. Ce n’est pas un détail, et il n’est pas normal de laisser dire ici que ces gens se sont gentiment dispersés. C’est absolument l’inverse : la population a vécu un calvaire, les autorités ont dû envoyer des renforts, renforts qui ont risqué leur vie, je le répète, pour que la loi soit appliquée à Mayotte !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Pour répondre à l’exemple de M. le ministre, il y a aussi à La Réunion des bâtiments où l’on trouve dans deux pièces jusqu’à six ou sept personnes. On ne les balance pas dehors, on ne rase pas l’immeuble : on essaie de trouver des solutions. Très souvent, d’ailleurs, il y a là des familles mahoraises ! D’autres familles mahoraises, à La Réunion, construisent des bangas, des bidonvilles : on ne rase pas tout, on essaie de trouver des solutions !
    Je suis né en 1967 dans un quartier de Saint-Benoît qui s’appelait et s’appelle toujours Camp Jacquot ; dans leur grande majorité, les familles qui y habitaient à l’époque sont toujours là. C’étaient des bidonvilles : moi-même, je vivais dans un bidonville, j’ai passé des nuits sous deux feuilles de tôle. Heureusement que l’on n’est pas venu tout raser –⁠ heureusement ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Sinon, je ne serais pas là ; mes amis, ma famille ne seraient pas là.
    Avec l’aide de la puissance publique, nous avons évolué, construit au fur et à mesure. Nous nous sommes protégés entre nous ; il y avait de l’entraide. À aucun moment nous n’avons dû dégager –⁠ dehors, sous la pluie, sous le soleil, c’est pire que sous deux feuilles de tôle. Il ne faut pas oublier, mesdames, messieurs, mes chers collègues, que nous parlons d’êtres humains. Réfléchissez un peu ! Personne ne veut voir des gens sous des bangas, dans des bidonvilles, mais il faut trouver des solutions ! Si l’on rase tout, les enfants abandonnés, qu’en fait-on ? C’est là que l’on crée la délinquance ; où il n’y a pas de justice, la violence naît automatiquement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP ainsi que sur plusieurs bancs du groupe EcoS. –⁠ Mme Elsa Faucillon applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet.

    M. Yoann Gillet

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    Le rapporteur pour avis évoquait le fait que mon amendement vise à supprimer le critère de gravité des risques pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publique. S’il y a de l’insécurité, s’il y a un manque de salubrité et tranquillité publique, cela suffit : pas besoin que ce soit « grave » ! En maintenant ce terme, vous donnez au juge la possibilité de l’interpréter, ouvrant la voie à de nombreux contentieux.
    Par ailleurs, pour répondre aux collègues qui prennent la parole à propos des solutions à apporter au mal logement –⁠ phénomène que personne ne nie –, je soulignerai que deux solutions se présentent. Si les personnes vivant dans un bidonville sont en situation irrégulière, la solution est l’expulsion ; si elles sont en situation régulière, la solution est de procéder à un accompagnement social et à des efforts budgétaires auxquels la France doit consentir pour offrir un logement à l’ensemble de ses compatriotes.
    Je vous renvoie d’ailleurs à vos contradictions. Lorsque le Rassemblement national a proposé des amendements au projet de loi de finances portant sur la mission Outre-mer visant à augmenter considérablement les moyens alloués à la nécessaire construction de logements dans l’ensemble de nos territoires ultramarins, vous ne les avez pas votés avec nous ; par sectarisme, vous avez préféré les rejeter. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme Mathilde Panot

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    N’importe quoi ! Vous êtes vraiment des menteurs…

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 71.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        126
            Nombre de suffrages exprimés                125
            Majorité absolue                        63
                    Pour l’adoption                40
                    Contre                85

    (L’amendement no 71 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau, pour soutenir l’amendement no 1.

