
Mercredi 25 juin 2025, Marietta Karamanli (SOC, Sarthe) a présenté en commission des affaires européennes le premier tome de son rapport sur la décarbonation du secteur européen des transports.
Ce premier tome est consacré aux aspects transversaux de la décarbonation des transports ; le second se concentrera sur une analyse secteur par secteur des cadres normatifs et des mesures envisageables.
Le secteur des transports est le seul secteur, en France et dans l’Union européenne, dont les émissions de CO2 ont augmenté depuis 1990. Il représente un quart des émissions de CO2 de l’ensemble de l’Union européenne et un tiers des émissions de la France. Au sein du secteur, les trois-quarts des émissions environ – qu’il s’agisse de la France ou de l’Union européenne – sont causées par le transport routier (fret et passager).
Un objectif particulièrement ambitieux de baisse des émissions a été adopté au niveau européen, visant une réduction de 90 % des émissions par rapport à 1990 d’ici à 2050. Cet objectif est décliné au niveau national dans la stratégie nationale bas-carbone, elle-même précisée par la stratégie de développement des mobilités propres.
Ce cadre forme un ensemble cohérent et ambitieux dont les effets se déploient dans le temps long. Le caractère structurel des changements induits doit inciter à la poursuite de sa mise en œuvre plutôt qu’à sa remise en cause. En outre, la rapporteure identifie deux séries de mesures qui pourraient être adoptées pour accélérer les efforts et ainsi tenir l’objectif de décarbonation.
À budget constant, d’une part, la suppression de la publicité en faveur des modes de transports les plus polluants, la limitation des trajets en jet privé et en yacht ou encore la promotion au niveau européen du réflexe de la sobriété et la lutte contre les effets rebonds pourraient permettre une réorientation des comportements. Ces aspects s’inscrivent dans une réflexion plus large autour des déterminants de la mobilité.
D’autre part, des investissements supplémentaires seront nécessaires. Les chiffrages diffèrent selon les méthodologies retenues mais s’accordent sur le caractère massif des efforts à consentir. La Commission européenne estime ainsi que les besoins d’investissements supplémentaires sont de 205 milliards d’euros par an jusqu’à 2030 pour assurer la décarbonation du secteur des transports. Ce montant représente près de la moitié des besoins d’investissements à l’échelle européenne – estimés à 477 milliards d’euros.
Ces efforts seront majoritairement portés par le secteur privé, à hauteur de près de 90 %. La puissance publique doit donc être une force de stabilité et de clarté dans les choix technologiques et les objectifs affichés, afin de donner aux acteurs privés la visibilité nécessaire à ces investissements et les soutenir sur les projets les plus risqués et stratégiques.