Question écrite n° 8705 :
Avenir des petites lignes ferroviaires dans les Cévennes et en milieu rural

17e Législature

Question de : M. Alexandre Allegret-Pilot
Gard (5e circonscription) - UDR

M. Alexandre Allegret-Pilot attire l'attention de M. le ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation sur le désengagement apparent de l'État dans l'entretien et le financement des lignes de train dites « secondaires ». Le 17 mai 2025, une étudiante a été contrainte de rester sur le quai de la halte de Sainte-Cécile-d'Andorge, faute de desserte effective. Derrière ce cas se dessine une réalité plus vaste : retards récurrents, suppressions de trains sans préavis, absences de substitution, informations voyageurs défaillantes. Pour les habitants des campagnes, prendre le train devient devient une incertitude, le niveau de service public étant substantiellement dégradé. La situation dans les Cévennes illustre un paradoxe inquiétant : les Français sont appelés à se détourner de la voiture pour des raisons environnementales, mais les alternatives fiables - au premier rang desquelles le train - sont désinvesties. Les habitants de la région Occitanie alertent régulièrement sur la menace qui pèse sur 1 000 km de lignes ferroviaires. Malgré des efforts tarifaires et une mobilisation citoyenne massive (plus de 200 000 signatures en soutien au rail), l'État semble se retirer, segmentant les lignes, diminuant sa part de financement et laissant aux collectivités la charge d'un réseau qui nécessite de lourds investissements. Dans ce contexte, il lui demande quelles mesures le Gouvernement entend-il prendre pour mettre fin à la désorganisation des dessertes ferroviaires dans les Cévennes. Dans les territoires déjà enclavés, la desserte ferroviaire semble être systématiquement le service public qui se dégrade en premier. En ce sens, il lui demande également si l'État assure encore un rôle structurant dans la pérennité des petites lignes, ou s'il a décidé leur abandon pour des raisons budgétaires. Le cas échéant, il lui demande enfin quelles garanties concrètes peuvent être apportées sur le maintien et la fiabilisation du réseau ferroviaire dans les zones rurales et de moyenne montagne.

Réponse publiée le 12 août 2025

Les dessertes ferroviaires régionales en Occitanie, et en particulier dans les Cévennes, sont assurées par des trains liO organisés par la région Occitanie. En tant qu'autorité organisatrice, la région est la seule compétente pour définir leur offre. L'État, au regard du principe de libre administration des collectivités territoriales, n'intervient pas dans ces choix. En ce qui concerne les lignes de desserte fine du territoire (LDFT), dites « petites lignes », le Gouvernement a engagé en février 2020, avec les régions, un plan de remise à niveau des petites lignes ferroviaires et de remise à plat de leur gouvernance. Depuis 2020, huit protocoles régionaux, portant sur 6 300 km de lignes et plus de 5,7 Md€, ont été signés pour la prochaine décennie, dont celui avec la région Occitanie le 22 janvier 2022. Les protocoles sont bâtis sur le principe d'une répartition des lignes entre celles prises en charge à 100 % par SNCF Réseau comme le réseau structurant d'une part, celles (majoritaires) qui restent cofinancées dans le cadre des CPER d'autre part, et enfin celles prises en charge à 100 % par les régions. Ce plan de remise à niveau est assorti de dispositions permettant de favoriser la subsidiarité concernant la gestion des lignes d'intérêt local. En particulier, pour répondre à la demande des régions, l'article 172 de la loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 d'orientation des mobilités (LOM), modifié par la loi n° 2022-217 du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale, dite « 3DS », prévoit la possibilité pour les régions de solliciter le transfert de gestion de lignes ferroviaires locales ou régionales à faible trafic. Pour sa part, l'évolution des crédits affectés par l'État aux lignes de desserte fine du territoire témoigne de l'attention particulière qui leur est portée. Ainsi, ses engagements annuels sur ces petites lignes sont passés de 60 M€ par an sur la période 2015-2018 à 150 M€ par an sur 2019-2024. La programmation 2025 prévoit ainsi plus de 150 M€ consacrés aux petites lignes. Grâce à l'effort conjoint de l'État, des régions et de SNCF Réseau, le plan petites lignes a permis de sauver de nombreuses lignes classées LDFT, de telle sorte qu'aucune n'a fait l'objet d'une fermeture autre que temporaire depuis le lancement du plan. Les engagements financiers du volet ferroviaire 2023-2027 des CPER, qui déclinent les engagements financiers des protocoles LDFT régionaux précités, s'élèvent à 2,6 Md€ pour les petites lignes, sur un total d'environ 9 Md€ pour l'ensemble du volet ferroviaire. Ces 2,6 Md€ sont financés à hauteur de 30 % par l'Etat, 56 % par les Régions et 14 % par les autres financeurs (dont SNCF Réseau). Cependant, il est exact que leur mise en œuvre est aujourd'hui limitée en raison de la situation financière de l'État et des régions. La conférence « Ambition France Transports » a ainsi suggéré, dans son rapport de synthèse, qu'une revue générale des lignes de dessertes fines du territoire soit menée afin de préciser les investissements nécessaires à leur entretien et la répartition des financements entre l'État et les régions.

Données clés

Auteur : M. Alexandre Allegret-Pilot

Type de question : Question écrite

Rubrique : Transports ferroviaires

Ministère interrogé : Aménagement du territoire et décentralisation

Ministère répondant : Transports

Dates :
Question publiée le 15 juillet 2025
Réponse publiée le 12 août 2025

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