    M. Hervé de Lépinau

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    L’article 10 permet d’aborder la problématique du logement. Pour prendre conscience de la gravité de la situation, je renvoie aux collègues qui ont eu des expériences d’élu local. Lorsque l’on établit, dans une commune ou une intercommunalité, un schéma de cohérence territoriale ou un plan local de l’habitat, on retient généralement des hypothèses de croissance de la population de 2 à 3 % sur une période de cinq ans. À Mayotte, la population est passée d’environ 67 500 habitants en 1985 à près de 500 000 habitants aujourd’hui, dont peut-être 300 000 Mahorais ou personnes en situation régulière, et 200 000 personnes en situation irrégulière. Cela montre bien que les politiques publiques ont laissé filer la question migratoire pendant quarante ans, sans se soucier des conséquences en matière d’habitat.
    Quand j’entends les députés de l’autre côté de l’hémicycle aborder la question de la dignité humaine, je tiens à dire que c’est en ne faisant rien pour lutter contre l’immigration illégale que vous avez créé les conditions de l’habitat insalubre. La responsabilité politique sur ce sujet est immense.
    Mon amendement permet, dans le cadre du grand plan de reconstruction de Mayotte, de prendre le sujet de l’immigration irrégulière à bras-le-corps.
    Pour lutter contre l’habitat insalubre, il faudra, lorsque les opérations préfectorales seront engagées, savoir qui habite dans ces bidonvilles. Si des personnes en situation irrégulière s’y trouvent, il faudra non seulement détruire les habitats, mais également envisager leur expulsion.   (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    La faculté donnée au préfet de pouvoir ordonner l’évacuation et la démolition des habitats dépend uniquement des risques graves que ces habitats font courir ; elle ne peut pas dépendre du statut de la personne qui s’y trouve. C’est donc un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Au-delà de ce que vient de dire M. Gumbs, cet amendement supprime de fait, pour les étrangers en situation irrégulière, les garanties en cas d’existence de risques graves pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publiques et les délais d’évacuation, qui permettent de concilier de façon équilibrée la nécessité de sauvegarde de l’ordre public et les atteintes à la vie privée, à la dignité humaine et au droit de propriété. Cela fragilise donc considérablement la sécurité juridique du dispositif.
    À chaque fois, nous voyons bien que l’équilibre est complexe entre la nécessité d’agir et celle d’assurer la sécurité juridique de l’action publique. Pour l’ensemble de ces raisons, je suis également défavorable à cet amendement.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Je suis obligé de rebondir parce que ce que vous avez dit est inexact. L’amendement ne supprime aucun des critères que vous invoquez ; il ajoute seulement, après la mention des risques graves pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publiques à l’alinéa 6, les mots suivants : « ou que la personne à l’origine de l’édifice ne peut justifier d’une situation de présence régulière sur le territoire français ». Je n’ajoute ni ne retranche donc aucune condition ; je propose seulement de renforcer l’alinéa 6 pour traiter la question de la population étrangère en situation irrégulière dès le départ.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        123
            Nombre de suffrages exprimés                123
            Majorité absolue                        62
                    Pour l’adoption                45
                    Contre                78

    (L’amendement no 1 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet, pour soutenir l’amendement no 593.

    Mme Dominique Voynet

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    Avant de présenter l’amendement, je précise avec toute la bonne foi dont je suis capable que contrairement à ce qui a été dit plus tôt, nous avons proposé des solutions concrètes s’agissant du sort des personnes étrangères en situation irrégulière. Nous avons en effet défendu la suppression du visa territorialisé, qui doit permettre de partager ce que beaucoup perçoivent comme un fardeau.
    J’ajoute que nous n’avons aucune complaisance à l’égard des bandes violentes qui pourrissent la vie de Mayotte, des Mahorais et des habitants. Je tenais à remettre ces choses au clair.
    L’amendement déposé par Charles Fournier et par les autres députés du groupe écologiste propose le dépôt d’un rapport de diagnostic des possibilités techniques et des mesures correctives. Il permet de répondre à deux types de situations.
    La première situation est celle d’une collectivité qui entend conduire un projet d’intérêt général, comme la construction d’une école ou de logements par exemple. Elle a alors le temps de réaliser un diagnostic social en vue d’un relogement.
    La deuxième situation est, elle, caractérisée par l’insalubrité et l’insécurité. Je pense par exemple aux glissements de terrain qui surviennent régulièrement sur les hauteurs de Kawéni. Je me remémore avec beaucoup de tristesse cette femme et ses enfants, morts ensevelis dans la boue il y a quelques années. Dans ces cas, il y a urgence : la démarche vise avant tout à assurer la mise en sécurité des personnes. Une évacuation et un relogement sont alors prescrits, même s’ils sont provisoires et précaires, simplement pour mettre leur vie à l’abri.
    Nous voulions donc, grâce à cet amendement, insister sur la nécessité de procéder à un diagnostic des situations très diverses. Toutefois, je suis prête, pour avancer, à le retirer puisqu’un rapport est prévu à l’alinéa 7 de l’article 10. Si M. le ministre et M. le rapporteur confirment que notre amendement est satisfait par cette disposition, je le retirerai.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je confirme que l’article 10 prévoit déjà qu’un rapport motivé établi par les services chargés de l’hygiène et de la sécurité, placés sous l’autorité du préfet, soit annexé à l’arrêté d’évacuation et de démolition de l’habitat informel. Il me semble que l’ajout d’un rapport risquerait de ralentir la capacité du préfet à recourir au dispositif prévu par la loi. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet.

