Question écrite n° 5138 :
Précarité étudiante et politique d'encadrement des loyers

17e Législature

Question de : M. Mickaël Bouloux
Ille-et-Vilaine (8e circonscription) - Socialistes et apparentés

M. Mickaël Bouloux appelle l'attention de M. le ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation sur la crise du logement chez les étudiants et les mesures d'encadrement qui ont été mises en place pour y répondre. En France, 17 % des étudiants sont contraints d'arrêter leur formation, faute de logement abordable. Huit étudiants sur dix (pour les trois-quarts, non boursiers) disposent de moins de 100 euros par mois une fois leurs charges payées, et un étudiant sur dix a déjà dormi dans la rue ou dans sa voiture au cours des douze derniers mois. La précarité, dans le monde étudiant, provient en grande partie d'une incapacité à se loger dans de bonnes conditions et à des prix abordables. Toutes les grandes agglomérations sont concernées, notamment la ville de Rennes, où M. le député est élu. Le nombre d'étudiants y est passé de 67 000 à 73 000 entre 2020 et 2024, aggravant les difficultés d'accès au logement du fait d'un déséquilibre marqué entre l'offre et la demande. De même qu'à Paris, depuis octobre 2021, le nombre de logements à louer a été divisé par deux, tandis que le nombre d'étudiants n'a cessé de croître. Dans ce cadre, l'article 140 de la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018, dite « ELAN », met en place un dispositif d'encadrement des loyers à titre expérimental, applicable dans les zones dites « tendues ». Appliqué à Paris depuis juillet 2019, il devrait être étendu à Rennes prochainement. Ainsi, lorsqu'il est constaté qu'un contrat de bail ne respecte pas le loyer de référence majoré applicable au logement, une procédure de sanction administrative peut être initiée. Or, si l'article 140 vise à limiter l'augmentation des loyers dans les zones tendues et qu'il semble dans un premier temps avoir produit l'effet escompté à Paris, sa portée reste limitée. En effet, la contestation du loyer est à l'initiative du seul locataire, qui dispose pour ce faire d'un délai de trois mois à compter de la signature du bail. Ce sont les logements les plus petits en superficie qui, au mètre carré, sont les plus chers et par conséquent les plus prisés par les étudiants précaires. Ces derniers, en arrivant à Paris, n'ont en général ni attache familiale ni cercle social et sont dès lors particulièrement vulnérables lorsqu'il s'agit d'engager une telle procédure. Entre août 2023 et août 2024, 30 % des logements parisiens proposés à la location ne respectaient pas la réglementation, soit deux points de plus que l'année précédente. Pour les locataires, les loyers mensuels non conformes dépassaient en moyenne de 251 euros le plafond légal en 2024, contre 237 euros en 2023. Dans ce contexte, il souhaite connaître l'avis du Gouvernement sur ces problèmes et sur la possibilité que le contrôle des loyers se fasse en amont et non plus seulement à l'initiative du locataire.

Réponse publiée le 9 septembre 2025

L'article 140 de la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique a créé un dispositif expérimental d'encadrement du niveau des loyers. Là où le dispositif est mis en place, il impose aux propriétaires bailleurs de fixer le montant du loyer, lors de la mise en location, première location ou logement vacant, dans la limite du loyer majoré fixé par arrêté préfectoral correspondant à 20 % au-dessus du loyer médian. Ce dispositif vient compléter l'encadrement de l'évolution des loyers entre deux locations dans les zones tendues prévu par l'article 17-2 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 qui ne peut dépasser l'évolution de l'IRL. En cas de non-respect de ces dispositions, l'article 140-III- A prévoit la possibilité pour le locataire de demander une réduction de loyer au du bailleur, en cas d'échec, il peut saisir la commission départementale de conciliation. Si la conciliation n'aboutit pas, le juge peut être saisi en dernier lieu. Le locataire peut également demander une diminution de loyer lors du renouvellement du bail ou de sa reconduction (article 140-VI). Conscient des difficultés que ces procédures peuvent représenter pour les parties au contrat de bail, le législateur a prévu à l'article 140 –VII que « lorsque le représentant de l'Etat dans le département constate qu'un contrat de bail ne respecte pas les dispositions du A-III, il peut mettre en demeure le bailleur, dans un délai de deux mois, d'une part, de mettre le contrat en conformité avec le présent article et, d'autre part, de procéder à la restitution des loyers trop-perçus. Le bailleur est informé des sanctions qu'il encourt et de la possibilité de présenter, dans un délai d'un mois, ses observations. ». Cette procédure administrative peut intervenir à tout moment de la relation locative. Certaines collectivités, comme à Paris, Lyon ou Lille, ont mis en place des simulateurs de loyer et la possibilité pour les usagers de signaler en ligne les dépassements de loyer. Ces signalements sont ensuite examinés dans le cadre de la procédure administrative de l'article 140-VII et portés à la connaissance du Préfet de département. Ces outils et procédures pourraient être étendus aux autres territoires d'expérimentation de l'encadrement du niveau des loyers. Par ailleurs, le contrôle peut être délégué à la collectivité par le Préfet, si elle en formule la demande. C'est le cas à Paris où la Ville organise les contrôles.  Conformément à la loi, le Gouvernement a confié une mission d'évaluation à deux économistes, appuyés par les missions d'inspection générale des ministères en charge du logement et en charge de l'économie. Les conclusions doivent être rendues en fin d'année 2025. L'évaluation en cours de l'expérimentation de l'encadrement du niveau des loyers permettra, entre autres, d'analyser la question de la pérennisation du dispositif et, le cas échéant, les pistes d'amélioration de ses modalités de mise en oeuvre et de contrôle.

Données clés

Auteur : M. Mickaël Bouloux

Type de question : Question écrite

Rubrique : Logement

Ministère interrogé : Aménagement du territoire et décentralisation

Ministère répondant : Logement

Dates :
Question publiée le 18 mars 2025
Réponse publiée le 9 septembre 2025

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