    Mme Dominique Voynet

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    L’ambiguïté est liée à la rédaction de l’alinéa 7 qui indique que le rapport motivé traite des questions d’hygiène et de sécurité. Or, qu’en est-il quand vous souhaiterez libérer un terrain pour construire un établissement public ou une école ? Il ne s’agit pas là d’un simple problème d’hygiène et de sécurité. Nous avons besoin de répondre à des situations diverses qui conduiront à libérer des terrains selon des temporalités différentes : s’il est envisagé de construire une école, le temps nécessaire au travail de l’architecte et à la recherche de financements permettra de procéder à un diagnostic social et de proposer des relogements.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre d’État.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    L’article 10 ne remet pas en cause l’élaboration d’un rapport motivé établi par les services chargés de l’hygiène, en l’espèce l’agence régionale de santé de Mayotte que vous connaissez bien, qui est déjà mentionnée à l’article 11-1 de la loi du 23 juin 2011 actuellement en vigueur. C’est pour cela que nous demandions le retrait de l’amendement ; c’est déjà prévu, et il faut que cela puisse s’appliquer. Je voulais apporter cette précision ; j’aurais dû le faire préalablement.

    (L’amendement no 593 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Anchya Bamana, pour soutenir l’amendement no 448.

    Mme Anchya Bamana

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    Pour rendre opérationnels des objectifs poursuivis par cet article, mon amendement vise à modifier légèrement l’alinéa 6 en insérant le mot « connus » après le mot « propriétaires » afin de permettre de mettre en lumière un problème fondamental à Mayotte : celui de l’absence d’identification fiable des propriétaires fonciers.
    À Mayotte, la situation est dramatique. Selon la chambre des notaires, au rythme actuel, il faudrait plusieurs siècles pour parvenir à une régularisation foncière complète. Pourtant, depuis les années 2000, les élus ont demandé que ce chantier soit mis en œuvre. Résultat : plus de 80 % du foncier relève d’un statut informel, rendant toute politique d’aménagement, de logement ou de lutte contre l’habitat insalubre extrêmement difficile à conduire.
    On ne peut pas parler de propriétaires sans savoir qui ils sont, ni où s’exercent leurs droits. Dans les faits, la propriété repose encore largement sur des droits coutumiers, des indivisions non réglées et une transmission orale, souvent floue, au sein des communautés. Il est donc illusoire d’imaginer un traitement efficace du foncier sans identifier au préalable les propriétaires réels.
    En intégrant le mot « connus », cet amendement permet de nommer clairement le problème et d’ouvrir la voie à une action ambitieuse en matière de régularisation foncière.
    Il s’agirait d’abord de doter Mayotte d’un véritable cadastre ; ce n’est pas un détail technique mais une condition préalable à tout développement cohérent du territoire et à une action efficace de l’État dans le cadre de l’article dont nous discutons. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je comprends tout à fait votre préoccupation quant à la nécessité de régler les problèmes du foncier à Mayotte, mais ils seront traités à un article ultérieur.
    D’après moi, votre amendement est plutôt un amendement d’appel pour attirer l’attention sur le désordre foncier à Mayotte, mais on ne peut pas le traiter ainsi puisqu’il constituerait un frein à l’application de l’article 10. C’est pourquoi je vous demande de le retirer ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 448.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        115
            Nombre de suffrages exprimés                103
            Majorité absolue                        52
                    Pour l’adoption                44
                    Contre                59

    (L’amendement no 448 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 685 de Mme Béatrice Bellay est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 685.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        121
            Nombre de suffrages exprimés                121
            Majorité absolue                        61
                    Pour l’adoption                54
                    Contre                67

    (L’amendement no 685 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau, pour soutenir l’amendement no 2.

    M. Hervé de Lépinau

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    Tout d’abord, je formulerai une observation sur le précédent scrutin relatif à l’amendement de ma collègue Anchya Bamana. C’est quand même absolument invraisemblable que vous votiez contre l’établissement d’un cadastre à Mayotte par dogmatisme. C’est sidérant !Les collègues de gauche et d’extrême gauche sont sidérants. C’est dingue ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme Dominique Voynet

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    On en parlera à un prochain article ! Il faut lire le texte, quand même !

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Lisez le texte !

    Mme Elsa Faucillon

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    Arrêtez vos bêtises !

    M. Hervé de Lépinau

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    Cela conforte vraiment ce que j’ai dit tout à l’heure, c’est-à-dire votre volonté de châtier les Mahorais parce qu’ils votent mal, selon vous. C’est, je crois, la preuve d’un manque d’humanité assez saisissant et même effrayant.
    Quant à cet amendement, il vise à compléter l’alinéa 6 par cette phrase : « Lorsque la personne à l’origine de l’édifice ne peut justifier d’une présence régulière sur le territoire français, l’acte de démolition peut se faire sans délai, dans des conditions fixées par décret. »
    La politique est faite de symboles, on le sait ; elle doit aussi être faite d’efficacité et d’action.
    Dans la réalité, des populations venues principalement des Comores considèrent qu’une fois arrivées sur le territoire français, c’est open bar : une fois qu’on est là, on n’en part plus. En adoptant cet amendement, vous enverriez un signal extrêmement fort aux Comoriens tentés par l’aventure de la traversée : ils sauraient que les bâtiments irréguliers, qui de surcroît présentent un danger pour leur vie, seront détruits.
    Par parenthèse, les pompiers de mon département partis à Mayotte après Chido ont témoigné du fait qu’il y a eu énormément de morts à la suite de blessures liées aux tôles qui ont volé ; mais comme il s’agissait de personnes en situation irrégulière, elles n’ont pas tellement été comptabilisées.

    Mme Sandrine Rousseau

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    On ne sait toujours pas combien de morts il y a eu !

    M. Hervé de Lépinau

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    Monsieur le ministre, nous avons eu ce débat : vous savez que ce que je décris est une réalité.

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Non !

    M. Hervé de Lépinau

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    Si on parle d’humanité, il faut la prendre dans son ensemble et envoyer un message fort : si vous êtes en situation illégale et que vous construisez de manière illégale, votre cabane sera détruite sans délai. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Avis très défavorable. Certains sur ces bancs considèrent que la loi donne déjà de très larges pouvoirs dérogatoires au préfet. Vous êtes, je crois, dans l’excès.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 2.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        124
            Nombre de suffrages exprimés                124
            Majorité absolue                        63
                    Pour l’adoption                40
                    Contre                84

    (L’amendement no 2 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 425 et 591.
    La parole est à M. Davy Rimane, pour soutenir l’amendement no 425.

    M. Davy Rimane

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    Cet amendement vise à garantir aux personnes expulsées des propositions de relogement ou d’hébergement d’urgence adaptées à leurs besoins et à leur situation familiale, conformément à l’avis du Conseil d’État, en attendant que les décisions finales des pouvoirs publics soient prises.
    Depuis le projet de loi d’urgence pour Mayotte, j’ai demandé au ministre et aux rapporteurs ce qu’ils prévoyaient de proposer aux personnes expulsées : où iront-elles ?
    La loi prévoit déjà que les pouvoirs publics peuvent intervenir pour arrêter une construction dont ils auraient constaté le caractère illégal. Mais on parle ici de constructions qui existent depuis des décennies. Vous voulez une résorption massive de cet habitat. J’ai aussi demandé à M. le ministre pourquoi Mayotte –⁠ comme la Guyane, d’ailleurs – n’est pas concernée par le plan national de résorption de l’habitat spontané ou insalubre. Quand on parle de bidonvilles, ce sont pourtant les deux territoires de la République les plus concernés. Il faut donc se poser les bonnes questions.
    Monsieur le rapporteur général, vous évoquez les opérations d’intérêt national. Ce n’est pas une réussite ! On a pris du foncier privé à des familles pour ces OIN ; on les a ainsi empêchées de mener à bien leurs propres projets ; mais rien n’en est sorti. Et ensuite, les gens sont dans des situations de mal-logement, pour ne pas dire qu’ils habitent dans des bidonvilles.
    Dans les années 1980, le président Mitterrand avait affirmé qu’on ne pouvait envoyer des fusées Ariane sur fond de bidonville. En 2025, quarante ans après cette déclaration de feu François Mitterrand, il n’y a jamais eu autant de bidonvilles en Guyane ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Dominique Voynet, pour soutenir l’amendement no 591.

    Mme Dominique Voynet

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    Il faudrait aussi évoquer les contraintes dues au climat et au calendrier. Après Chido, beaucoup de familles se sont trouvées à la rue en pleine saison des pluies. À d’autres moments, c’est arrivé pendant qu’ils préparaient la rentrée scolaire.
    Vous avez vu les conséquences sanitaires désastreuses de ces évacuations massives : les personnes se sont réfugiées dans l’intérieur des terres, sans accès à l’eau potable, ce qui a provoqué des épidémies de typhoïde et de choléra.
    Il faut donc prendre en considération ce contexte saisonnier, plus fortement à Mayotte qu’en métropole.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Ces amendements partent d’un bon sentiment. Il est humain de souhaiter que les solutions de relogement ou d’hébergement d’urgence soient adaptées aux besoins et à la situation familiale des personnes expulsées d’un habitat informel.
    Cependant, le parc de logement reste nettement insuffisant. Où trouver ces solutions ?
    Il serait sans doute, par ailleurs, opportun de préciser ce que vous entendez par la formule « adaptée aux besoins et à la situation familiale ».
    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Davy Rimane.

    M. Davy Rimane

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    Monsieur le rapporteur pour avis, M. Ratenon l’a rappelé tout à l’heure : dans les logements sociaux déjà existants, comme dans les bidonvilles, des familles vivent à dix dans de toutes petites pièces, où ils dorment les uns à côté des autres. Si nous demandons des solutions adaptées aux familles, c’est parce qu’aujourd’hui, celles-ci se retrouvent –⁠ pardonnez-moi l’expression – comme des sardines en boîte !
    Si on veut résorber l’habitat spontané, insalubre, voire illégal, alors il faut établir une stratégie globale. S’il n’y a pas de logement d’urgence pour attendre une issue définitive, alors on va casser des logements dont les habitants seront simplement à la rue. Ils iront dans d’autres bidonvilles ou construiront d’autres bidonvilles.
    Cet amendement est donc plein de bon sens : il faut reloger avant de casser.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 425 et 591.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        107
            Nombre de suffrages exprimés                107
            Majorité absolue                        54
                    Pour l’adoption                49
                    Contre                58

    (Les amendements identiques nos 425 et 591 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir l’amendement no 192.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Cet amendement de repli vise à encourager la réhabilitation de l’habitat informel afin de lutter efficacement contre la grande misère qui gagne Mayotte.
    Je reprends l’exemple de mon quartier : la RHI, la résorption de l’habitat insalubre –⁠ qui n’est malheureusement pas appliquée partout –, consistait certes à raser les maisons, mais après avoir mené une opération de reconstruction ; soit les gens partaient dans d’autres logements, en attendant que leur quartier soit réhabilité, soit ils déménageaient, partaient.
    On ne peut pas dire aux gens « vous devez dégager » sans leur proposer de solution de relogement. Il faut améliorer leur situation en attendant un avenir meilleur.
    Je demande à tous nos collègues de voter cet amendement de bon sens, très humain. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    L’idée même de prévoir des mesures correctives de l’insalubrité présuppose un maintien de l’habitat informel. Or nous voulons le faire disparaître, pas le réparer. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Votre proposition complexifierait la procédure et la fragiliserait en cas de contentieux, alors que son champ d’application est déjà limité par la notion de gravité des risques.
    Votre amendement laisse aussi entendre qu’il serait possible de remédier à l’insalubrité de bidonvilles informels alors que ce type d’installation ne saurait être reconnu comme relevant de la définition de l’habitat, mais seulement comme installation utilisée à des fins d’habitation.
    Pour ces deux raisons, je suis opposé à votre amendement.
    Votre expérience ne peut, je crois, qu’impressionner chacun d’entre nous. Je ne la discute pas mais je veux rappeler deux éléments spécifiques à la situation de Mayotte. D’abord, l’habitat informel, les bidonvilles, abritent un tiers de la population. Un tiers ! Si on ne lutte pas contre cette situation, nous n’y arriverons pas. Ensuite, Mme Youssouffa a rappelé la reconstruction incroyablement rapide de ces bidonvilles après le passage de Chido : la situation est aujourd’hui encore plus périlleuse que celle que l’on connaissait jusque-là.
    Dans un tel contexte, il n’est pas possible de rentrer dans une logique de réhabilitation des bidonvilles. Je suis donc fermement opposé à votre amendement.

    (L’amendement no 192 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Nosbé, pour soutenir l’amendement no 188.

    Mme Sandrine Nosbé

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    Monsieur le ministre, vous disiez tout à l’heure que Mayotte ne doit pas devenir une île bidonville. Alors il faudrait construire des logements : démolir sans prévoir de relogements ne résoudra pas le problème. Mes collègues Rimane et Ratenon vous ont déjà posé la question : où iront ces gens ? Vous partez du principe que ce sont tous des clandestins et qu’il va falloir les expulser. Mais les recherches montrent qu’il y a là aussi des Français et des étrangers en situation régulière. Que prévoyez-vous pour eux ? Vous ne répondez pas.
    M. Ratenon proposait de réhabiliter ces bidonvilles pour en faire des logements, certes précaires, puisqu’on ne pourra pas construire vite autant de logements en dur, mais dignes, ou en tout cas moins indignes.
    Vous n’apportez en réalité aucune solution : après le passage de Chido, vous le dites vous-même, les bidonvilles sont revenus très rapidement. Ils ont poussé comme des champignons parce qu’il fallait bien que les gens se logent !
    Qu’allez-vous faire pour ces gens ? Ce sont des êtres humains, nous ne cessons de vous le répéter. Il faut qu’ils puissent habiter quelque part, le temps de construire de véritables logements dignes.

    M. Hervé de Lépinau

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    Mais ça n’a aucun sens !

    Mme Sandrine Nosbé

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    Cet amendement tend à conserver le délai minimal d’un mois pour évacuer les lieux à démolir. Il faut au moins préserver ça !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 188.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        101
            Nombre de suffrages exprimés                101
            Majorité absolue                        51
                    Pour l’adoption                41
                    Contre                60

    (L’amendement no 188 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux demandes de scrutin public : sur l’amendement n° 581, par le groupe Horizons & indépendants ; sur l’amendement n° 3, par le groupe Rassemblement national.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Philippe Gosselin, pour soutenir l’amendement no 581.

    M. Philippe Gosselin

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    Cet amendement tend à porter le délai de flagrance de l’alinéa 10 à trente jours au lieu de sept.
    Il y a aujourd’hui davantage d’habitat insalubre à Mayotte qu’il n’y en avait avant Chido.
    Des personnes qui étaient mal logées le sont encore moins bien et certaines reconstructions ont été faites rapidement. Le délai de flagrance est aujourd’hui de sept jours, ce qui est très court pour permettre à l’administration d’engager des procédures efficaces. Pour gagner en efficacité, l’amendement vise à allonger ce délai.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Il me semble excessif, après être passé de quatre-vingt-seize heures à sept jours, de porter ce délai de sept à trente jours. Ce serait un grand saut.

    M. Philippe Gosselin

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    C’est un saut important !

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je suis donc défavorable à votre amendement.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 581.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        103
            Nombre de suffrages exprimés                103
            Majorité absolue                        52
                    Pour l’adoption                45
                    Contre                58

    (L’amendement no 581 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau, pour soutenir les amendements nos 3 et 4, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Hervé de Lépinau

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    Ils visent là encore à traiter le problème des personnes en situation irrégulière à Mayotte, qui constituent l’effectif le plus important des bidonvilles. L’amendement no 4 est un amendement de repli.
    Je sais très bien que le rapporteur et le ministre vont émettre un avis défavorable. À mon sens, ce sera la preuve formelle, une fois encore, que ce texte pour la refondation de Mayotte constituera uniquement une déclaration d’intention et que tout cela n’aboutira pas, parce que vous n’avez pas la volonté politique de traiter l’origine principale des maux que nous rencontrons : l’immigration clandestine, qui fait que la population de Mayotte explose.
    Je suis désolé, tant que vous n’accepterez pas de faire un distinguo entre les Mahorais français, les personnes étrangères en situation régulière et celles en situation irrégulière, vous n’y arriverez pas.
    Monsieur le rapporteur pour avis, j’anticipe votre position sur l’article 21  ter, qui est issu d’un amendement adopté en commission des affaires économiques. Cet article prévoit la remise d’un rapport relatif au lancement par l’État d’un appel à projets pour revoir le mode de construction à Mayotte afin de tenir compte de la sismicité ainsi que des ouragans et typhons récurrents. Vous avez déposé un amendement de suppression. Cela veut dire que par dogmatisme, vous ne voulez pas que l’on réfléchisse techniquement à la manière de mieux loger, et surtout rapidement, les habitants de Mayotte.
    Nous le savons, il ne faut plus que des tôles circulent à Mayotte. Reloger les Français et les étrangers en situation régulière qui sont mal logés est une nécessité impérieuse. Je propose un appel à projet ; le rapporteur est contre. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Je suis tout à fait défavorable à vos amendements. Le fait de ne pas prévoir de délai pour effectuer l’évacuation de l’habitat informel apparaît juridiquement disproportionné au regard des exigences constitutionnelles en matière de droit au recours –⁠ vous supprimez tout droit à un recours juridictionnel effectif. Par ailleurs, vous êtes en train de me dire ce que je pense, comme si vous saviez le mieux que moi.

    M. Hervé de Lépinau

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    J’ai lu votre amendement !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    En effet, un étranger en situation irrégulière n’a pas les mêmes droits qu’un Français ou qu’un étranger en situation régulière. Tant que vous ne parviendrez pas à sortir de votre aveuglement, qui vous conduit à considérer que c’est pareil pour tout le monde, vous n’y arriverez pas. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Elsa Faucillon

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    C’est un droit imprescriptible pour tout être humain !

    M. Hervé de Lépinau

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    Regardez en droit comparé ce qui se passe dans d’autres pays du monde : la personne en situation irrégulière n’a pas les mêmes droits qu’une personne en situation régulière, et c’est heureux.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 3.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        108
            Nombre de suffrages exprimés                108
            Majorité absolue                        55
                    Pour l’adoption                35
                    Contre                73

    (L’amendement no 3 n’est pas adopté.)

    (L’amendement no 4 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour soutenir l’amendement no 82.

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Nous évoquions à l’instant les voies de recours possibles. L’amendement vise à réintroduire le caractère suspensif pour les recours en référé-suspension et en référé-mesures utiles. Un encadrement plus strict du droit au recours des personnes intéressées a été introduit en commission des affaires économiques au Sénat afin d’accélérer l’exécution des opérations de résorption.
    S’il apparaît qu’en droit, la limitation du caractère suspensif aux seuls recours en référé liberté ne devrait pas être inconstitutionnelle de ce seul fait, il est légitime de s’interroger sur l’opportunité d’une telle limitation. Si un référé suspension ou un référé mesures utiles est jugé dans un délai plus long qu’un référé-liberté –⁠ autour d’un mois en moyenne –, la différence en pratique n’est que de quelques semaines. Par ailleurs, le juge administratif tend à s’adapter à l’urgence pour rendre sa décision en temps utile.
    Dans ce contexte, il semble prudent de réintroduire le caractère suspensif pour les recours en référé suspension et en référé mesures utiles, les quelques jours supplémentaires requis pour l’examen de ce référé pouvant être utiles avant l’exécution de la décision. Je vous propose donc de revenir au texte initial.

    (L’amendement no 82, accepté par la commission et le gouvernement, est adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutins publics : sur l’amendement no 119, par les groupes La France insoumise-Nouveau Front populaire et Socialistes et apparentés ; sur l’article 10, par les groupes Rassemblement national, LFI-NFP et Horizons & indépendants.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Olivier Marleix, pour soutenir l’amendement no 89.

    M. Olivier Marleix

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    Le rapport du Sénat souligne l’existence de véritables réseaux organisés d’hébergement informel, allant bien au-delà de l’entraide individuelle, qui proposent des solutions d’hébergement dans de l’habitat indigne, contre de l’argent ou des contreparties en nature. Or le droit en vigueur ne permet pas de sanctionner efficacement ces pratiques dès lors qu’elles ne relèvent pas formellement de l’aide à l’entrée ou au séjour irrégulier au sens de l’article L. 823-1 du Ceseda, le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Celle-ci suppose souvent une contrepartie ou une intention particulière, qui est difficile à caractériser.
    La nouvelle infraction que nous proposons de créer ne vise ni l’hébergement humanitaire isolé, ni les cas exceptionnels, mais les comportements en bande organisée, complices et systématiques, qui alimentent l’architecture invisible de l’immigration clandestine à Mayotte.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs

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    Monsieur Marleix, l’article L. 823-1du code de l’entrée du séjour des étrangers et du droit d’asile sanctionne déjà de cinq ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende « le fait pour toute personne de faciliter ou de tenter de faciliter, par aide directe ou indirecte, l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d’un étranger en France ». Cette disposition prévue par le Ceseda, qui est applicable sur tout le territoire national –⁠ pas seulement à Mayotte –, ne concerne pas uniquement l’habitat informel. Il me semble que la mesure est suffisante pour répondre aux situations rencontrées à Mayotte. Il n’est pas nécessaire d’être plus sévère. Mon avis est donc défavorable.

    (L’amendement no 89, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Il nous reste une dizaine d’amendements à examiner pour terminer l’examen de l’article 10 et des amendements portant article additionnel après l’article 10. Cela aurait plus de sens de reprendre l’examen du texte vendredi sur l’article suivant, si vous en êtes d’accord.
    Je suis saisie de plusieurs amendements identiques, nos 119, 185, 287, 384 rectifié et 592.
    La parole est à M. Elie Califer, pour soutenir l’amendement no 119.

    M. Elie Califer

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    Cette fois-ci, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, vous allez être d’accord avec le Conseil d’État. Celui-ci a rappelé un principe fondamental : toute évacuation forcée doit être accompagnée d’une proposition de relogement ou d’hébergement adaptée à la situation personnelle et familiale des personnes concernées. Il considère cette exigence comme une garantie essentielle pour s’assurer que la mesure d’évacuation respecte un juste équilibre entre la protection de l’intérêt général et le respect des droits fondamentaux, en particulier la vie privée et la dignité humaine.
    Le Conseil d’État a également souligné que le gouvernement n’a pas fait le choix d’inscrire dans le texte l’absence de solution de relogement comme une exception, laquelle aurait pu être justifiée par une impossibilité matérielle de satisfaire à cette obligation. Qu’il faille des instruments juridiques, nous le concevons, mais gardons-nous de les inscrire dans la loi au mépris des droits fondamentaux.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir l’amendement no 185.

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    La dérogation malsaine qui est proposée est un blanc-seing attribué au préfet. Celui-ci pourra mettre à la rue des personnes sans se soucier de garantir leur droit au logement pourtant protégé par la Constitution. Avec une telle disposition, les pouvoirs publics ne seront plus encouragés à développer la politique de logement et de résorption de l’habitat insalubre.
    Avec l’alinéa 14, vous faites la démonstration que l’État ne souhaite pas mener une vraie politique de logement, pas seulement à Mayotte mais dans l’ensemble des outre-mer –⁠ c’est quasiment déjà le cas. Unicef France estime que « la fin du droit inconditionnel à une proposition de relogement dans le cadre de la politique de destruction des habitations précaires signe l’augmentation massive du phénomène d’enfants à la rue ».

    M. Jean-Hugues Ratenon

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    Vous voulez augmenter les phénomènes de violence et de non-droit, pas seulement à Mayotte, mais aussi par ricochet à La Réunion. Cette disposition plaît sûrement à ma collègue, Mme Youssouffa, car voilà encore une belle occasion de semer le désordre dans l’océan Indien. Je vous invite à voter pour l’amendement.

    Mme la présidente

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    Les amendements identiques nos 287 de M. Philippe Naillet, 384 rectifié de Mme Émeline K/Bidi et 592 de M. Charles Fournier sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    C’est simple : si on supprime cet alinéa, on enlève toute efficacité à l’article 10. En effet, en l’absence de proposition d’hébergement, le préfet ne peut pas ordonner l’évacuation et la démolition. Or le parc d’hébergement est nettement sous-dimensionné par rapport aux besoins –⁠ nous en sommes tous d’accord. Telle est la difficulté. Votre proposition est inapplicable, c’est pourquoi j’émettrai un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 119, 185, 287, 384 rectifié et 592.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        102
            Nombre de suffrages exprimés                102
            Majorité absolue                        52
                    Pour l’adoption                44
                    Contre                58

    (Les amendements identiques nos 119, 185, 287, 384 rectifié et 592 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 120 de M. Elie Califer est défendu.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Sagesse !

    (L’amendement no 120, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 10, tel qu’il a été amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        100
            Nombre de suffrages exprimés                93
            Majorité absolue                        47
                    Pour l’adoption                58
                    Contre                35

    (L’article 10, amendé, est adopté.)

    Après l’article 10 (amendements précédemment réservés)

    Mme la présidente

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    Nous en venons à trois amendements portant article additionnel après l’article 10.
    L’amendement no 196 de Mme Nadège Abomangoli est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Exiger un rapport supplémentaire ne ferait que ralentir la capacité du préfet à recourir au dispositif. Avis défavorable.

    (L’amendement no 196, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 286 de M. Philippe Naillet est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Frantz Gumbs, rapporteur pour avis

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    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Manuel Valls, ministre d’État

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 286.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        93
            Nombre de suffrages exprimés                87
            Majorité absolue                        44
                    Pour l’adoption                54
                    Contre                33

    (L’amendement no 286 est adopté.)
    (Applaudissements
    sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 72 de M. Yoann Gillet est défendu.

    (L’amendement no 72, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je vous informe qu’à la demande de la commission, en application de l’article 95, alinéa 4, du règlement, les articles 14 à 18 précédemment réservés seront examinés à l’issue de la discussion des amendements portant article additionnel après l’article 24.
    La suite de la discussion est renvoyée à une prochaine séance.

    5. Ordre du jour de la prochaine séance

    Mme la présidente

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    Prochaine séance, ce soir, à vingt et une heures trente :
    Déclaration du gouvernement sur la situation au Proche et au Moyen-Orient, suivie d’un débat.
    La séance est levée.

    (La séance est levée à vingt heures.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra